5 décembre 2013 Adieu, bravo et merci Mandela !

mercredi 13 décembre 2023.
 

A) Le Parti de gauche salue la mémoire d’un combattant de l’émancipation humaine

Encore plus que le symbole de la lutte contre l’apartheid, Nelson Mandela incarnait cette volonté indestructible de bâtir la communauté humaine au-delà des appartenances ethniques et religieuses.

Sa lutte était celle de l’universalisme, de l’intérêt général humain indissociable du rejet de toutes les formes de racisme.

Sa soif de justice et son idée de l’humain en font une des figures essentielles du 20è siècle.

Nelson Mandela s’est insurgé contre le régime inique de l’apartheid, et s’il a pu construire une nation pacifiée, il n’a pas hésité à se battre pour cet idéal pour lequel il disait être prêt à mourir et qu’il a payé de 27 années de prison.

Plus que jamais, ses combats restent d’actualité alors que le capitalisme financiarisé organisela concurrence entre les peuples et détruit les solidarités humaines et que le visage hideux de la xénophobie hante ce siècle naissant.

Son "long chemin vers la liberté" a incarné cet esprit de résistance sans lequel il ne saurait y avoir de monde meilleur. Sa victoire sur l’apartheid constitue, en retour, un formidable encouragement pour tous ceux qui résistent dans le monde.

Mandela ne meurt jamais.

Christophe Ventura, Secrétaire national du Parti de Gauche aux relations internationales.

B) Adieu Mandela (Communiqué de Jean-Luc Mélenchon)

Quand on signait des pétitions pour sa libération, la bonne société supportait très bien l’apartheid.

Le Pen et Thatcher le traitaient de terroriste.

Aujourd’hui en France, des enfants mal élevés lui jetteraient des bananes.

De Mandela et des autres camarades, une leçon de vie : on ne lâche rien.

C) Hommage à Nelson Mandela (LDH)

De la prison de Robben Island à la présidence de l’Afrique du Sud, la vie de Nelson Mandela a été marquée par son combat pour la liberté, qu’il ne concevait pas sans l’égalité. Sous le régime de l’apartheid, qui combinait à la fois le racisme biologique le plus sophistiqué et l’exploitation économique la plus systématique, ces deux mots relevaient d’un challenge cruel et, à première vue, insurmontable.

Le courage, la détermination de Nelson Mandela et de ses camarades de lutte – défenseurs des droits, mineurs, populations des townships – en sont pourtant venus à bout, sans jamais perdre de vue qu’il faudrait, une fois la victoire venue, préserver l’unité de l’Afrique du Sud, construire la justice et non la vengeance ; enfin, là où régnait une hiérarchie des races, faire place à l’égalité et à la fraternité.

Avec la mise en place, après la fin de l’apartheid, de la commission « Vérité et réconciliation », Nelson Mandela a indiqué que tout avenir commun doit reposer sur la mémoire et non sur l’oubli des crimes commis.

La Ligue des droits de l’Homme s’incline devant la dépouille de celui qui fut un révolutionnaire, un immense défenseur des droits, l’incarnation de la marche d’un peuple vers sa dignité et sa liberté.

Elle adresse ses condoléances à la famille de Nelson Mandela et à son peuple tout entier.

Elle invite les Françaises et les Français à participer aux cérémonies qui se tiendront en France, en hommage à celui qui fut, et reste, l’une des plus magnifiques incarnations de l’humanité.

D) Hommage du PCF à Nelson Mandela

Dès l’annonce de sa disparition, Pierre Laurent a salué, au nom du Parti communiste français, la mémoire de Nelson Mandela. Le PCF appelle, aujourd’hui, les communistes, à un week-end de recueillement et de mobilisation dans tout le pays, pour lui rendre hommage. Sous toutes les formes possibles, saluons l’homme de paix et de combat qu’il fut sans relâche, avec à ses côtés dans la lutte contre l’apartheid et la construction d’une nouvelle Afrique du Sud, l’ANC, le Parti communiste sud-africain et la COSATU.

Un immense portrait de Mandela a été déployé dès ce matin sur la façade du siège du PCF. Un badge d’hommage est édité. Un registre de condoléances est ouvert au siège du Parti communiste français. Demain samedi, un numéro spécial de l’Humanité paraîtra exceptionnellement, dans les kiosques et les marchands de journaux. Le PCF invite ses militants à diffuser largement ce numéro durant le week-end.

Il appelle tous les militants de la paix, de la liberté et de l’égalité à participer lundi 9 décembre, à 18 heures 30 au siège du Parti communiste français à une grande soirée d’hommage à Nelson Mandela.

E) Mandela nous a quittés (NPA)

Nelson Mandela n’est plus. Le NPA joint sa voix à celle de millions d’autres dans le monde rendant hommage à cet illustre disparu. Pour la grande majorité du peuple sud-africain et pour les progressistes du monde entier, il demeure le principal symbole de la lutte menée contre le régime criminel d’apartheid constitutionnel. Ce dernier a été imposé, pendant presque cinq décennies, par le capitalisme sud-africain blanc, aux populations noires, métisses et indiennes, avec la complicité des principales puissances impérialistes (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Allemagne).

Son combat exemplaire n’a pu, hélas, aller jusqu’à remettre en cause l’orientation néolibérale du gouvernement sud-africain post-apartheid qui s’est développée pendant sa présidence. Le combat de sa vie ne sera achevé qu’avec la construction d’une société égalitaire débarrassée de l’exploitation capitaliste.

Montreuil, le 6 décembre 2013

F) Nelson Mandela est mort (Monde diplomatique)

L’homme est devenu une icône, un symbole unanimement célébré à travers le monde. Et pourtant…

Qui se souvient des décennies où la France, de Charles de Gaulle à Valéry Giscard d’Estaing, coopérait avec le régime de l’apartheid ?

Qui rappelle qu’Amnesty International ne l’avait pas adopté comme prisonnier de conscience parce qu’il ne rejetait pas la violence ?

G) Nelson Mandela, l’homme-espoir, est mort (Politis)

L’ancien président sud-africain est mort ce soir à l’âge de 95 ans. C’est le président sud-africain Jacob Zuma qui l’a annoncé à 22 h 45 à la télévision. « Notre peuple a perdu son père, a-t-il déclaré. Nous avons une dette de gratitude à la famille Mandela, qui a tellement sacrifié pour que notre peuple soit libre. »

L’ancien combattant anti-apartheid, qui avait passé vingt-sept ans et demi en détention, luttait contre la mort depuis plusieurs mois. Lorsqu’il fut hospitalisé en juin, toute la planète pensait sa fin proche. Nelson Mandela était toutefois revenu dernièrement chez lui, où, toujours dans un état critique, il faisait l’objet de soins intensifs. C’est là qu’il est décédé entouré de toute sa famille, sa femme, son ancienne épouse Winnie, ses enfants et petits-fils, ses compagnons de route.

« Les personnalités politiques qui parviennent au crépuscule de leur existence sans avoir commis de faux pas sont rares. Ils sont encore plus rares quand il leur a été donné d’accéder au pouvoir. Nelson Mandela est de ceux-là », écrivait Denis Sieffert, fin juin.

H) Adieu Madiba – « Il n’y aura pas un autre Mandela... ce qu’il n’a pas fait sera moins retenu par l’histoire que ce qu’il a fait » (Europe Solidaire Sans Frontière)

Dans la lutte

Né dans une famille « royale » de la communauté Xhosa (Cap Oriental), Mandela fait partie d’une petite élite africaine. Il s’engage dans des études de droit dans la seule université sud-africaine qui accepte des Noirs et s’implique politiquement avec l’ANC.

En 1948, le nouveau gouvernement sud-africain institutionnalise les pratiques de discrimination qui deviennent l’apartheid. Autour de Johannesburg, le poumon du pays avec les mines où s’entassent des milliers de semi-esclaves, Mandela se retrouve à la tête de grandes manifestations. Il rallie l’opposition autour de la Charte de la liberté et de ses revendications simples et limpides : la démocratie pour tous, le droit de vote pour la majorité africaine et l’abolition des lois racistes. Par la suite, la lutte s’intensifie. La police assassine près de 70 personnes à Sharpeville (1961).

Devant cela, Mandela met en place un appareil militaire dont les actions visent les symboles du régime. Le 5 août 1962, il est arrêté par la police, avec l’appui de la CIA américaine qui estime que l’ANC est une organisation « procommuniste ». Lors de son procès, Mandela frappe l’imagination de la nation : « Toute ma vie j’ai combattu contre la domination blanche et contre la domination noire. J’ai chéri l’idéal d’une société libre et démocratique dans laquelle toutes les personnes vivraient ensemble en harmonie et avec les mêmes opportunités ». Il est condamné à la prison à vie en 1964.

Matricule 46664

Mandela et les chefs de l’ANC sont alors relégués dans une prison sur l’île de Robben Island en face de la ville du Cap. Le régime approfondit l’apartheid en expulsant des millions de paysans africains de leurs terres ancestrales.

Mais en 1976, de grandes émeutes éclatent dans les « townships » (bidonvilles). À Soweto, des milliers de jeunes confrontent la police en brandissant la photo (interdite) de Mandela. Inquiet, le gouvernement offre à Mandela d’être libéré à condition qu’il accepte de devenir le « roi » du Transkei, un territoire que le régime a « cédé » aux Noirs dans le cadre du sinistre système des bantoustans. Il tient tête et reste en prison. En 1977, le Conseil de sécurité de l’ONU condamne l’apartheid et demande la libération de Mandela.

La marche vers la libération

Au début des années 1980, les grèves paralysent le pays qui devient ingouvernable sous la conduite d’une nouvelle génération de syndicalistes et de leaders communautaires et religieux.

Le Mozambique, l’Angola, le Zimbabwe maintenant indépendants abritent l’aile militaire de l’ANC qui réussit quelques opérations spectaculaires. Dans le monde, un vaste mouvement anti-apartheid dénonce la complicité des puissances occidentales. Désespéré, l’apartheid tente de régionaliser la guerre. Même là, le vent tourne, notamment lorsque l’armée angolaise avec l’aide de Cuba inflige à l’armée sud-africaine une sérieuse défaite en 1988.

Devant ces reculs, la partie « réaliste » du régime encouragée par la communauté des affaires décide de négocier. Encore une fois, on offre à Mandela la liberté, en autant qu’il dénonce la lutte armée et qu’il laisse tomber l’idée de démanteler l’apartheid. Mais le vieux chef tient tête.

Le dos au mur, le régime cède et le 11 février 1990, Mandela est libre. Une foule innombrable l’acclame au Cap dans les pleurs et la joie. Dans le monde des millions de personnes voient l’impensable. L’apartheid est officiellement aboli par le gouvernement blanc. Une page est tournée.

La transition

Sans concéder sur les principes, Mandela négocie en affirmant que la lutte armée, c’est fini. Il encourage la communauté internationale à appuyer une transition pacifique devant mener à une réelle démocratie, et non à un simulacre de partage de pouvoir comme le proposent le régime. Malgré les tueries commises par des policiers et des miliciens d’extrême droite, le processus de négociation tient bon et mène aux élections du 27 avril 1994 aisément remportées par l’ANC.

Nouveau président, Mandela joue la carte de la modération. Il accepte de laisser tomber la nationalisation de grands conglomérats industriels et miniers et la redistribution des terres (que promettait l’ANC). Sous la pression du FMI, il maintient la pléthorique fonction publique blanche et s’engage à rembourser la dette accumulée par le régime de l’apartheid. Ces reculs lui créent des problèmes, y compris avec son épouse Winnie Mandela (le couple divorce en 1996). Il accepte également d’accorder l’impunité aux responsables des crimes commis à l’époque de l’apartheid, même si la Commission de la vérité et de la réconciliation révèle l’ampleur des violations.

Trois ans plus tard, il cède le pouvoir à son proche collaborateur Thabo Mbeki..

Le père de la nation

Mandela a ramené la paix en payant un coût élevé. Il quitte la présidence (1997) en laissant une situation politique stable. Mais le « grand compromis » empêche une reconstruction économique équitable. La pauvreté persiste, en dépit de réformes qui permettent l’amélioration des conditions de vie dans les townships. Une nouvelle classe moyenne noire profite du démantèlement des institutions racistes pour accéder à des postes de responsabilité dans le secteur public et privé.

Réalité triste et persistante, l’Afrique du Sud postapartheid demeure le pays où les inégalités sociales sont les plus élevées au monde.

Loin du pouvoir et libre de ses dires, Mandela s’indigne. Il dénonce la crise du SIDA (1000 victimes par jour) qui lui semble le résultat de la malgestion par le gouvernement Mbeki. Il parcourt le monde pour dénoncer l’injustice et l’ostracisme dont sont victimes des États malaimés des grandes puissances comme la Libye et Cuba. Face aux États-Unis qui ont appuyé l’apartheid pendant longtemps, Mandela se fait conciliant, même s’il confronte le président Bush à propos de l’invasion de l’Irak (2003).

Ubuntu

En 2004, Mandela qui a 85 ans annonce son retrait de la vie politique. Cette retraite est plutôt théorique. Il s’active pour faire pression sur le président du Zimbabwe, Robert Mugabe qui mène son pays à la ruine. Il se manifeste fortement contre la répression israélienne dans les territoires occupés et réitère son appui à la cause palestinienne.

Face aux enjeux sud-africains, il préconise la philosophie de l’Ubuntu, une sorte d’humanisme africain qu’il amalgame à la pensée de Gandhi pour construire le rêve d’une nouvelle nation « arc-en-ciel ». Lors des élections de 2009, il appuie le candidat de l’ANC Jacob Zuma, quoiqu’avec certaines réticences par rapport aux histoires de corruption qui lui sont associées. Il rappelle la nécessité de continuer la lutte contre la pauvreté et le SIDA pour la « construction d’une société unie et non-raciale ».

L’histoire continue

Depuis quelques mois, Madiba est entré dans sa dernière station. Relativement serein et tant aimé par des millions de gens, il part en paix. Néanmoins en Afrique du Sud et ailleurs, la tristesse est sincère.

Il n’y aura pas un autre Mandela. Il a été l’homme d’une cause, mais quelle cause ! Il s’est tenu droit. Il a dit non à la capitulation et au racisme, et en même temps, il a dit oui à l’unité et à la démocratie. Il n’a pas tout réussi, mais ce qu’il n’a pas fait sera moins retenu par l’histoire que ce qu’il a fait. Dans cette Afrique du Sud encore meurtrie, la flamme de la résistance brille toujours.

Des nouveaux contingents de jeunes s’organisent contre le « néo-apartheid » qui marginalise la grande majorité des Noirs. Le nom de Mandela reste dans le cœur de tous et chacun.

Pierre Beaudet, mis en ligne sur ESSF

I) Le MRAP salue avec un immense respect la mémoire de Nelson MANDELA

C’est avec une profonde émotion et une immense tristesse que le MRAP a appris le décès, dans la nuit du 5 au 6 décembre 2013, de Nelson Mandela. Il présente à sa famille, à ses amis, à ses compagnons de lutte pour l’égalité et la liberté ainsi qu’à toute la population d’Afrique du Sud, ses condoléances les plus émues ainsi que l’assurance de sa profonde sympathie et de toute sa solidarité dans la douleur de cette si grande perte.

C’est en 1944 que Nelson Mandela rejoignit l’ANC (Congrès National Africain), afin de lutter contre le système de domination de la minorité blanche et la politique de ségrégation « raciale » et de « développement séparé » imposée par celle-ci, selon des critères ethniques, linguistiques et territoriaux, en particulier les sinistres « bantoustans ».

Dès 1955, Nelson Mandela faisait adopter par l’ANC la « Charte de la liberté » qui proclamait : « Notre pas ne sera jamais ni prospère ni libre tant que nos peuples ne vivront pas dans la fraternité, ne jouiront pas de droits égaux... C’est pourquoi nous, peuples de l’Afrique du Sud, Blancs aussi bien que Noirs, réunis comme des égaux, des compatriotes et des frères, adoptons cette charte de la liberté. »

Devenu avocat, il participa à la lutte non violente contre les lois de l’apartheid, mises en place par le gouvernement du Parti National. En 1960, ce dernier frappa d’interdiction l’ANC. Constatant que la lutte pacifique n’apportait pas de résultats tangibles, Nelson Mandela décida en 1961 de fonder la branche militaire de l’ANC qui entreprit une campagne de sabotage contre des installations publiques et militaires.

Le 12 juillet 1963, Nelson Mandela était arrêté par la police sud-africaine, sur indication de la CIA, et se voyait condamné - lors du procès de Rivonia - à la prison et aux travaux forcés à perpétuité, la pression internationale ayant empêché de justesse la peine de mort. Lors de son procès, il avait annoncé haut et fort ce qui devait être le fil conducteur de toute sa vie : « Toute ma vie, je me suis consacré à la lutte pour le peuple africain. J’ai combattu contre la domination blanche et j’ai combattu contre la domination noire. J’ai chéri l’idéal d’une société libre et démocratique dans laquelle toutes les personnes vivraient ensemble en harmonie et avec les mêmes opportunités. C’est un idéal pour lequel j’espère vivre et agir. Mais, si besoin est, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir ». Dès lors, il devint l’un des symboles majeurs de la lutte pour l’« égalité raciale » et bénéficia, à ce titre, d’un soutien international croissant.

C’est après vingt-sept années d’emprisonnement, dans des conditions souvent très dures, que Mandela était enfin libéré, le 11 février 1990, soutenant la réconciliation et la négociation avec le gouvernement du président Frederik De Klerk. Prix Nobel de la Paix, Nelson Mandela devint le premier président noir d’Afrique du Sud en 1994.

Le MRAP doit à Nelson MANDELA - et à ses compagnons de résistance de l’ANC - des années fécondes de mobilisations et de campagnes (notamment anti-Outspan) contre l’Apartheid et pour la libération des prisonniers politiques de l’ANC. Ce fut l’un des grands combats du MRAP qui prit diverses formes. Il avait, en particulier, établi des liens étroits avec Dulcie September, représentante de l’ANC en France, de janvier 1987 à son assassinat « par l’apartheid » à Paris, le 29 mars 1988. Le MRAP s’honore aussi d’avoir compté parmi les membres de son Bureau National la grande militante Jacqueline GRUNFELD, proche alliée de l’ANC et vice-présidente de Rencontres Nationales Contre l’Apartheid. Cette dernière ne cessa d’organiser des envois, principalement de matériel scolaire, pour les enfants des combattants anti-apartheid des pays de la « ligne de front » (Tanzanie, Mozambique, Zambie, Zimbabwe, Angola et Botswana). Sa fille, quant à elle, fut en outre emprisonnée plusieurs années en Afrique du Sud pour son action de soutien aux militants anti-apartheid.

Si la route est encore longue pour atteindre partout l’idéal proclamé par la « Charte de la Liberté », ces paroles continueront à inspirer l’action du MRAP et à donner sens à ses combats d’aujourd’hui et de demain.

J) Marwan Barghouti, nous adresse spécialement un texte en hommage à Nelson Mandela

« Votre pays est devenu un phare et nous, les palestiniens, nous hissons les voiles pour atteindre ses rivages »

Durant toutes les longues années de mon combat j’ai eu l’occasion à maintes reprises de penser à vous, cher Nelson Mandela. Et encore plus depuis ma propre arrestation en 2002. Je songe à un homme qui a passé 27 ans dans une cellule, en s’efforçant de démontrer que la liberté était en lui avant qu’elle ne devienne une réalité dont son peuple allait s’emparer. Je songe à sa capacité à défier l’oppression et l’apartheid, mais aussi à rejeter la haine et à placer la justice au dessus de la vengeance.

Combien de fois avez-vous douté de la victoire au bout de ce combat ? Combien de fois vous êtes vous demandé vous-même si la justice pourrait s’imposer ? Combien de fois vous êtes vous interrogé sur le silence du monde ? Combien de fois vous êtes vous demandé si votre ennemi n’allait jamais pouvoir devenir votre partenaire ? A la fin vous ferez la preuve de cette volonté implacable qui fera de votre nom l’une des plus brillantes références pour la liberté.

Vous êtes beaucoup plus qu’une inspiration. Vous aviez bien compris le jour où vous êtes sorti de prison que vous n’étiez pas seulement en train d’écrire l’histoire mais que vous contribuiez au triomphe de la lumière sur la nuit. Et vous êtes alors resté humble. Et vous portiez une promesse bien au-delà des frontières de votre pays, la promesse que l’oppression et l’injustice seront vaincues et que sera ouverte la voie de la liberté et de la paix. Au fond de ma cellule, je me rappelle sans cesse cette démarche et je poursuis moi-même cette quête, et tous les sacrifices deviennent supportables dans la seule perspective qu’un jour le peuple palestinien puisse accéder aussi à la liberté, à l’indépendance et que ce pays puisse vivre finalement en paix.

Vous êtes devenu une icône. Ce qui a permis l’éclat de votre cause et son rayonnement sur la scène internationale. L’universalité pour contrer l’isolation. Vous êtes devenu un symbole pour tous ceux qui croient que les valeurs universelles sur lesquelles vous fondiez votre combat pouvaient rassembler, mobiliser, pousser à l’action. L’unité est la loi de la victoire pour les peuples opprimés. La cellule exigüe et les heures de travail forcé, la solitude et l’obscurité ne vous auront pas empêché de regarder au-delà de l’horizon et de faire partager votre vision. Votre pays est devenu un phare et nous, les palestiniens, nous hissons les voiles pour atteindre ses rivages.

Vous disiez : « Nous savons trop bien que notre liberté n’est pas complète car il lui manque la liberté des palestiniens. » Et depuis l’intérieur de ma cellule, je vous dis que notre liberté semble possible parce que vous avez atteint la votre. L’apartheid n’a pas survécu en Afrique du sud et l’apartheid ne survivra pas en Palestine. Nous avons eu le grand privilège d’accueillir en Palestine, il y a quelques mois, votre camarade et compagnon de lutte, Ahmed Kathrada, qui a lancé, à la suite de sa visite, la campagne internationale pour la libération des prisonniers palestiniens de leurs cellules où une part importante de l’histoire universelle s’écrit, démontrant que les liens avec vos combats sont éternels.

Votre capacité à constituer une figure unificatrice et à conduire le mouvement depuis l’intérieur de la prison, d’être confiant dans l’avenir de votre peuple alors que vous étiez vous-même privé de la capacité de choisir votre destin, constituent les marques d’un dirigeant exceptionnel et d’une véritable figure historique. Je salue le combattant de la liberté, le négociateur et faiseur de paix, le commandant militaire et l’inspirateur de la résistance pacifique, le militant infatigable et l’homme d’Etat.

Vous avez dédié votre vie à la cause de la liberté et de la dignité, de la justice et de la réconciliation, de la paix et de la coexistence. Beaucoup maintenant honorent votre lutte dans leurs discours. En Palestine nous promettons de poursuivre le combat pour nos valeurs communes, et d’honorer votre combat pas seulement par des mots, mais aussi en dédiant nos vies aux mêmes objectifs. La liberté, cher Madiba, l’emportera et vous y avez contribué au plus haut point en faisant de cette idée une certitude. Reposez en paix et Dieu bénisse votre âme insoumise.

Marwan Barghouti, Prison Hadarim, cellule n° 28

Source de cet hommage de Marwan Barghouti, futur Mandela :

http://patrick-le-hyaric.fr/du-fond...


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