Pour la laïcité, défendons Charlie hebdo ( par Nathanaël Uhl)

mercredi 7 février 2007.
 

Une caricature, oui, de procès. Les 7 et 8 février, l’hebdomadaire satirique Charlie hebdo comparaît devant le Tribunal de grande instance de Paris, pour « injure à l’égard d’un groupe de personnes en raison de leur religion ». Au nombre des plaignants : l’Union des organisations islamistes de France (UOIF - considérée comme proche des Frères musulmans), la Ligue islamique mondiale et... la Grande mosquée de Paris, dont l’avocat sera Me Spitzner, conseiller de l’Elysée. Au cœur de l’affaire, la publication par Charlie hebdo de caricatures du prophète Mahomet, initialement parues dans le quotidien conservateur danois Jyllands Posten.

Les plaignants mettent en exergue deux dessins : l’un représente Mahomet arborant un turban contenant une bombe et l’autre le prophète accueillant des kamikazes au paradis, avec la légende « arrêtez, on n’a plus de vierges ». Charlie est en sus poursuivi pour une « une » dessinée par Cabu, où, sous le titre « Mahomet débordé par les intégristes », le prophète se plaint : « C’est dur d’être aimé par des cons ».

Quoi qu’il en soit du goût, forcément discutable de ces dessins, ils ne justifient en rien qu’un procès soit intenté à Charlie. Le droit de la presse, la liberté d’expression et de caricature ainsi que les principes laïques exigent que l’hebdomadaire soit relaxé, afin qu’un exemple soit donné, clair et ferme. En France, nos principes sont établis et ne souffrent pas d’exception, car ils sont la garantie pour tout un chacun de vivre en bonne intelligence avec autrui, quelles que soient ses croyances, sa philosophie, son origine ethnique...

Pour nous, les poursuites dont fait l’objet Charlie hebdo visent à remettre en cause ces principes fondamentaux de la république laïque.

A cet égard, il n’est pas innocent que l’avocat de Jacques Chirac, ancien candidat de l’UMP aux législatives face à Arnaud Montebourg, défende la Grande mosquée de Paris. L’UMP ne fait pas mystère, comme le rappelle son candidat et encore ministre des cultes, de sa préférence pour une organisation communautariste de la société. C’est d’ailleurs Nicolas Sarkozy qui a donné - nous pesons nos mots - un tiers de la représentation des musulmans de France à l’UOIF, organisation dont la modération affichée ne résiste pas aux recherches les plus élémentaires.

A ce titre, nous devons soutenir Charlie hebdo, qui a exercé son ironie parfois amère envers l’ensemble des religions et dont l’engagement laïque ne se dément pas malgré les pressions.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message