Grèce : le pouvoir et l’Aube plus vraiment dorée

mardi 15 octobre 2013.
 

Voilà trois semaines que le rappeur anti-nazi Pavlos Fyssas a été assassiné. Ce meurtre a soulevé une vague de colère populaire qui se manifeste ce dimanche avec au moins trois initiatives anti-racistes sur la région athénienne. Il a aussi déclenché une série de révélations...

On sait que les corps de répression sont très perméables à la vermine nazie, et les services secrets surveillaient ce groupe. L’un des responsables des forces de l’ordre vient d’être viré pour accointance avec les nazis, mais une partie de l’appareil d’état est inquiète de l’autonomie qu’ils ont pris au sein de la police et de l’armée.

Une mafia nazie

Ce qui a été mis au grand jour, c’est un groupe para-étatique disposant de quelques places fortes, de nombreuses complicités, et aux activités totalement mafieuses  : en plus des crimes contre les immigrés et la gauche en général, le quotidien c’est racket de magasins sous couvert de protection, proxénétisme, etc. Les dernières informations données par les services antiterroristes portent ces jours-ci sur l’emplacement de caches d’armes des nazis, en particulier sur la localisation de 4 000 armes fournies par un chef d’entreprise en fuite. Si on ajoute cela aux entraînements paramilitaires offerts aux crânes rasés dans quelques casernes, on voit le riche programme politique de cette bande de violents psychopathes…

Ainsi, dans les banlieues près du Pirée, les violences nazies sont couvertes par des armateurs souhaitant casser l’influence du KKE (PC grec) dans les chantiers navals et lancer des «  syndicats Aube dorée  ». Dans le quartier d’Aghia Panteleimona, il y a eu la mise en scène filmée de braves mémés allant tirer de l’argent à la banque sous protection des braves nazis… sauf que ces mémés, médiatisées sur les réseaux sociaux utilisés par les nazis, sont les parentes de ces bandits, sans oublier l’arrestation de l’ex-commissaire de police du quartier, compromis  ! L’une de ces «  citoyennes indignées  » par le «  danger immigré  » est une responsable locale d’Aube dorée, inculpée pour coups de couteau, détention de faux documents et d’objets de commerce illégal (car à côté de ses ratonnades meurtrières, Aube dorée a organisé la surexploitation d’immigrés vendeurs à la sauvette)...

Au service de la troïka

L’enquête avance seulement contre Aube dorée en tant qu’organisation criminelle. C’est à cela que voudrait s’en tenir le gouvernement, qui a été obligé de réagir dans la précipitation après le meurtre de Fyssas. Il s’agit de cacher l’insupportable tolérance accordé pendant des années à ces assassins, le silence imposé. Or, c’est bien cela qu’il s’agit enfin de mettre en lumière. Ce sera le meilleur moyen de faire taire la partie de la droite qui veut assimiler en tant qu’«  extrémistes  » la gauche aux nazis, comme vient encore de le faire aux États-Unis le Premier ministre Samaras, alors qu’une partie de la droite et du patronat refuse ce parallèle, préférant une gauche réformiste au risque nazi...

Gommer toute la dimension politique de l’action d’Aube dorée, participer à une sorte d’union sacrée pour défendre la démocratie, voilà le piège que la gauche doit refuser, en menant dans l’unité une campagne antifasciste pour montrer que si Aube dorée a été couverte si longtemps par la droite et le Pasok, c’est parce qu’elle est pour la bourgeoisie grecque et européenne un instrument au service de la troïka, contrairement à ce que disent les nazis. Les incessants reports de procès de ces criminels montrent la protection accordée, comme le montre aussi l’exploit des juges laissant libres sous caution trois des députés inculpés… qui ont aussitôt agressé des journalistes  !

Combattre les nazis, c’est une partie du combat contre la politique de la troïka, et cela doit être martelé, avant tout dans les quartiers populaires d’où il faut chasser définitivement cette pègre au service du capital  !

A. Sartzekis, d’Athènes


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