22 mai Bientôt des cours universitaires en anglais ?

mercredi 22 mai 2013.
 

Il y a de multiples raisons de s’opposer au projet de loi sur l’enseignement supérieur qui sera défendu le 22 mai à l’Assemblée nationale par Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

L’une des dispositions de ce texte suffit déjà pour que le PG s’y oppose : l’article 2 qui prévoit la possibilité de dispenser les enseignements en « langue étrangère », c’est à dire en anglais. Elle est révélatrice de la vision purement – et faussement - utilitariste qu’a le gouvernement de l’Université et du travail scientifique.

L’argument avancé est que, dans la mesure où le français constituerait un obstacle à la venue de brillants étudiants étrangers dans nos universités, il faut leur faire cours dans la seule « langue internationale » que serait l’anglais.

Cette posture est une accumulation de contresens et de gravissimes fautes politiques :

- les étudiants étrangers qui aspirent à venir en France ont des raisons particulières de le faire. Ils sont parfaitement capables d’apprendre en peu de temps la langue française, surtout dans leur domaine de spécialité ;

- s’ils veulent des enseignements en anglais, il ne manque pas d’universités des pays anglophones pour les accueillir. Pour eux, l’original sera toujours préférable à une copie plus ou moins approximative ;

- les étudiants étrangers (Chinois, Brésiliens, etc.) ne maîtrisent pas nécessairement l’anglais ;

- les étudiants venant de pays francophones, en premier lieu d’Afrique, auront tout lieu de se sentir trahis puisque c’est la France elle-même qui renoncerait au français comme langue de la connaissance scientifique ;

- quant aux étudiants français eux-mêmes, ils seront censés parler l’anglais comme si la France était un pays officiellement bilingue. Faut-il rappeler que l’article 2 de la Constitution dispose que « la langue de la République est le français » ?

Si l’on ajoute à cela que les enseignants devraient désormais être sélectionnés non plus simplement sur leur compétence, mais aussi sur leur capacité à s’exprimer en anglais, on mesure l’étendue des bouleversements que propose Mme Fioraso.

On reste pantois devant un aveuglement aussi suicidaire qui revient à dévaloriser l’excellence de l’enseignement et de la recherche français et en français, et à faire une croix sur la francophonie pour un bénéfice nul. On ne peut expliquer un tel reniement que par des raisons idéologiques, par un atlantisme linguistique qui accompagne une aspiration à la servitude volontaire vis-à-vis du monde anglo-saxon, caractéristique notoire des « élites » françaises.

Le Parti de gauche condamne catégoriquement le projet de loi de Mme Fioraso et appelle les députés et les sénateurs à le rejeter.


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