Airbus : l’Etat doit jouer pleinement son rôle, et porter l’exigence d’une politique industrielle européenne (Conseil Général de la Haute Garonne)

samedi 28 octobre 2006.
 

Résolution présentée par Bertrand Auban, et le Groupe socialiste, adoptée à l’unanimité du Conseil Général.

Le Conseil Général de la Haute-Garonne considère que les conséquences possibles de la crise actuelle de l’entreprise Airbus, qui a suscité l’annonce d’un plan d’économies drastique, ne sont en aucun cas à passer sous silence. Les retards annoncés sur le programme A380, les difficultés qui ressortent de l’évolution des autres projets, ne peuvent pas être ignorés au seul motif d’une communication efficace de nos territoires.

Cette crise comporte des dimensions conjoncturelles, mais aussi sans conteste structurelles. Les compétences de l’entreprise et de ses salariés ne sont pas en cause, l’A380 en particulier s’affirme toujours comme un produit hautement compétitif. Airbus conserve ses atouts, et la Haute-Garonne est plus que jamais un site propice au déploiement de l’activité aéronautique. Mais cela ne doit pas nous empêcher d’analyser la situation actuelle avec lucidité. Les implications de cette crise risquent d’être multiples, au moment même où la situation économique de la France est marquée par un déficit commercial particulièrement élevé.

Le Conseil Général a conscience, et l’a en particulier démontré par son soutien à la zone aéroconstellation à travers sa politique routière, de l’importance stratégique de l’activité aéronautique pour l’agglomération toulousaine, la Haute-Garonne, Midi-Pyrénées, et au-delà encore la nation française et l’Union européenne.

Quelques chiffres simples attestent de la gravité de l’enjeu : Airbus compte 57 000 employés en Europe. 24 700 Hauts garonnais travaillent dans l’aéronautique, au sein de 412 établissements. Airbus travaille avec 12 000 fournisseurs. Or le plan d’économies annoncé comporte des objectifs élevés : baisse de 30 % des coûts, gel des embauches, interruption de contrats avec la sous-traitance. Si nous ne mesurons pas à ce jour toutes les facettes de ce plan, les actionnaires principaux et les dirigeants ont évoqué la possibilité de pertes nettes d’emploi, et d’une remise en cause de l’équilibre actuel entre les sites de production.

Le Conseil Général ne considère pas, contrairement à la position qui a été exprimée par le Ministre de l’économie du gouvernement français, que l’annonce du « plan énergie 8 » est l’étape ultime de cette crise. Il refuse que les nombreuses implications de ce processus soient ignorées, en particulier par l’Etat, garant de la cohésion économique et sociale dans le pays. L’Etat ne peut pas se contenter d’une communication de court terme, destinée uniquement à influer sur les anticipations des acteurs financiers. Ce serait une vision bien étroite de sa responsabilité.

Des mesures doivent être prises par l’Etat pour permettre à l’industrie aéronautique, en particulier aux nombreuses entreprises impliquées dans la sous-traitance d’Airbus, de surmonter au mieux cette crise. C’est bien la survie de l’emploi, mais aussi la pérennité indispensable de compétences précieuses, qui sont en jeu.

Cependant, une telle politique d’accompagnement de la crise « en aval » ne doit pas exonérer l’Etat :

- de jouer son rôle d’actionnaire (15 % du capital d’EADS), en cherchant à défendre au mieux les intérêts des salariés et des sites installés en France.

- d’ériger le redressement de la situation de l’aéronautique en priorité urgente d’une politique industrielle européenne, discutée au plus haut niveau des nations.

- d’ouvrir le débat au plan européen sur la politique monétaire actuellement mise en œuvre par la BCE, le rapport entre le dollar et l’euro étant une des causes des difficultés générales de l’industrie européenne.

Les causes actuelles de la crise ne procèdent pas d’insuffisances de l’activité réalisée à Toulouse, qu’aucun diagnostic, qu’aucun dirigeant, n’ont remis en question.

Ainsi, le choix de Toulouse comme site privilégié de l’activité aéronautique d’EADS doit être absolument confirmé.

Le Conseil Général s’oppose à l’idée selon laquelle Airbus souffrirait d’une intervention publique trop intense. Au contraire, l’Etat français, parmi les autres Etats concernés, doit être particulièrement actif en cette période, compte tenu de l’enjeu immense que représente la restauration d’une pleine efficacité de l’entreprise.

Alors que la question de la composition du capital d’EADS apparaît ouverte, le Conseil Général demande en particulier à l’Etat de veiller absolument à ce qu’EADS et Airbus restent le fer de lance d’une politique industrielle européenne. La prise de contrôle d’EADS par d’autres acteurs serait à même de faire courir à l’économie, à la cohésion, à la sécurité européennes, des risques particulièrement graves.

Pour finir, cette crise souligne encore plus fermement l’urgence d’une politique d’aménagement du territoire, dont le TGV Paris-Toulouse est un élément central, susceptible de consolider la compétitivité de notre département. Nous attendons aussi avec impatience les décisions de l’Etat sur ce point.


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