TVA, on t’aura !

vendredi 22 novembre 2013.
 

Ayrault et Moscovici sont catégoriques. Le gouvernement ne reviendra pas sur la hausse de la TVA prévue le 1er janvier. Cette mesure serait nécessaire pour financer les 20 milliards d’euros donnés au patronat. Selon Moscovici, « c’est par l’entreprise que va reprendre l’économie française : la TVA est faite pour financer en partie cet effort ». Ayrault insiste : la hausse est nécessaire car « cela va permettre de financer la baisse du coût du travail pour toutes les entreprises ». Ils confirment ce faisant leur ralliement à la thèse néolibérale selon laquelle le problème de l’économie française serait le « coût du travail » bien plus par exemple que la contraction de la consommation intérieure que la hausse de la TVA ne peut qu’aggraver (voir le dossier). Ils annoncent la poursuite d’une politique qui a échoué lorsque l’UMP la mettait en œuvre et n’est pas devenue plus efficace parce que c’est le PS qui l’applique désormais.

Quant à la fermeté qu’ils affichent à la veille de la manifestation du 1er décembre, elle vaut ce que vaut la parole des ministres concernés, c’est-à-dire rien. Lorsque la presse bruissait de la rumeur d’une hausse programmée de la TVA, en septembre 2012, Ayrault n’avait-il pas déclaré : « C’est une invention pure et simple. On vient de supprimer la TVA Sarkozy en juillet au Parlement, ce n’est pas pour la remettre en place » ? Ils avaient promis de l’abroger, ils l’ont adoptée. Ils jurent maintenant de la maintenir, ils l’abrogeront !

Il a d’ailleurs suffi du simple appel à manifester le 1er décembre contre la hausse de la TVA pour que cette exigence fasse son apparition au cœur des cercles solfériniens. Le pouvoir actuel est tétanisé par cette hausse dont il n’attend rien de bon sur le plan économique ni politique. Personne n’arrive à la défendre. Les conseillers de Matignon et de l’Elysée confient anonymement leurs états d’âmes aux médias. « Remanier et renoncer à augmenter la TVA, ça aurait du sens », déclare même un député. Il faut renoncer au crédit d’impôt au moins pour les professions règlementées non soumises à la concurrence et celles qui échappent à la concurrence internationale comme la grande distribution, afin d’abroger la hausse de la TVA, plaide un autre. La conjonction d’une contestation dans la rue et d’un rendez-vous électoral en mars prochain sème la panique dans les rangs du PS. Ce parti dominant en Bretagne n’a-t-il pas été effacé en un instant, incapable de réagir à la mobilisation des bonnets rouges voire défilant avec eux ? Céder la rue passe encore, mais personne au PS n’est prêt à céder des positions électorales.

Il est d’ailleurs un signe qui ne trompe pas. Le monde de la finance craint que le gouvernement ne recule devant la mobilisation populaire contre la hausse de la TVA. L’agence de notation S&P a dégradé récemment la note de la France pour maintenir la pression sur « l’agenda de réformes ». Et la semaine dernière, la commission de Bruxelles a estimé que les réformes imposées à notre pays en contrepartie d’un délai supplémentaire pour atteindre les 3% de déficits avaient été insuffisantes, notamment en matière de démantèlement des retraites et de flexibilité du marché du travail.

Pendant que le paysage politique se disloque et que le pouvoir se paralyse, les austéritaires partisans du tour de vis sans fin se préparent donc au grand bras de fer. Avec la marche du 1er décembre, les adversaires de l’austérité sont à l’initiative et tapent juste en liant le refus des politiques austéritaires et le combat contre l’injustice fiscale.


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