Serge Ayoub alias Batskin, un Mussolini au petit pied

vendredi 5 juillet 2013.
 

Menton en avant, poings serrés, Serge Ayoub sert chaque 13 mai aux spectateurs de l’hommage à Jeanne d’Arc, place des Pyramides à Paris, une mauvaise imitation de Mussolini. Son quart d’heure de gloire, le jour où il prend la lumière.

Lorsqu’en 2010, il relance Troisième Voie, cible – «  les travailleurs  » – et devise fasciste – «  Croire, combattre, servir  » – comprises, il ne s’imaginait sans doute pas sous les feux de la rampe. Car à son corps défendant, à part d’imbitables vidéos doctrinales sur Internet où il développe sa version personnelle de la lutte des classes, l’homme et son mouvement étaient jusqu’ici plutôt invisibles. Puis vint la mort, jeudi dernier, d’un jeune homme agressé par les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), sa création. À quarante-huit ans, Serge Ayoub s’est enfin fait un nom… sur celui de Clément Méric.

Amis de Klaus Barbie

Dans les années 1980, alors qu’il colle occasionnellement, contre rémunération, des affiches pour le RPR, Serge Ayoub s’appelle encore Batskin, référence à son accessoire de prédilection, la batte de base-ball. Bonehead (skinhead néonazi) reconnu dans le milieu, il compte à son actif quelques morceaux de bravoure, dont l’organisation d’une manifestation, en 1985, sous une banderole «  Les amis de Klaus Barbie  »… Fort de son aura, il fonde les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), qui intègrent Troisième Voie à l’automne 1987. Quelques dizaines d’hommes qui, dans les années 1990, forment aux côtés du GUD une force d’appoint au service d’ordre des réunions du Front national.

Quart d’heure de gloire malvenu

Sa carrière politique est jalonnée d’échecs. En 1993, deux ans après l’autodissolution de Troisième Voie par son créateur, Jean-Gilles Malliarakis, Ayoub remise la batte contre un bulletin de vote, pour les élections législatives dans les Hauts-de-Seine… que seulement 0,17 % des électeurs choisiront. Un score qui ne freinera pas le FN : selon Libération, il lui proposera de conduire sa liste aux municipales de 1995 à Stains (Seine-Saint-Denis). Sans succès, Batskin n’ayant pas pardonné au FN d’avoir « balancé » des noms de skinheads après le meurtre de Brahim Bouarram, noyé dans la Seine en marge d’une manifestation parisienne du parti. Skin un jour…

Tiré de l’ombre du Local, son bar parisien, siège de Troisième Voie, le fondateur des JNR a eu droit à un quart d’heure de gloire malvenu, avant dissolution.

Grégory Marin


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