Système médiatique et sondagier : un moyen de protection de l’ordre établi

jeudi 14 novembre 2013.
 

Une autre illusion est mortelle dans une période comme celle-ci, et tout spécialement en année électorale. Celle qui consiste à croire que les rouages du système médiatique et sondagier sont autre chose que des moyens de protection de l’ordre établi. Ils en sont au contraire la pointe avancée. C’est le moment de renouveler une mise en garde qui s’applique dorénavant de façon plus intense que jamais. Il faut savoir que nous allons être mis à très rude épreuve. Politiquement, nous marchons sur un chemin de crête. D’un côté, la droite et l’extrême droite en embuscade permanente, prêtes à tirer les marrons de tous les feux ; de l’autre, les sociaux-libéraux et leurs divers alliés de circonstances acharnés à faire disparaître toute alternative à leur domination. Et sur la scène, nous marchons au coeur d’une agitation permanente de la société dans lequel le meilleur et le pire voisinent et s’écoulent souvent dans les mêmes eaux. La capacité de discernement est vitale dans un tel environnement.

Tout ce que je vois me replonge dans l’ambiance particulière que j’ai connue tout au long de la campagne des élections présidentielles, à mesure que nous avons paru menacer l’hégémonie de sociaux-libéraux. Les mêmes figures de combat sont à l’œuvre. Pour en rappeler les traits essentiels, je commence par ce qui me touche de plus près : ma diabolisation personnelle. Signal évident de cette entreprise : ce recours à l’image pour stigmatiser. Depuis le mois de juin dernier, la même photo disqualifiante a été utilisée dix-sept fois par sept titres différents, sur tous les sujets ! L’étude réalisée sur ce point est confondante. Mais la diabolisation, c’est aussi une façon de construire une image symbolique en répétant en boucle l’usage des mêmes mots pour décrire ma façon de m’exprimer. Ici, tout se concentre en quelques mots qui permettent de faire l’économie de toute réflexion sur ce que je dis : « invective », « outrance », et ainsi de suite. Tout cela vous le savez. Mais cela finirait par faire oublier une méthode très brutale qui nous est appliquée en permanence. C’est celle de l’occultation.

Elle se traduit par un écart d’accès aux médias absolument stupéfiant, compte tenu des résultats électoraux, entre l’un quelconque des partis du Front de Gauche, ou même le Front de Gauche dans son ensemble, d’un côté, et, de l’autre, le Front National, l’UMP ou le PS. Mais cela ne suffit pas. Souvent, les prétendus grands esprits « éthiques », « indépendants » et ainsi de suite doivent piétiner leurs propres chartes déontologiques lorsqu’il s’agit d’empêcher qu’on nous repère comme une alternative politique possible. Ainsi quand BFM nous élimine des infographies concernant un sondage pour les élections européennes qui nous plaçait à 10 % des intentions de vote. Ou bien quand ils faisaient la même opération à propos de notre présence politique dans l’élection municipale de Marseille et se faisaient prendre en flagrant délit de trucage sur le plateau par Patrick Menucci. Des exemples de cette sorte, nous en avons des dizaines ! Ils sont spécialement violents dans les zones du pays où règne le système du média monopolistique sous pilotage politique unique, comme c’est le cas avec « Ouest-France ». Cette semaine, au sommet du ridicule caricatural, la morgue faite journal : « Libération » ! Celui-là fait réaliser un sondage sur les municipales à Paris dans le quatorzième arrondissement de la capitale. Ce sondage nous place à 11 % des intentions de vote des sondés, c’est-à-dire au niveau de mon résultat de l’élection présidentielle. Un résultat d’autant plus remarquable que la question posée était particulièrement biaisée : notre liste était en effet présentée comme la « liste soutenue par le Parti de Gauche et Jean-Luc Mélenchon », brutale façon de servir la soupe à la coalition du PS et du PC parisien qui prétendent avoir annexé le « Front de Gauche ». Bien sûr, la manœuvre ne nous concerne pas directement. Libé roule pour Hidalgo contre NKM. Il s’agit donc de montrer que NKM a perdu dans tous les cas. Impossible d’avoir le bon résultat sans nous ! Que faire ? L’édition papier du quotidien bourreur de crâne réussit ce tour de force d’annexer nos suffrages pour la victoire du deuxième tour sans mentionner notre résultat au premier ! C’est à peine croyable, mais c’est vrai. A sa suite, les collègues recopient avec le même manque. A voir : le site de TF1, qui cite même les 16 % attribués à Marielle de Sarnez ( ah bon ? Elle fera une liste dans le 14ème ?) et les 7 % du FN, mais pas les 11 % attribués à notre liste. Pourquoi ? Par calcul ? Complot ? Non : bêtise et fainéantise. Ces « journalistes » se recopient les uns les uns les autres et ne se donnent même pas le mal de vérifier si le total de ce qu’ils « annoncent » fait 100 %. Le seul manipulateur est celui qui, au départ, truque l’information : le journal « Libération », qui sait très bien pourquoi il agit de la sorte. « Libé » n’informe pas mais il peut désinformer. C’est sa niche d’efficacité.

On peut faire encore pire, bien sûr. Ainsi quand l’institut de sondage de Mme Parisot, l’IFOP, donne notre liste à Toulouse à 5 % des intentions de vote des sondés alors qu’un autre institut nous donnait à 10 % peu auparavant. Dans ce cas il s’agissait de prouver « la percée » du Front National. L’IFOP, qui connaît de très (très) près ce milieu, triple donc le niveau du FN. Et, pour nous diminuer de moitié, invente une « autre liste d’extrême gauche », aussitôt pointé à 3 %, alors qu’elle n’a ni sigle, ni tête de liste, ni bien sûr d’existence annoncée ! J’ai signalé ces quelques exemples, qui sont dorénavant tout à fait ordinaires, pour alerter les esprits. Chacun d’entre nous abordera depuis sa position personnelle le combat d’ensemble que nous avons engagé. La diabolisation, l’occultation, et ce que vous verrez ensuite à mesure que ceux qui payent vont commander, toujours plus directement, pourront paraître à plus d’un comme un mur infranchissable. Il ne l’est pas. C’est un monde de pacotille qui peut retarder notre marche, abattre les plus faibles, dégoûter davantage les plus fragiles. Mais il n’a pas les moyens de bloquer les progrès de la prise de conscience à laquelle nous travaillons. Les deux prochaines élections donneront la victoire à ceux qui seront les mieux mobilisés. Dans un océan d’abstention, ceux qui se déplaceront pour voter auront le dernier mot. Aucun d’entre nous ne doit jamais oublier : 4 millions de personnes ont fait ce geste de notre côté dans l’élection présidentielle. Elles savent ce qu’elles ont fait et pourquoi elles ont agi de cette façon ! Cela alors même que les clairons du « vote utile » et de la peur de l’extrême droite sonnaient du matin au soir dans tous les journaux, tous les sondages, tous les moyens audiovisuels ! La difficulté n’est pas plus grande aujourd’hui qu’elle l’était alors. Au contraire ! La disqualification des solfériniens alimentera certes une marée incroyable d’abstention et de radicalisation de la droite dont va bénéficier l’extrême droite. Mais elle ouvre aussi les yeux à beaucoup d’autres, écœurés par tant de reniements, et qui voient dans ce que fait Hollande la négation de leurs convictions les plus profondes. Ceux-là nous aiderons le moment venu. Nous ferons donc des additions, pas des soustractions !


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