Dans l’Amérique puritaine du début du XXème siècle les mesures relatives à la prohibition sont promues et soutenues par le « mouvement pour la tempérance », un mouvement principalement religieux désireux « d’élever le niveau de moralité ».

Mais la prohibition totale est néanmoins difficilement mise en place. Très vite on constate l’apparition de bars clandestins (speakeasies). Les alcools de contrebande (moonshines) qui y sont servis sont souvent frelatés. Car la production d’alcool échappe alors à tout contrôle et la qualité finale du produit est très variable. On recense de nombreux cas de buveurs atteints de cécité, de lésions cérébrales, ou de paralysie des mains et des pieds. Les producteurs d’alcool eux aussi sont parfois victimes de leurs distilleries clandestines, qui explosent régulièrement et provoquent des incendies. Singulièrement la prohibition aide la mafia à se développer et à étendre son contrôle sur le territoire américain. En mesure de mettre sur pied des filières d’importation et des fabriques alliées à un réseau élaboré de distribution illégale de boissons alcoolisées aux États-Unis, ils deviennent rapidement les fournisseurs principaux des speakeasies.

Au final la Prohibition a des effets inverses au but recherché : Les habitudes de consommation sont modifiées avec une augmentation de l’attrait pour les alcools fort par rapport au vin et à la bière dont le commerce est moins rentable. Les marchés noirs et les trafics augmentent la violence dans la société américaine à laquelle la police a du mal à faire face, quand elle n’est pas corrompue. Et l’État, privé des taxes sur l’alcool, s’appauvrit et s’affaiblit.

Le Président Roosevelet met fin à la Prohibition en avril 1933. Mais les effets demeurent : la qualité des alcools produits sur le territoire a grandement diminué : seules subsistent de grandes brasseries industrielles aux produits peu variés et peu qualitatifs tandis que les petites brasseries artisanales ont disparu durant les 17 ans de prohibition. Et surtout les réseaux mis en place par la mafia pour produire et distribuer de l’alcool perdurent, pour désormais d’autres sources de profits : drogues, prostitution, etc.

Aigline de Causans