Front National de la Jeunesse, Marion Maréchal, Marine Le Pen et le salut nazi

jeudi 31 mars 2022.
 

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Julien Rochedy (porte-parole du FNJ) entouré de plusieurs responsables nationaux de l’organisation ainsi que d’Édouard Klein (leader du GUD) et de Baptiste Coquelle (membre de la mouvance skinhead d’extrême droite).

1- Marion Maréchal-Le Pen (député FN), 2- Julien Rochedy (porte-parole du FNJ), 3- Baptiste Coquelle (membre de la mouvance skinhead), 4- Edouard Klein (leader du GUD).


Il y a quelques jours, Marine Le Pen lançait la nouvelle campagne du Front National de la Jeunesse (FNJ). Le but de cette sortie médiatique était clairement affiché, poursuivre la dédiabolisation de cette organisation principalement connue pour ses dérapages. En 2011, après l’exclusion d’Alexandre Gabriac (ancien responsable du FNJ69 et aujourd’hui leader des Jeunesses nationalistes), l’eurodéputée l’avait assuré, « tout ce qui ressemble de près ou de loin à un skinhead sera exclu manu militari ». En apparence, la promesse a été tenue. L’aspect physique des nouveaux leaders nationaux du FNJ ne laisse plus transparaitre leur idéologie nauséabonde. Ni cranes rasés, ni tatouages nazis, ni treillis militaires. Complaisant face à cette stratégie de communication et visiblement séduit par la nouvelle image que veut se donner l’extrême droite, ELLE a même osé publier un article consacré au look de Julien Rochedy (actuel porte-parole du FNJ). Mais les apparences sont parfois trompeuses, car l’habit de ne fait pas le moine. En effet, en politique ce sont les idées, les projets, le sens que l’on donne à son engagement ou encore la visions que l’on a de l’avenir, qui comptent. Peu importe l’apparence de celui ou de celle qui les porte. Le racisme, l’homophobie, la xénophobie ou encore l’islamophobie, ne sont pas plus acceptables lorsqu’ils sont défendus par un individu au brushing irréprochable plutôt que par un autre au crane rasé. Le FN « new look » n’existe pas. Malheureusement, avec la complicité de certains médias, Marine Le Pen réussit à faire croire le contraire. Pourtant, il suffit de quelques recherches sur internet (Facebook, Twitter, Youtube…) pour se rendre rapidement compte qu’au FNJ comme au FN, absolument rien n’a changé. L’extrême droite, reste l’extrême droite.

Le FNJ et l’héritage de Jean-Marie Le Pen

A en croire certains commentateurs politiques, Jean-Marie Le Pen aurait longtemps été un repoussoir pour une partie de la jeunesse qui ne se reconnaissait, ni dans le personnage, ni dans son discours. C’est l’arrivée de sa fille à la tête du FN qui aurait permis de séduire cette frange de la population qui hésitait jusque-là à s’engager au coté des militants frontistes. Cependant cette analyse est à mon sens doublement erronée.

Tout d’abord, au FNJ comme dans le reste du parti, Jean-Marie Le Pen reste la figure tutélaire, celui que tout le monde adule et respecte. "En ce qui concerne les idées principales qui m’ont attiré vers le Front National, c’est d’abord au delà des idées, la personnalité et le charisme de Jean–Marie Le Pen" (David Rachline, responsable du FNJ entre 2009 et 2011). "Sans lui, on ne serait pas là" (Estelle Arnal, membre du Bureau national du FNJ). "Le personnage m’a au contraire toujours attirée et impressionnée : Jean-Marie Le Pen, c’est cet homme qui a fait la guerre, a été prêt à tous les sacrifices par amour pour son pays" (Julia Abraham, membre du Bureau national du FNJ). On est loin de la figure repoussante décrite par les médias.

Au-delà du personnage, ce sont les idées du fondateur du Front national qui auraient été jugées comme trop radicales par une partie de la jeunesse. Mais là encore, lorsqu’on laisse la parole aux jeunes frontistes le discours est complètent différent. "Le Front National n’aura pas besoin, lui, de se renouveler, car il est sur, il est fier de son programme, donc il n’aura pas changé de programme, le programme du FN depuis 40 ans c’est sensiblement le même" (Gauthier Bouchet, membre de la direction nationale du FNJ). "Ce sont les mêmes militants et le programme reste le même dans les grandes lignes" (Julia Abraham). Le FN est "un parti qui ne s’est trompé sur quasiment rien depuis trente ans (…), on est simplement dans le parti qui a dit la vérité depuis le début" (Julien Rochedy).

Ainsi, l’arrivée de Marine Le Pen n’a en rien provoqué un changement dans le profil idéologique des membres du FNJ. Les récents témoignages de sympathie proférés par certains militants de l’organisation en l’honneur de personnages aussi controversés que Dominique Venner(1) (idéologique d’extrême droite, raciste et nationaliste), le général Aussaresses(2) (tortionnaire en Algérie) ou encore Maurice Barrès(3) (homme politique nationaliste, antidreyfusard et xénophobe), en sont la preuve.

Les FNJ assume totalement l’héritage de Jean-Marie Le Pen. Il aime ce qu’il est, ce qu’il dit et ce qu’il pense. Sur leurs comptes Facebook et Twitter les jeunes militants frontistes sont d’ailleurs tous très fiers de s’afficher en photo au coté de celui qu’il considère comme l’âme du parti. Vouloir nous faire croire que l’arrivée de sa fille à la tête du FN a été une révolution est donc une supercherie éhontée.

Le FNJ et le fantasme de l’immigration massive et incontrôlée

"Les frontistes sont les seuls à avoir toujours fait preuve de franchise et de lucidité sur l’immigration. On a traité Jean-Marie Le Pen de raciste alors qu’il pointait juste le problème" (Julia Abraham). Au FNJ comme au FN, le constat sur la situation de la France est simple. Crise économique, crise sociale, chômage ou encore insécurité ne sont le résultat que d’une chose, la présence d’immigrés sur notre territoire.

L’immigration est à la "source des problèmes sociaux" (Estelle Arnal), "l’immigration est un cancer pour la France" (Gauthier Bouchet, responsable FNJ44), "nos élites nationales et locales refusent encore de faire le lien évident entre insécurité et immigration" (Jean Eudes Gannat/Palinacci,, responsable FNJ49), "l’immigration massive et incontrôlée est directement responsable de l’insécurité endémique qui gangrène la qualité de vie de nos concitoyens" (Raoul Biondi, responsable FNJ68).

On voudrait nous faire croire que le FN n’est pas d’extrême droite, qu’il n’épouse pas de thèses xénophobes, islamophobes ou racistes. Pourtant à chaque fois que l’on tend un micro à un militant du FNJ, les premiers sujets qu’il aborde, ne sont ni la redistribution des richesses, ni la lutte pour la sauvegarde de l’emploi, mais bien les "problèmes" liés à l’immigration ou encore à l’islam. Loin des réalités, l’analyse frontiste se base sur des fantasmes, volontairement amplifiés et dramatisés.

Pour éviter d’être taxé de parti raciste ou fasciste, le FN a trouvé la parade. Il pose sans cesse les français dit de « souches » en victime des populations immigrés ou "issus de l’immigration". Les récentes campagnes du FNJ contre "l’islamisation" de la société ou encore le "racisme anti-blanc" en sont la preuve. "Les jeunes issus de l’immigration insultent les français d’origine" (Jérémie Boulet, responsable FNJ30), "c’est un véritable fait pour notre génération : on ne connaît pas un jeune qui n’a pas connu une situation de racisme anti-Français une fois dans sa vie !", "l’immigration musulmane altère notre culture", "sans notre arrivée au pouvoir, une guerre civile risque d’éclater" (Julien Rochedy). La stratégie est simple. Monter les individus les uns contre les autres, patienter pendant que les tensions s’exacerbent, jeter de l’huile sur le feu de temps et en temps et finalement se présenter comme le seul recours pour sortir d’une situation de crise que l’on a soit même provoqué.

Cette stratégie de pompier pyromane est d’ailleurs totalement assumée du coté du FNJ : "Il y a des quartiers dans lesquels on ne peut plus se déplacer tant l’insécurité est grande, à Strasbourg, mais aussi à Colmar, sans parler de Mulhouse… Cela ne peut que jouer en faveur du Front national" (Julia Abraham).

Face à ce constat dressé sur la situation de la France, au FN comme au FNJ on a une solution très simple : "On veut arrêter clair et net l’immigration, parce que on en a trop et on arrive plus à les assimiler, donc on arrête avec ça" (Julien Rochedy), "il convient maintenant de revenir à un protectionnisme raisonné et à l’immigration zéro" (Gauthier Bouchet).

Au-delà du fait qu’il est la preuve qu’on épouse encore et toujours des thèses nationalistes et xénophobes au FN, ce discours permet surtout de démontrer que pour le militant frontiste, le problème ce n’est ni le patron capitalise, ni le financier, mais assurément l’immigré. D’ailleurs au FNJ, on ne cache pas le fait que le système capitaliste comme le libéralisme n’est pas en soit un problème pour le FN : "Nous défendons un capitalisme modéré, contrôlé", "le Front national n’est pas contre le libéralisme à l’intérieur d’un état et même à l’échelle internationale, ce n’est pas le problème" (Julien Rochedy).

Le FNJ et la « disparition » de l’identité nationale

Autre sujet, autre fantasme, la question de l’identité nationale. Et là encore, c’est la présence de populations immigrées sur notre territoire qui est pointée du doigt par le FNJ comme étant une menace. La nation française serait en danger, en perte de repère, « souillée » par le multiculturalisme et le métissage.

" « L’ensauvagement » de notre nation redouble" (David Berton, responsable FNJ Savoie) "la patrie française, la terre, la culture, le sang, est complètement entrain de disparaitre", "la jeunesse d’une manière générale ne sait plus exactement ce qu’elle est. Elle n’est plus française, elle n’est plus chrétienne, elle n’est plus européenne", il est urgent d’ "assurer la sécurité et enfin la propreté et la sauvegarde de notre identité" (Julien Rochedy), "seul le Front National a prédit qu’un jour la majorité deviendrait minorité sur son propre sol, que le français serait pointé du doigt, que le chrétien serait ostracisé et que notre culture serait piétinée" (François-Xavier Gicquel, ancien responsable FNJ).

Mais pour le FNJ, qu’est ce qu’être français ? "Quand on voit un cloché ou un village français on se dit ba voilà je suis chez moi" (militant FNJ), "nous sommes quand même avant tout, un peuple européen, de race blanche, de culture grecque et latine, de religion chrétienne" (David Rachline). Cette vision raciale de la nation, Nicolas Reynès, responsable du FNJ Nord-Pas-de-Calais, l’assume lui aussi totalement. Il l’a récemment démontré en publiant sur les réseaux sociaux des liens menant vers un site eugéniste faisant "la promotion de la femme blanche, dénonçant le métissage, comparant l’occupation nazie à l’immigration musulmane ou encore soutenant le tueur norvégien Anders Breivik"(4).

Résumons. Si on suit les propos des jeunes militants frontistes, être français c’est avant tout être de "race" blanche, de "culture" et de "sang" français, chrétien ou encore européen. Ceux-ci peuvent toujours se défendre de faire l’apologie de toute forme de racisme, leurs propos sont sans équivoque. Leur combat politique est à ce sujet très bien résumé par l’un d’entre eux : rendre "la Gaule aux gaulois" (Jean Eudes Gannat/ Palinacci, Twitter).

Le FNJ et ses liens avec les mouvances intégristes, nationalistes et antisémites

Il y a un an, une photographie (voir ci-dessus) montrant les cadres du FNJ (Julien Rochedy, Marion Maréchal-Le Pen…) au coté d’Edouard Klein, leader du GUD et de Baptiste Coquelle, membre de la mouvance skinhead et connu pour ses dérapages, avait fait le tour des médias. Cependant depuis, c’est silence radio. Pire, on veut nous faire croire que l’organisation de jeunesse frontiste est tout d’un coup devenue fréquentable.

Pourtant, ses liens avec l’extrême droite la plus radicale ne font aucun doute. On peut tout simplement s’en apercevoir à travers les combats que le FNJ mène en commun avec certaines organisations intégristes. C’est notamment le cas à Angers, où on retrouve régulièrement les jeunes frontistes au coté de SOS tout-petits (association intégriste anti-avortement). Dans leur lutte infâme, ils participent ensemble à des prières de rue ou encore à des rassemblements anti-IVG.

On peut aussi faire le tour des comptes Facebook ou Twitter des responsables du FNJ et ainsi constater leur sympathie envers les Hommens (groupuscule composé d’extrémistes opposés au mariage pour tous), le Printemps français (mouvement composé d’identitaires et d’intégristes catholiques) ou encore les Jeunesse nationalistes (groupuscule nationaliste fondé par l’ancien FNJ, Alexandre Gabriac).

Les jeunes frontistes ne cachent pas non plus leurs accointances avec la mouvance antisémite. Nombre d’entre-eux s’affichent d’ailleurs fièrement au coté d’Alain Soral ou encore posent en mimant la fameuse « quenelle » de Dieudonné. Nicolas Cougard, responsable du FNJ56, a à ce sujet été récemment suspendu de ses fonctions au sein l’organisation en raison de la publication de vidéos à caractère antisémite sur sa page Facebook. Benjamin Lematte, ancien responsable du FNJ71, s’est quant à lui illustré en aout dernier à travers un tweet négationniste : « ces histoires de gaz, en Syrie aujourd’hui, (et à Auschwitz and co hier), sont orchestrées par des menteurs voulant imposer leur pouvoir ! ».

Au Front National de la Jeunesse, on adule Jean-Marie Le Pen, on « crache » sans cesse sur les immigrés, on soutien des thèses racistes et on fricote avec les mouvances intégristes, nationalistes ou antisémites. Le constat global est affligeant. Il l’est d’ailleurs tout autant pour les médias qui participent à la campagne de dédiabolisation menée par la présidente du FN. Une chose est en tous cas certaine, si les cranes rasés ont été éloignés des caméras, leurs idées nauséabondes ont plus que jamais leur place au sein de l’organisation.

Mathieu Lépine

(1) – Julien Rochedy (directeur du FNJ), Twitter : « Immense tristesse », « un chevalier nous quitte ».

(2) – Jean Eudes Gannat/ Palinacci, Responsable FNJ49, Twitter : « Hommage à Aussaresses également ! ».

(3) – Jean Eudes Gannat/ Palinacci, Responsable FNJ49, Twitter : « Il y a 90 ans s’éteignait Barrès #RIP ».

(4) – Il ne sera pas exclu du parti pour cela. Sa candidature pour les élections législatives lui sera cependant retirée.


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