Pendant qu’à l’ONU s’organise la partition du Congo Kinshasa, Hollande regarde ailleurs

mercredi 27 mars 2013.
 

Au lendemain de la signature le 24 février 2013 de l’accord de paix des Nations unies pour la stabilisation de la partie Est de la République Démocratique du Congo, il apparait désormais clairement que le soutien des Etats-Unis à cet accord n’est pas le fait du hasard. Cet accord-cadre, considéré comme un plan régional de paix par son concepteur, avait été présenté pour la première fois le 28 janvier au sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, mais huit dirigeants africains en majorité originaires de l’Afrique des Grands Lacs lui avaient réservé une fin de non recevoir. Plutôt réticente sur le projet, la SADC (Communauté de Développement de l’Afrique australe) a été presque réduite au silence, obligée de s’allier à la position des Nations unies. Or Washington est prêt à accompagner l’ONU pour appliquer la thérapie de la paix en RDC contre la partition du pays.

Dans une intervention le 11 février 2013 devant le think tank étatsunien, The Brookings Institution, le sous-secrétaire d’État aux Affaires africaines, Johnnie Carson, a formellement réitéré l’appui des États-Unis à un processus de paix sous l’égide de l’ONU pour la RDC en précisant que « la seule manière de procéder consiste à adopter une solution subtile bénéficiant de l’appui de la communauté internationale ».

Cette solution-miracle, selon Johnnie Carson, c’est-à-dire la paix contre la partition du pays, est celle qui a été expérimentée en Yougoslavie et au Soudan. The Brookings Institution a conçu l’idée selon laquelle la gouvernance et le respect des droits humains sont absents dans plusieurs pays africains qui se distinguent par leur étendue géographique et la densité démographique de leurs populations. Prenant le cas de la RDC, The Brookings Institution soutient que l’immensité de son territoire serait à la base des problèmes de gouvernance et autres conflits politiques qui secouent le pays. Cette conception fait le lit de la balkanisation de la RDC.

De la même manière, Steve Hege, coordonnateur du groupe des experts des Nations Unies sur la RDC, a déclaré devant une sous- commission de la chambre des représentants états-uniens, que la guerre qui sévit voici plus d’une décennie à l’Est de la RDC entre dans le cadre de la stratégie régionale rwandaise consistant à pousser à la création d’un Etat fédéral autonome à l’Est de la RDC. La création d’un tel Etat, confirme le chef des experts onusiens, profiterait économiquement à Kigali et la guerre qui se déroule à l’Est vise à créer cet espace.

Que dit cet accord-cadre ? Il incite la RDC à rétablir la démocratie et la réforme structurelle des institutions de l’Etat mais surtout à effectuer des progrès en matière de décentralisation. Il est demandé à la RDC d’empêcher les groupes armés de déstabiliser les pays voisins mais il est simplement demandé à la Région (sans nommer les bras armés des USA que sont le Rwanda de Kagamé et l’Ouganda de Museveni) de ne pas tolérer ni fournir une assistance ou un soutien quelconque à des groupes armés. L’ONU contredit ainsi le rapport de ses propres experts qui identifie clairement les responsables de ces pays dans la déstabilisation de la RDC.

L’accord en cours de signature entre le mouvement rebelle M23 et le gouvernement de Kabila risque de consacrer la main-mise de ces rebelles sur l’Est du Congo et de façon plus générale, des intérêts rwandais sur l’ensemble du pays surtout dans la police et l’administration, avec la complicité du pouvoir en place.

Le Parti de Gauche met en garde contre cette partition annoncée et exige du gouvernement français qu’il cesse immédiatement le soutien en formation et en équipement de la police congolaise.

Le Parti de Gauche dénonce la soi-disant « concertation » souhaitée par Kabila et soutient la volonté politique des partis d’opposition congolais de mettre en place un dialogue national avec une médiation internationale.

Le Parti de Gauche engage le gouvernement français à sortir de son indifférence à l’égard de cette situation dramatique pour le peuple congolais qui souffre par ailleurs du non-développement et de la misère afin de faciliter ce dialogue par tous les moyens diplomatiques à sa disposition.

Jeudi 21 Mars 2013 Commission Afrique du Parti de Gauche


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