Comment le front de gauche peut-il capitaliser le mécontentement du peuple de gauche ?

lundi 22 juillet 2013.
 

Pourquoi ne capitalisons-nous pas suffisamment le mécontentement «  de gauche  », engendré par la politique néolibérale de François Hollande  ?

J’ai été jadis, quelque temps, professeur à Villeneuve-sur-Lot, terre progressiste. Le résultat des récentes élections législatives partielles de Villeneuve peut préfigurer les échéances électorales de demain. Il ne s’agit pas de ressortir le Chant des partisans, mais de se demander pourquoi, dans une crise sans précédent, nous avançons peu. En toute modestie, je voudrais avancer quelques possibles éléments d’analyse.

Le Front de gauche, belle et forte initiative du PCF, n’apparaît pas assez comme une alternative radicale aux partis «  du système  », au bipartisme, cette espèce de «  dictablanda  » (dictature démocratique molle), comme on dit en Amérique latine. Il est perçu comme trop peu lisible, et le plus souvent assimilé à un «  allié du PS  », donc, comptable et responsable du bilan.

Dans un contexte anxiogène, de colère, de trahisons à répétition, de crise des valeurs, il faudrait prendre garde à ne pas couler avec le Titanic… Malgré nos critiques fondées, réitérées, nos prises de distance argumentées. Notre stratégie largement unitaire peut ici et là nous faire apparaître comme adeptes du grand écart.

Nous butons également sur un autre handicap  : le Front de gauche est relayé par les médias comme une organisation «  extrémiste  », aux solutions économiques non viables, et renvoyé dos à dos avec l’extrême droite. Cette infamie doit être dénoncée plus vigoureusement, de même que l’insupportable stigmatisation de Mélenchon. En visant Mélenchon, les médias et l’ensemble de la classe politique cherchent à atteindre la crédibilité du Front.

Vu d’en bas, pour de nombreux électeurs, le Front de gauche reste encore une addition fragile d’appareils, aux expressions parfois cacophoniques… En dehors des campagnes électorales, il donne l’impression d’avancer avec le frein à main serré, avec des préventions internes… Après le succès d’initiatives ponctuelles, son manque de relais à la base laisse retomber le soufflé entre deux temps forts. Dans ces conditions, il est difficile d’impulser un grand mouvement populaire, une révolution citoyenne… Je considère qu’il n’y a nulle contradiction entre l’existence d’un Parti communiste menant la lutte des classes, ouvert, créatif, et une politique de front. Communiste et «  bien dans mes baskets  », il ne me paraît pas y avoir d’autre solution, pour une alternative anticapitaliste, que d’ouvrir bien grandes nos portes et nos fenêtres.

Par Jean Ortiz, universitaire.

Tribune libre dans L’Humanité


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