Bernard Friot : un néo-réformisme propositionnel

dimanche 29 septembre 2013.
 

Avec son dernier ouvrage, “L’enjeu du salaire”, et par divers articles de presse, Bernard Friot entend contribuer à un objectif : “sortir du capitalisme”. Pourtant, d’emblée, l’auteur rejette le mot d’ordre révolutionnaire issu du mouvement ouvrier, celui d’ “abolition du salariat !”. Cette seule contradiction conduit à regarder ces positions de plus près.

D’autant plus que, dans la société idéale que nous propose Friot, il y aura des entrepreneurs, des entreprises cogérées par les “représentants” des travailleurs, avec une hiérarchie et la possibilité de licencier, une inégalité sociale et, bien sûr, un salariat puisque ce sera le fondement général de cet “idéal”.

La troisième voie de Friot

Son objectif, c’est “de se passer des capitalistes”. Cela semble sympathique. Mais en même temps il rejette et renvoie dos à dos la voie proposée par la “social-démocratie de gauche” et les “propositions minoritaires” de ceux “qui errent à chercher la sortie dans l’abolition du salariat ou la fin du travail et de la monnaie” (p 21), c’est-à-dire des révolutionnaires.

Mais comment “sortir du capitalisme” sans abolir le système du salariat ? Friot répond : en “généralisant” le salaire, quitte à qualifier de “salaire” la part de la “valeur ajoutée” qui “doit aller à l’investissement” (p 23).

Friot se dresse ainsi contre tous ceux qui persistent à fixer à leur combat un objectif, celui de l’abolition du salariat.

“Abolition du salariat !”

Rappelons que ce mot d’ordre renvoie au fait que le salariat est indissociable du Capital. Le salariat, c’est la manière par laquelle se fait l’exploitation de l’homme dans le système capitaliste, de même que le servage est le mode d’exploitation propre à la société féodale. Revendiquer l’abolition du salariat signifie revendiquer la fin du système capitaliste et, en particulier, l’expropriation des “expropriateurs”, c’est-à-dire l’expropriation de la propriété privée des moyens de production. Ce mot d’ordre a son corollaire dans le cadre du capitalisme : le “droit au travail” contre le chômage.

Ainsi la CGT fit sien ce mot d’ordre : “La CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat” (Charte d’Amiens, 1906). Ce n’est qu’en 1995 que la CGT fit disparaître ce mot d’ordre de ses statuts.

À l’inverse, Friot proclame que l’avenir appartient au salariat. Précisons que Friot ne reprend jamais à son compte l’exigence du droit au travail, et rejette le droit à l’emploi pour lui opposer la qualification (p. 151).

Son projet le conduit à attacher une grande attention à la cotisation sociale. Qu’elle soit patronale ou salariale, il rappelle à juste titre qu’il s’agit d’une fraction du salaire, l’ensemble constituant avec le salaire net le “salaire total”. On peut préférer le terme plus précis de salaire super brut (salaire brut + cotisation patronale), mais le contenu est le même.

À partir de là, il veut faire de la cotisation une application proliférante, qui dénature la cotisation sociale.

“Déplacer nos récits”

Pour Friot, l’enjeu n’est pas de partir du réel, mais de modifier le regard, de déplacer le discours : il faut un “déplacement de nos représentations” (p 23) ; “déplacer nos récits” (p 145 et p 167) ; “oser déplacer le discours du plein emploi” (p 151) etc.

Autrement dit, le fait que le salariat soit synonyme d’exploitation (comme le furent en d’autres temps l’esclavage puis le servage) ne serait pas une réalité indissociable du système capitaliste, c’est un “regard”. C’est un “récit”. Il suffit donc de changer le regard, d’écrire un autre récit : “déplacer le regard sur le salaire” qui a été “construit” par les luttes, pour en faire un facteur d’émancipation.

Pour cela, il faut modifier le sens de notions qui participent de la définition du salaire, en particulière celles héritées de Marx.

Marx comme béquille

Friot aurait pu ne pas se réclamer de Marx. Mais, pour convaincre ses lecteurs, il éprouve le besoin d’en appeler à Marx, espérant que ses lecteurs n’auront pas lu Marx de trop près. Ainsi veut-il montrer “l’enjeu du salariat” en “nous aidant des catégories de Marx” (p. 25).

Et il reprend les notions de valeur, de travail abstrait, évoque la plus-value, le profit et le taux de profit… Mais au final, ces notions sont dénaturées. Il en est ainsi de la “valeur”.

Marx est parti du fait que la marchandise se présente sous une double forme : sa valeur d’usage et sa valeur d’échange, ou “valeur”.

Concernant la valeur d’usage, Friot s’en tient à peu près à Marx. Il est vrai que cette notion est assez simple. Un enfant de trois ans la comprend si on lui offre un jouet ou un bonbon. Même s’il n’en comprend pas leur “valeur”.

Valeur d’échange ou valeur économique ?

Mais qu’est-ce-qui fait la “valeur d’échange ?” “Facile” répondra un enfant de 8 ans “c’est son prix !” Une voiture miniature “vaut” donc trois kilos de bonbons. Mais pourquoi cette différence ?

“Parce que c’est comme ça” dira l’enfant. “Parce que le vendeur l’a décidé” répondra l’économiste distingué, ou bien“ parce que c’est l’offre et la demande”.

Marx a montré que c’est un tout petit peu plus compliqué.

Marx mit en évidence que le “prix”, c’est-à-dire la valeur monétaire permettant l’échange sur le marché, correspond en dernière analyse au travail cristallisé dans la marchandise. Cela dit pour faire simple, Marx résume ainsi : “la valeur d’une marchandise est déterminée par le quantum de travail matérialisé en elle, par le travail socialement nécessaire à sa production”.

Mais pour Friot, ce mécanisme ne serait pas inhérent au système capitaliste, ce serait tout au mieux une “définition capitaliste de la valeur” (p. 112), formule confusionniste qui lui permet ensuite d’imaginer une autre “définition”, non capitaliste, de la valeur.

Une “valeur” sans muscle ni cervelle

La “valeur”, pour Marx, est l’abréviation de “valeur d’échange”, avec sa détermination de quantum de travail. Pour Friot, il n’en est rien. Il garde la notion de valeur d’usage mais n’utilise jamais le terme de “valeur d’échange”, qu’il remplace par “valeur économique” (ou “valeur”). Mais qu’est-ce que la “valeur économique” ? Friot répond (p. 26) : “c’est la valeur monétaire qu’il donne à son propriétaire. La valeur économique s’évalue en effet en monnaie”. Bigre ! Mais qu’est-ce alors que la “valeur monétaire ” ? Friot ne répond pas. Il suffit à son bonheur que la valeur économique “s’évalue” en monnaie pour lui donner sa substance. Marx s’était moqué d’une telle tautologie : “Le prix est le nom monétaire du travail réalisé dans la marchandise. L’équivalence de la marchandise et de la somme d’argent exprimée dans son prix est donc une tautologie, comme en général l’expression relative de valeur d’une marchandise est toujours l’expression de l’équivalence de deux marchandises” (Le Capital, livre I, chap. 3)

Cette modification permet à Friot de parler de la “valeur” en général, comme si la “valeur” était indépendante du mode de production capitaliste (1). Il prend soin d’insister : “je parle de “valeur économique” et non pas de “valeur d’échange”. Car la “valeur d’échange est la forme de la valeur économique propre au capitalisme” (p.44), formulation confuse une fois encore.

Et Friot veut faire croire que la “valeur” d’une marchandise, qu’il réduit à son prix comme notre enfant de 8 ans, serait simplement une décision arbitraire alors même qu’elle s’impose à chaque capitaliste pris individuellement : “La valeur est affaire de pouvoir. C’est le détenteur de pouvoir qui décide de la valeur économique, en même temps que l’appropriation de celle-ci fonde son pouvoir” (p. 27)

Pourtant, la crise actuelle et les faillites bancaires montrent que les “détenteurs du pouvoir” ne contrôlent guère les mécanismes économiques.

Une “convention” ?

Friot en reste à la lecture juridique du salariat, réduit à une “convention”. Il suffit donc “de changer la convention sociale de la valeur économique” (p.47).

Or les travailleurs, avec ou sans contrat de travail, sont d’abord soumis à une réalité qui s’impose à eux car ils n’ont pour vivre que leur force de travail. Et, dans le système capitaliste, la force de travail (à distinguer du travail) est une marchandise. Cette force, cette capacité à la fois physique et intellectuelle, Marx explique longuement comment le prolétaire doit la vendre, pour un temps donné.

Friot, qui se réclame de Marx, remplace le mot “vendre” par le verbe “louer”. La différence peut sembler mince. Pourtant, ce n’est pas pareil. Ce faisant, Friot masque le fait que la force de travail est réduite à une marchandise et gomme le rapport d’exploitation typiquement capitaliste du salariat.

Une loi de la valeur dévalorisée

Friot évoque la loi de la valeur dégagée par Marx (p. 16) ; il rappelle ainsi que le travailleur ne reçoit pas comme salaire l’équivalent de toute la valeur produite, qu’une part fait le profit du patron, mais il obscurcit une dimension décisive, à savoir que la force de travail, comme toute marchandise, est payée à sa valeur. Cela permet au travailleur de se nourrir (mal), de se loger (pas toujours), et de se reproduire (nourrir des enfants indispensables à l’avenir du capital).

Cette valeur de la force de travail est elle même une donnée historique, liée notamment au niveau de développement et aux combats des travailleurs, mais l’employeur cherche toujours à la ramener à son plus bas niveau. On ne le voit que trop aujourd’hui, dans le monde entier. Mais Friot néglige ce combat permanent du Capital pour faire baisser la valeur de la force de travail, considérant qu’au cours du siècle passé, en France tout au moins, le salariat, moyen d’exploitation, serait devenu un moyen d’émancipation.

La fable du “salaire” des retraités

Friot reprend une idée qui lui est chère : la pension des retraités, du privé comme du public, serait un salaire (2). Dans l’Humanité (5 juillet 2013), il va jusqu’à nier ce qui fonde le système des retraites du privé, la solidarité entre ceux qui travaillent et ceux qui ne peuvent plus travailler. Il écrit que “la solidarité intergénérationnelle” serait “un thème qui a été mis sur la table par Rocard” en 1991. Et il qualifie de “propagande” (sic) cette notion.

En réalité, il procède par sophismes successifs. Il commence par évoquer le cas des fonctionnaires (lesquels ne cotisent pas), Friot qualifiant de “salaire continué” ce qui est plus précisément un “traitement continué” destiné à ceux qui sont ne sont plus “en activité”.

Puis il étend cette notion de “salaire” aux retraites du privé avec l’argument que, en pratique, leur niveau serait analogue à celui du public. Premier sophisme.

Un sophisme majeur

Ayant ainsi baptisé “salaire” toutes les pensions et retraites, il tire une identité entre les activités des retraités au travail des salariés. Ignorant les retraités épuisés et malades, Friot n’hésite pas à écrire : “Ce n’est pas parce que nous avons travaillé que nous avons droit à la retraite, c’est parce que nous avons conquis le droit de travailler comme retraité, avec une qualification attribuée à la personne et non plus au poste de travail.” (La Revue du projet, n° 28, juin 2013, revue dirigée par le PCF).

Cette affirmation absurde procède du sophisme suivant : le salarié qui travaille reçoit un salaire (A), or le retraité reçoit un “salaire” (B), donc il “travaille” (C).

Avec un même syllogisme erroné, on peut écrire : celui qui commet des crimes va en prison (A), or les Pussy Riot sont allées en prison (B), donc ce sont des criminelles (C).

Un droit “réactionnaire” ?

Dans son livre (p. 19) il va jusqu’à qualifier de “réactionnaire” le fait de dire : “nous avons travaillé, nous avons droit à un repos mérité”. Faut-il commenter ?

Le “droit” du retraité, ce serait donc celui de travailler, et les retraités pourraient “maîtriser enfin” leur “travail” (p. 20). On comprend mieux le caractère pseudo radical de sa revendication : retraite à 55 ans, sans durée de cotisation, avec un “salaire” égal au meilleur des salaires. Car le nouveau retraité sera voué au travail, commençant une “seconde carrière”.

Aussi critique-t-il le fait que la FSU, Sud et FO persistent à revendiquer le “retour aux 37,5 annuités” (p. 18-19).

Qualification “personnelle”

Friot veut faire de ce qu’il appelle la “qualification personnelle” le fondement de sa société nouvelle. La qualification serait aujourd’hui, dit-il, l’apanage du fonctionnaire, tandis que dans le privé, ce serait les postes et non les personnes qui seraient qualifiés.

Mais en réalité, dans le privé, les travailleurs ont imposé les conventions collectives, qui prennent en compte diplômes et qualifications. Dans une convention collective, pour une qualification reconnue, un BTS par exemple, le patron ne peut payer moins d’un minimum, quel que soit le poste. Et, dans la fonction publique, le fonctionnaire devrait (normalement) n’être affecté que sur un poste correspondant à sa qualification, règle menacée par les réformes.

En outre, Friot confond la qualification du fonctionnaire et son statut d’emploi à vie (D’ailleurs, dans la fonction publique territoriale, la réussite au concours ne donne pas de poste : le lauréat doit ensuite trouver un employeur). Ce n’est pas le grade, la qualification, qui protège (en partie) les fonctionnaires, c’est leur statut.

Et lorsqu’il le peut, c’est ce statut que brise l’État patron. Mais, pour Friot, l’État patron n’existe pas, car “le grade supprime la fonction concrète d’employeur”.

Qualifications et plus-value

La question est la suivante : un salarié qualifié échappe-t-il à l’exploitation capitaliste ? Friot répond que oui. La qualification aurait une valeur “subversive” (p. 84) et permettrait de ne plus être réduit à “de la force de travail” (p. 73).

Or, la réalité est autre. Les travailleurs, en imposant les conventions collectives et la reconnaissance des diplômes et qualifications, ont limité le degré d’exploitation, mais n’ont fait disparaître ni le marché du travail, ni l’exploitation capitaliste : le travailleur salarié, aussi qualifié soit-il, produit de la plus-value pour le patron. Et les fonctionnaires non régaliens contribuent à l’extraction générale de la plus value.

La qualification ne garantit pas, par elle-même, l’emploi ni n’interdit le licenciement. Mais l’objectif de Friot n’est pas de protéger le travailleur contre les mutations forcées et les licenciements. C’est de garantir un salaire à vie. Ce n’est pas pareil.

Cela explique la liste baroque de ceux qui, selon lui, bénéficieraient déjà de cette convention “révolutionnaire” et “anticapitaliste”. On y trouve les fonctionnaires, tous les retraités… et les médecins libéraux, ceux du secteur privé conventionné (p. 81), du fait de leur qualification et des remboursements de la sécurité sociale !

Fin du lucre ?

Le deuxième moyen consiste à créer une autre cotisation, dite “économique”. Cette cotisation ira à des “caisses” qui “financeront les investissements”. Il n’y aura plus ni “dividende”, “ni employeur”, ni “actionnaires”, mais… il y aura toujours des entreprises et des “entrepreneurs”.

Un dispositif analogue fut expérimenté par les sociaux-démocrates suédois, qu’il est difficile de qualifier de dangereux révolutionnaires….

L’expérience suédoise : En 1984 furent créés en Suède des fonds salariaux collectifs, fonds d’investissement cogérés par le syndicat.

Ces fonds étaient financés par une part des bénéfices et une petite cotisation patronale. Un nouveau gouvernement, en 1991, démantela ce dispositif.

Cette propriété dite “lucrative” devra laisser place à une bonne propriété privée, baptisée “propriété d’usage”. Très progressivement... si la bourgeoisie, soucieuse de ses dividendes, ne délocalise pas capitaux et sièges d’entreprises.

Friot veut aussi supprimer “le crédit lucratif”. Le lucre, c’est ce qui est excessif, condamnable. On se souvient que l’Église prohiba, jusqu’en 1830, les prêts avec intérêt qualifiés d’usure.

Mais Friot est prudent. Le crédit non lucratif aura droit à un intérêt “de 1, 2 ou 3%” (p. 103). Cette conception du crédit ne fait pas disparaître la propriété privée des capitaux. Au contraire, un taux bas contribue à rétablir le taux de profit général. C’est ce que recherchent les banques centrales en arrosant les banques privées à taux nuls ou quasi nuls.

La monnaie ne disparaîtra donc pas plus que le capital porteur d’intérêt. Friot avoue d’ailleurs : “je ne vois pas comment on peut échapper à la valorisation monétaire de l’activité” (p. 175).

Co-gestion et salariés hors sol

Il s’agira seulement de “de prendre le pouvoir sur la valeur économique, et d’en changer le sens”. Pour cela, les syndicats auront “un rôle nouveau et plus grand”. Il y aura des “gestionnaires”, c’est-à-dire des “administrateurs élus des salariés”, comme dans les actuels Conseils d’administration. Ainsi “la propriété devra être partagée” et fonctionnera “avec une hiérarchie, avec des entrepreneurs”. En effet “l’autorité hiérarchique” (p. 80) est jugée “nécessaire”.

Et, selon Friot lui-même, “la division sociale” existera toujours.

On comprend mieux que Friot ne veuille pas exproprier les banques et les grandes entreprises.

Le troisième volet de ce projet sera d’attribuer à chacun un salaire à vie, selon quatre niveaux de qualification. Sera supprimé le salaire directement versé par l’entreprise. Celle-ci versera à la place une cotisation à un organisme qui paiera les salaires à vie.

Le travailleur deviendra un pion mobile que l’on peut déplacer d’une entreprise à l’autre, mettre en chômage ou en formation. On commencera par les 18-22 ans. “Ainsi les entreprises pourront-elles tester l’intérêt” de ce dispositif (p. 142). Friot considère que l’entreprise y trouvera son intérêt : “les responsables d’entreprises pourront donc comparer” (p. 142).

De fait, il n’y aura plus de plans sociaux, ce qui facilitera les licenciements, et fluidifiera la circulation des salariés : “changer de statut (de fonctionnaire à privé, de membre d’une entreprise à indépendant)…tout cela sera beaucoup plus facile et donc beaucoup plus courant qu’aujourd’hui” (p. 136). Mais qui décidera de l’affectation de ce salarié hors sol ?

Licenciements dans la joie ?

La question peut d’autant moins être éludée que, dans cette nouvelle société, les licenciements se poursuivront. On comprend que jamais Friot ne revendique l’interdiction des licenciements, ni la réduction massive du temps de travail pour en finir avec le chômage.

Ainsi, il y aura des “collectifs de travail” dont on pourra “sortir contre son gré” (sic), car l’entreprise nouvelle “licenciera”.

Mais, Dieu merci, “le licenciement changera de sens parce que la personne partira avec sa qualification st son salaire” ! (p. 139). Un licenciement heureux ? Faut-il rappeler que dans certaines grandes entreprises, des salariés en excédent, placardisés avec qualification et plein salaire, ont fini par se suicider ?

Un néo-réformiste inquiétant

Le caractère réformiste de ce projet s’affirme quand il propose d’adhérer à son projet “plutôt que de chercher dans la fin du travail et de la monnaie des alternatives au capital ” (p. 177). C’est un clair refus de tout objectif révolutionnaire.

Ce projet vise à aménager le capitalisme sans remettre en cause ses fondements. Et il s’inscrit dans le cadre d’un dialogue continu avec le PCF qui cherche à reformuler sa politique, ayant tourné le dos depuis belle lurette à tout projet révolutionnaire.

Certaines de ces propositions sont lourdes de danger. Ainsi, répéter en boucle que les retraités peuvent désormais “travailler dans la liberté” et proposer de financer “les investissements nécessaires à leur travail” (article pré-cité) ne peut qu’encourager ceux qui veulent remettre les retraités au travail.

À l’inverse de Friot, on aura la naïveté de croire que l’on ne peut sortir de la barbarie capitaliste qu’en commençant par exproprier l’ensemble de la propriété capitaliste et par libérer le travailleur de ses chaînes, en abolissant le salariat.

Serge Goudard

(1)Voir A. Bihr, Universaliser le salaire ou supprimer le salariat ? :

http://alencontre.org/debats/univer...

(2) Voir Des propositions fort dangereuses, L’Émancipation 6/2/2011 : http://www.emancipation.fr/spip.php...

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