Egypte : Grande manifestation ce 30 juin. MORSI dégage !

mardi 2 juillet 2013.
 

Différents articles publiés sur le site alencontre.org à propos de la situation en Egypte avec la préparation de la grande journée de mobilisation du 30 juin...Les auteurs en sont Jacques Chastaing et Charles André Udry

2) Hier, 29 juin 2013, l’Egypte pavoisait comme à la veille des jours des fêtes

A Itihadéya, les tentes en couleur se multipliaient, les jeunes distribuaient des grands autocollants rouges sur lesquels est écrit, enzel, descend, tandisque d’autres montaient des tribunes. Les voitures qui passaient devant le palais klaxonnaient en concert pour dire dégage à Morsi. De nombreux balcons des immeubles à Héliopolis brandissaient le drapeau égyptien, en guise de solidarité avec la rébellion.

A quelques kilomètres de là, Tahrir avait fait son plein vers 21 heures, des familles entières étaient venus avec femmes et enfants en dépit des mises en garde des groupes salafistes. Sur la tribune se succédaient les artistes et les politiciens et les feux d’artifice illuminaient le ciel de temps à autre anticipant une victoire qui est loin d’être obtenue.

à Zamalek, devant le ministère de la culture, le programme comprenait Zorba, dansée par la troupe de l’opéra, suivie du chanteur Ali El Haggar qui enflamma la foule.

Ailleurs dans toutes les grandes villes du Delta et du Sud l’atmosphère était similaire, et les gens chantaient une chanson très connue, ya aziz ya aziz, eneharda el waqfa we bokra el eid ; qui signifie aujourd’hui c’est la veille et demain c’est la fête

A Rabaa, le lieu où sont rassemblés les frères et soeurs qui croient toujours en l’islam est la solution, on a construit des toilettes en dur sur la place publique.

La meilleure nouvelle, c’est la décision prise par tous les syndicats ouvriers de participer aux manifestations et d’exercer des pressions par la suite pour faire chuter le régime/

L’Egypte qui n’a pas arrêté de contester depuis 3 ans, se soulève aujourd’hui pour se débarrasser une fois pour toute de l’occupant Ikhwan. Elle le fait, comme d’habitude dans la joie et le sarcasme en chantant et en dansant et en rigolant. Nous allons récupérer notre révolution du 25 janvier ; le 30 juin est un jour de grande fête.

La rébellion est la solution

G. El K.

1) Le 20 juin...

Depuis dimanche 16 juin et la nomination par le président Morsi de sept nouveaux gouverneurs membres des Frères musulmans et un du groupe terroriste Jamma Al Islamiya (responsable de l’attentat terroriste qui avait tué 58 touristes en 1997 à Louxor) dans la région de Louxor, les affrontements ne cessent pas devant ou dans les sièges des gouvernorats de plusieurs villes.

Ainsi à Menoufya, les routes d’accès au gouvernorat sont coupées depuis trois jours par des manifestants tous comme les câbles téléphoniques du siège du gouvernorat. Le bâtiment du gouvernorat de Fayoum a été saccagé. A Gharbeya, des combats ont lieu pendant que le siège des Frères Musulmans a été incendié, tout comme le siège du Parti de la Liberté et de la Justice (parti des Frères Musulmans) à Tanta et que le bâtiment du gouvernorat a été partiellement détruit et des armes de la police dérobées. A Damiette, le gouverneur n’a pas pu rentrer dans le siège du gouvernorat, bloqué par les manifestants. A Kafr el Sheikh le gouverneur a eu sa voiture brûlée pour la deuxième fois (déjà en février 2013) et sa maison attaquée au cocktail Molotov. A Mahalla, les affrontements ont eu lieu dans les rues de la ville tandis que les sièges des gouvernorats d’Ismaïlia, Daqahliya et Beni Souef, étaient bloqués par des sit-in tout comme celui de Louxor où les salarié·e·s du tourisme – portant des pancartes « Nous ne voulons pas des terroristes » – ont appelé à maintenir le sit-in jusqu’au départ du gouverneur. Enfin le bureau du député Sayed Askar, ancien responsable des Affaires religieuses au Parlement, a été saccagé.

En même temps la tension sociale grandit avec une inflation annuelle officielle de 8,2% (en mai) c’est-à-dire une augmentation des prix courants de parfois 40%. Le bureau des statistiques constatait ainsi une baisse des achats de 70%, les gens n’achetant plus que les produits de première nécessité.

Les coupures d’électricité et la pénurie de carburants ont provoqué ces derniers jours une recrudescence des tensions à proximité des stations service avec des bagarres voire des tirs d’armes à feu et de nombreux barrages routiers comme sur la route Le Caire-Alexandrie ou de voies de chemins de fer par une population exaspérée provoquant des blessés parmi les manifestants ou la police.

Dans ce contexte de difficultés économiques grandissantes on voit de plus en plus de gens réduits à piller les sites archéologiques comme à Beni Souef pour vendre des objets aux touristes, beaucoup d’enfants qui travaillent dès l’âge de 5 ans (on estime 1,6 million d’enfants de 5 à 17 ans travaillent surtout dans l’agriculture ou comme domestiques) et des grèves qui éclatent pour les salaires (record mondial de manifestations depuis le début de l’année 2013) comme dernièrement les employés de l’université d’Alexandrie qui ont occasionné sa fermeture.

La campagne de signatures dite « Rébellion » [voir sur ce site l’article et le post-scriptum publiés en date du 29 mai 2013] de l’ensemble de l’opposition vient d’annoncer qu’elle avait récolté plus de 15 millions de signatures déclarant l’illégitimité du président Morsi.

Elle appelle à une manifestation massive le 30 juin pour le départ immédiat du président par l’occupation illimitée de la rue et des places ou pour des élections présidentielles anticipées comme le réclament les libéraux, socialistes nassériens et démocrates. En attendant le pouvoir multiplie les arrestations et condamnations d’opposants pendant que des groupes salafistes appellent à manifester de manière permanente du 21 au 30 juin et à former des comités populaires pour protéger le palais présidentiel qui sera la cible de la manifestation au Caire. La révolution continue.

2) Le 24 juin...

Le dimanche 23 juin 2013, le président égyptien Mohamed Morsi a rencontré le ministre de la Défense, Abdel-Fattah el-Sissi. Le porte-parole du gouvernement, Omar Amer, a indiqué à la chaîne de télévision Al-Hayat que le président Morsi avait coordonné avec le ministre de la Défense leur intervention en vue des manifestations du 30 juin. Cette affirmation d’Omer Amer fait suite à une phrase utilisée par el-Sissi lors d’une conférence donnée à des responsables de l’armée : « Les forces armées sont restées hors des questions politiques dans la période passée récente. Mais notre responsabilité nationale et morale envers le peuple nous oblige à empêcher que l’Egypte s’engouffre dans le tunnel sombre de troubles et de tueries, de sectarisme et d’écroulement des institutions d’Etat. » El-Sissi a lancé un appel aux différentes forces politiques afin qu’elles engagent un dialogue et qu’elles protègent l’avenir du pays. L’enjeu déclaré du 30 juin : obliger Morsi à démissionner, suite à un référendum qui a réuni plus de 17 millions de signatures.

La réaction du président Morsi et du premier ministre Hicham Qandil face à l’assassinat de quatre chiites dans le village de Zawyat Abou Mousalam, région de Giseh, dimanche, a été assez ferme. Ce n’est pas un tournant dans la politique de discrimination touchant les chiites, c’est plutôt un discours qui veut présenter les enjeux de la mobilisation du 30 juin comme relevant d’une bataille communautaire.

Il semble évident que l’échéance du 30 juin marquera un moment important du soulèvement en Egypte, mais dans ces mobilisations s’exprime aussi, en dehors de l’opposition à Morsi et de la contre-attaque des Frères musulmans, un manque de perspective plus claire dans le camp anti-Morsi, anti-pouvoir des Frères musulmans. C’est dans cet espace politique que l’armée peut, à nouveau, placer ses pions, au nom de la sécurité du pays, d’autant plus dans un contexte de crise socio-économique profonde.

En Egypte, la journée de vendredi 21 juin 2013 a été marquée par de nombreuses manifestations, contre-manifestations et affrontements divers. Dix-huit partis islamistes, dont les Frères musulmans, avaient organisé une manifestation nationale au Caire, en faisant venir des gens de toute l’Egypte. Ils ont déclaré la participation de plusieurs centaines de milliers de manifestants. Par contre, les opposants indiquent des chiffres à hauteur de quelques milliers. Au vu des photographies, si elles ne sont pas retouchées, le chiffre de plusieurs dizaines de milliers semble crédible. Le but proclamé de la manifestation était de dénoncer la violence et les violences dont les partis islamistes seraient les victimes !

Le plus burlesque, c’est que beaucoup défilaient avec casque, bouclier et gourdin pendant que d’autres faisaient des démonstrations d’arts martiaux… et ils ont agressé les journalistes. Des pacifistes, en somme ! La presse occidentale a parlé de cette manifestation. Par contre, elle a maintenu le silence sur une autre manifestation anti-Morsi le même jour. En fait, il s’agit de plusieurs manifestations dans diverses villes en vue de la mobilisation centrale du 30 juin 2013. Au cours de ces diverses manifestations, des affrontements avec des forces gouvernementales ont eu lieu. Elles se sont déroulées dans les villes suivantes : Mansoura, Port-Saïd, Suez, Daqhliya, Kafr el Sheikh, Dosouk, Giza, Ismaïlia, Mahalla, Le Caire, Louxor…

Les Frères musulmans ont déclaré que 357 de leurs militants avaient été blessés par des manifestants anti-Morsi à Dosouk près de Kafr el Sheikh. Ils ont été assiégés dans une mosquée d’Alexandrie Al-Qaid Ibrahim. A Giza, c’est le siège du FJP (Parti de la liberté et de la justice), parti des Frères musulmans, qui a été attaqué. Au Caire, c’est la mosquée où Morsi était venu prier qui a été encerclée pendant que sa maison était la cible d’une manifestation des mères de victimes de la Révolution, obligeant le président à fuir. A Mahalla, le bâtiment des forces de sécurité a été assiégé. A Louxor, l’immeuble du gouvernorat est encerclé ; le gouverneur ne pouvait pas y avoir accès. A noter que des touristes se sont associés aux manifestations.

Une occupation illimitée a commencé sur la place devant le Ministère de la défense au Caire. Plusieurs manifestations et occupations sont programmées par un front de 34 partis et organisations dès le 22 juin, cela jusqu’au 30 juin ou/et jusqu’au départ de Morsi.

Vers un coup d’Etat militaire ?

L’homme fort de l’armée et ministre actuel de la Défense, Abdel Fattah El-Sissi a déclaré dimanche 23 juin que la situation en Egypte était semblable à celle qui avait rendu nécessaire l’intervention de l’armée lors de la chute de Moubarak début 2011. Il a souligné que l’armée était prête à nouveau à intervenir dans les affaires politiques du pays. En même temps, le pape des chrétiens coptes égyptiens, Tawadros II, a autorisé ses ouailles à se joindre aux manifestations du 30 juin alors qu’il avait été sur la réserve en indiquant qu’une prise de position était impossible dans la mesure où les membres de sa communauté étaient « dispersés » dans quelque 50 partis.

Enfin l’assassinat le dimanche 23 juin de quatre chiites [1] attribué à des sunnites (les Frères musulmans) ressemble à une provocation militaire ou policière pour tenter de dresser les chiites contre les Frères musulmans avant le 30 juin. Par ailleurs, un des leaders de l’opposition du FSN (Front de salut national), Mahmoud Al-Alayli, a déclaré de son côté que si Morsi tombait, ce serait bien que l’armée prenne le pouvoir provisoirement afin d’assurer l’intérim jusqu’à de nouvelles élections présidentielles anticipées.

L’armée se prépare-t-elle à lâcher les Frères musulmans si les manifestations du 30 juin prennent un tour insurrectionnel et à prendre le pouvoir, ce qu’elle avait refusé de faire lors des manifestations de décembre 2012 malgré les sollicitations du FSN ?

Samedi, une petite manifestation demandait à ce que l’armée prenne le pouvoir. Plusieurs manifestations avec la même orientation avaient eu lieu au cours des semaines précédentes. Cela indique que des anciens du clan de Moubarak poussent à cela, d’autant plus facilement que des dirigeants du FSN ne cessent de leur tendre la main et d’évoquer une gouvernance commune.

Cependant l’armée a déjà tenté un coup d’Etat en juin 2012, et a fini par reculer devant le soulèvement populaire que cette menace a provoqué. Ce qui a aussi fragilisé les réactions et l’adhésion aux ordres hiérarchiques de la part des soldats. Il en découla alors la possibilité pour les Frères musulmans de se saisir des instances gouvernementales. Il n’est pas certain qu’aujourd’hui les soldats soient plus fiables pour les autorités qu’à l’été 2012 et que le peuple dans la rue ne déjoue pas toutes ces manœuvres, comme il l’a fait jusqu’à présent. (24 juin 2013)

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[1] La communauté minoritaire chiite, dont l’ampleur quantitative est sujette à débat au sein de la société égyptienne, fait face à des discriminations et des persécutions de la part des partis islamistes sunnites. La publication Ahram Online (18 mars 2013) affirmait que, selon divers militants, « les médias égyptiens publient des histoires fausses concernant les chiites, les caractérisant comme des “mauvais garçons” qui travaillent pour l’Iran afin de diffuser l’islam chiite ». Il ajoutait : « Personne ne fait attention aux souffrances de ces Egyptiens ou même à leurs droits en tant que citoyens. » Divers témoignages sur Ahram Online insistent sur la campagne anti-chiite des Frères musulmans.

3) Le 25 juin...

En Egypte, le 24 et 25 juin, toujours des affrontements entre anti-Morsi et pro-Morsi à Fayoum, Mahalla, Kafr el Sheikh, Louxor, Alexandrie, Fouah, Le Caire…

A Louxor le gouverneur de la Jamaa Al-Islamiya a démissionné sous la pression des manifestants qui bloquaient le siège du gouvernorat. Les manifestants ont décidé de continuer leur blocage, car, en fait, comme l’a déclaré le porte-parole du Bazar de Louxor, c’est beaucoup plus qu’ils veulent. [La question du tourisme est vitale dans cette région.]

A Fouah, les Frères Musulmans se sont plaint que plusieurs magasins appartenant à des Frères Musulmans ont été pillés ou brûlé par des partisans de Al-Tayar Al-Sh’aby, coalition de mouvements socialistes. De plus ces derniers ont bloqué et assiégé plusieurs de leurs membres à l’intérieur d’une mosquée. Les Frères Musulmans dénoncent les atteintes à la propriété privée par ces socialistes qu’ils qualifient de voleurs et de voyous.

Au Caire les occupations des places devant les ministères de la Culture et de la Défense continuent. Il semblerait, d’après la presse, que des mères de jeunes tués par la police ont dansé sur le toit de la voiture de Morsi en scandant « Dégage Morsi ». Aux coins des rues, les vendeurs de rue, en plus des traditionnels drapeaux, vendent maintenant des cartes postales avec écrit dessus « Dégage Morsi ».

A Alexandrie une manifestation anti-Morsi a été attaquée au revolver. La presse est remplie de points de vue « que faire après Morsi » ?

L’agence IDC [qui se consacre aux thèmes du développement économique] vient de publier une nouvelle statistique sur les manifestations : 9247 en un an, soit une augmentation de 700% par rapport à la dernière année de pouvoir de Moubarak, mais aussi une augmentation de 100% au cours des derniers 6 mois de pouvoir de Morsi par rapport aux six mois précédents. Le 67 % ont pour origine des questions d’ordre socio-économique.

On constate des kilomètres de queue des automobilistes aujourd’hui, le 25 juin 2013, devant les stations services du fait du rationnement et des pénuries. Un camion transportant des bouteilles de gaz a été attaqué dans le Sinaï. Les banques demandent aux gens de ne pas retirer leur argent et affirment qu’elles resteront ouvertes le 30 juin 2013, jour de mobilisation nationale. Des conseils pratiques sont donnés dans la presse contre une montée de la criminalité après le 30 juin : où garer les voitures, est-il vraiment utile de retirer l’essence du réservoir, etc.?

Après que l’homme fort de l’armée Abdel-Fattah el-Sissi a annoncé que l’armée pourrait très bien intervenir dans les jours qui viennent, les Frères Musulmans, les salafistes, les libéraux et des « démocrates » l’ont assuré de leur soutien. La majorité de la presse écrit que l’armée a déclaré à travers l’intervention de Sissi qu’elle lâchait les Frères Musulmans et pourrait très bien assumer elle seule le pouvoir.

De là, certains voient une conjonction des événements dans ce sens : les juges ont décidé hier d’organiser un sit-in dans le Club des juges jusqu’au 30 juin ; le Comité électoral présidentiel vient de déclarer qu’il allait examiner la plainte du candidat de l’armée aux présidentielles Ahmed Shafik [Premier ministre du 31 janvier au 3 mars 2011 ; ministre de l’Aviation civile de 2002 au 31 janvier 2011, il restructure Egytair et fait construire de grands aéroports avec ce que cela implique comme « commissions » ; il est militaire de formation] jugeant le succès des Frères Musulmans frauduleux et délégitimant un peu plus Morsi ; des policiers ont tiré hier à Zagaziq [dans la basse Egypte, région est du delta du Nil, capitale du gouvernorat de Sharquia] sur des Frères Musulmans pour la première fois depuis la chute de Moubarak, les accusant d’avoir eux-mêmes tiré sur un officier supérieur ; une nette prise de distance des islamistes non Frères Musulmans à l’égard de ces derniers, ce qui ressemble à une débandade ; ainsi Al Nour (Parti de la Lumière), le plus grand parti des salafistes, est au premier rang de cette perte de « solidarité ».

Abdel Moneim Al-Foutouh – médecin, qui fut écarté, en 2009, du bureau exécutif (« conseil de guidance ») des Frères musulmans et se voulait aux côtés des « jeunes Frères musulmans » qui ont pris une part active à la révolution de 2011 – et, hier, Al Ahzar, dont les Sheiks ont dénoncé le massacre des chiites d’il y a deux jours l’attribuant au gouvernement Morsi [voir note 1 de l’article publié sur ce site en date du 24 juin 2013] viennent d’appeler, chacun de son côté, à la mobilisation du 30 juin.

Bref beaucoup pressentent une alliance de l’armée, de la police et de la magistrature pour prendre le pouvoir, soutenue par des islamistes non Frères Musulmans, des anciens de Moubarak, qui appellent de même au 30 juin, ainsi que de l’opposition du FSN (Front de salut national.

Morsi devrait faire une allocution mercredi 26 juin 2013 à la télévision. Certains pensent qu’il va proposer un référendum-plébiscite sur la question : « Faut-il que je parte ou que je reste ? »


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