Le Medef prêt à rouvrir le dossier des 35 heures

vendredi 20 septembre 2013.
 

Imperturbable, Pierre Gattaz poursuit sa croisade contre les prélèvements obligatoires qui menacent la compétitivité et demande une baisse des dépenses publiques. Nouveauté du jour : le Medef vient de créer une commission pour réfléchir aux moyens de sortir des lois Aubry sur la durée du travail. A terme, le Medef voudrait un dispositif décidé par branche ou par entreprise.

Pour sa première conférence de presse mensuelle, ce mardi 17 septembre, Pierre Gattaz a remis sur la table le sujet des 35 heures, un sujet dont on n’entendait plus trop parler avenue Bosquet, au siège de l’organisation patronale. Les lois Aubry ont été abordées une première fois par Pierre Gattaz pour le comparer avec le dispositif pénibilité contenue dans le projet de loi sur les retraites. En cause, le caractère systématique, décidé d’en haut, sans concertation préalable avec les partenaires sociaux, ni études d’impact. "La pénibilité doit être traité dans les entreprises, dans les branches", a estimé Pierre Gattaz.

Un sparadrap accroché au bout des doigts

Le deuxième assaut intervint à la fin de la conférence en réponse à une question, pour savoir si la fin des 35 heures faisait partie des pistes envisagées par le Medef pour réduire les dépenses de l’Etat. "Nous avons créé un groupe de travail au Medef sur les 35 heures", a alors répondu le président, comparant les 35 heures à un "sparadrap qui reste accroché au bout des doigts". Et d’ajouter "il faut aller au bout et réformer les 35 heures qui posent un problème de compétitivité pour les entreprises françaises." La solution esquissée par Pierre Gattaz consisterait à créer un "hebdomadaire de référence par branche ou par entreprise", en laissant les entreprises qui arrivent à se débrouiller actuellement libre de continuer à le faire. Cette possibilité devrait satisfaire les très grandes entreprises, qu’on sait réticentes à voir la question du temps de travail remise en cause. Lors des négociations consécutives à l’adoption de la loi sur les 35 heures, elles avaient obtenu de nouveaux équilibres avec les syndicats, qu’elles ne souhaitent pas voir forcément modifier.

Une commission pour déterrer le problème ?

Selon le patron du Medef, le ministre de l’Economie Pierre Moscovici n’a pas fait "preuve d’un enthousiasme fou" quand la question a été évoquée. Les contours et les personnalités nommées à la commission n’ont pas été précisés par Pierre Gattaz. Il a en revanche rappelé qu’Anne-Marie Couderc s’était vu confier la tête d’une commission Sphère publique qui fera très prochainement des propositions pour réduire les dépenses publiques, la grande priorité affichée du président du Medef. "Le but n’est pas de faire la révolution et de mettre les gens dans la rue. Les solutions existent, on les trouve dans les travaux de l’Ifrap, Rexecode, l’intitut Montaigne ou le Cercle des économistes" a-t-il précisé, en évoquant la réforme territoriale, l’étude de réaliser une embauche pour deux départs, ou encore la digitalisation du service public.

On connaît la formule de Clémenceau qui conseille de "créer une commission pour enterrer un problème". Elle s’applique aux gouvernements. Les mois qui viennent diront si elle est vaut aussi pour le syndicat patronal.

Christophe Bys


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