Ségolène Royal doit gagner cette élection mais gagner : pour quoi faire ? (Alain Renaut)

lundi 9 avril 2007.
 

Un courriel circule en ce moment sur le net qui fait état d’un sondage qui serait issu du CEVIPOF(Centre d’Etudes de la Vie Politique en France), information difficilement vérifiable, qui donnerait les résultats suivants : premier tour des élections présidentielles : LE PEN arrive en tête avec 20%, suivi de SARKOZY à 19%, puis SEGOLÈNE ROYAL à 18%, BAYROU à 11% et le total de tous les autres candidats de la Gauche de la Gauche, avec à peine 5% tous réunis...Outre que le total des pourcentages est de 73%, où sont passés les 27% qui restent, sans doute chez De Villiers, Dominique Voynet ou encore chez le chasseur de CPNT qui ne sont pas cités.

Il est plus vraisemblable que ce courriel circule pour faire peur, qu’il pourrait être écrit par monsieur Hollande le chantre du vote utile !

Si par malheur cette hypothèse devait se réaliser, je prends date dès maintenant ; il serait, à mon sens hors de question que la gauche appelle à voter pour Sarkozy (Le front national je n’en parle même pas) ; on a vu le résultat avec Chirac qui, élu avec les voix de gauche, a laissé faire une politique ultra droitière par ses thuriféraires. Comme avait dit le regretté camarade Duclos en 1969, « c’est bonnet blanc, blanc bonnet » !

Si par malheur cette hypothèse devenait réalité, et là aussi je prends date, la responsabilité d’un tel cataclysme réitéré, reviendrait à 100% au seul Parti Socialiste. Cette fois pas de boucs émissaires, pas de candidat Chevènementiste ou radical à l’horizon. Les socialistes devront assumer seuls, comme ils ont choisi seuls leur candidate ; ils n’ont pas tenu compte de leurs partenaires, il n’y a pas eu de primaires à gauche et comme je l’ai déjà dit, ils n’ont rien fait depuis 2002 pour changer le mode d’élection du président de la république, prévu par la loi constitutionnelle de 1962.

Ils ont pensé que l’alternance jouerait encore cette fois, tel l’essuie glace !

Par leur attitude avec la gauche antilibérale (y compris avec les nonistes du PS) ils ont privilégié le régime bipartiste, ils ont méprisé les alternatives et la charte antibérale de 129 propositions concrètes.

Oui, Ségolène Royal doit être au second tour et gagner cette élection.

Les électrices et les électeurs de gauche le savent dans leur ensemble mais se posent beaucoup de questions. Gagner, pour quoi faire ?

Le programme du parti socialiste, qui n’est qu’un catalogue de mesurettes de gestion courante, n’est pas un projet politique !

Dans ce programme, il n’y a pas de remise en cause des effets de la mondialisation, pas de remise en cause du capitalisme financier et boursier, pas de remise en cause des accords de l’OMC (l’organisation mondiale du commerce) et de son corollaire l’AGCS (l’accord général du commerce et des services) véritable fossoyeur des services publics. Il n’y a pas de remise en cause du partage des richesses ; 12% du PIB est passé, en 25 ans, de la rémunération du travail vers le capital, pas de remise en cause de l’euro fort qui plombe l’économie et qui est la principale raison des soucis actuels d’Airbus.

Il n’y a pas non plus de prise en compte de la désespérance des couches populaires en matière d’emploi, en matière de pouvoir d’achat, en matière de qualité de vie. Ce n’est pas la promesse du smic à 1500 euros brut d’ici 2012 qui fait rêver, alors que des milliers de travailleuses sont au temps partiel imposés. Il faudrait plutôt parler d’un smic à 15 euros....de l’heure !

Il n’y a pas non plus, de remise en cause de la politique européenne désastreuse et pourvoyeuse de chômage. A ce sujet, je cite un extrait de l’excellent livre de Jean Pierre Chevènement « la faute de Monsieur Monnet » : « ...les statuts de la banque centrale et les critères de convergence fixés par le traité de Maastricht : plafonnement du déficit budgétaire et de l’endettement notamment. C’est ainsi que l’Europe s’est trouvée dotée d’un carcan déflationniste dont le principal mérite était de préserver les avoirs des possédants : la banque centrale augmente ses taux dès que le risque d’une inflation approchant 2% apparaît, maintenant un chômage de masse d’environ 10% de la population active (de chômage réel et non du nombre contestable de chômeurs), chômage censé garantir l’économie contre la perspective d’une accélération du taux de l’inflation. C’est le système du « NAIRU » (Non accelerating inflation rate of unemployment) dont les gouvernements n’ont jamais discuté mais dont la banque centrale a fait en toute indépendance le cœur de sa politique monétaire. »

Personne au PS ne parle de ce système, il n’y a que Jean Pierre Chevènement et Jacques Niconoff d’ATTAC pour en faire état.

Oui Ségolène Royal doit gagner et mettre en œuvre une politique réellement de gauche !

Si elle reste arc-boutée sur son pacte présidentiel alors.... et là encore je prends date, en 2012 le Front National sera à 30%.

Alain Renaut


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