« Il est urgent de changer de République, affirmons-le le 5 mai ! »

samedi 4 mai 2013.
 

Le dégoût parcourt une grande majorité de nos concitoyens depuis quelques jours. Les révélations autour de l’affaire Cahuzac auront réussi à faire oublier l’affaire Sarkozy, c’est dire où nous en sommes… ! Certains intellectuels ou commentateurs de haut vol courent stations de radio et plateaux télé pour expliquer au bon peuple, en serviles défenseurs de l’oligarchie, qu’il ne s’agit pas d’une crise de régime, mais simplement d’une faute morale individuelle. A l’heure de l’idéologie libérale de la rentabilité à tout prix et en tous lieux couplée au principe de responsabilité individuelle, il ne fallait bien sûr pas s’attendre à autre chose de la part des chiens de garde du système. Or il est grand temps d’affirmer que la république, dans sa cinquième version, est arrivée à une situation de déclin telle qu’un sursaut citoyen s’impose pour sortir d’un carcan normatif qui assujetit notre peuple. Ce n’est pas l’idée de République qui est en cause, elle s’est toujours définie par la lutte contre toute forme de domination. En France, depuis les Lumières et la Révolution française, c’est par la République que le peuple a trouvé la forme politique concrète pour son émancipation. C’est au contraire précisément que cette république n’en est plus une. L’état de corruption des moeurs et des pratiques, le mélange des genres entre politique, finance et médias est arrivé à un niveau tel que le contrat républicain, celui qui fait que le peuple se reconnaît unanimement dans ce qui est son fondement politique, est rompu. Et une république en déclin, dont le peuple ne se réapproprie pas la charge, finit par se transformer en son contraire, la tyrannie. Or que voulons-nous aujourd’hui ? Nous voulons sortir des politiques austéritaires qui nous affament et nous plongent dans la précarité et la misère, nous voulons reconquérir pour cela notre qualité de peuple libre, nous voulons retrouver notre souveraineté, bafouée par des années de mensonges et de trahisons, dont la plus criante fut l’adoption du Traité de Lisbonne par le congrès alors que le peuple français avait par une majorité claire rejeté le TCE en 2005.

La soumission aux impératifs de la concurrence libre et non faussée, la domination de l’argent au détriment de l’humain, ça suffit comme cela ! Nous devons désormais remettre le peuple au centre de la communauté politique, au centre de la construction civique nationale. Pour ce faire, pour se réapproprier ainsi le politique en ses fondements, il n’existe qu’une option pour le peuple : reprendre les rênes de son destin collectif, redessiner les normes fondamentales, reprendre le travail constitutionnel à son commencement pour fonder une nouvelle République. L’exigence d’une constituante est un impératif pour le peuple, seul souverain. Si nous ne reprenons pas la main pour écrire les nouvelles règles les plus essentielles de notre vie commune, les règles constitutionnelles, alors notre pays ne cessera de dériver dans une spirale oligarchique qui d’affaires en révélations, de déceptions en désillusions, mettra fin à une citoyenneté républicaine déjà bien amochée. Nous marcherons le 5 mai prochain – jour anniversaire de la première année d’une présidence qui n’a rien changé et de l’ouverture des Etats généraux de 1789 qui avait tout changé -, nous marcherons par dizaines de milliers sur Paris pour exiger une sixième République et la mise en place à cette fin d’une assemblée constituante. Nous marcherons pour qu’une République du peuple, pour le peuple et par le peuple dessine l’avenir de notre patrie. Nous marcherons pour écrire une nouvelle page de notre histoire, car la République, c’est l’intérêt général générateur de vertu collective et non l’intérêt particulier pourvoyeur de corruption, la République c’est nous, le peuple en lutte contre la domination politique, économique, sociale et médiatique, en lutte pour sa liberté et l’égalité entre les citoyens, et ce n’est pas eux, les oligarques fossoyeurs de l’idéal républicain.

par Christophe Miqueu, bureau national du Parti de Gauche, maître de conférences en philosophie politique


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