Christiane Taubira : « Je ressens l’impatience »

vendredi 2 février 2007.
 

Dans un entretien pour "www.Marianne2007.info", Christiane Taubira (députée de Guyane), et nouvelle "déléguée à l’expression républicaine" de Ségolène Royal exprime sa position.

« La question n’est pas de mettre un coup de barre à gauche plus ou moins, la question est de savoir si on répond aux attentes des gens. La candidate a souhaité être encore dans sa phase de consultation et d’expression des gens. C’est sur la base de la plateforme présidentielle qu’on verra si c’est assez à gauche ou pas. »

« Je comprends l’impatience, moi je ressens cette impatience même si je respecte le calendrier. Car sur le fond je veux qu’on puisse critiquer, enrichir, discuter ces propositions. Donc je ne participe pas en tant que tel à la rédaction c’est-à-dire que je n’ai pas une plume à la main, mais je participe au débat, je participe à nourrir la réflexion, je participe par rapport à tous ces combats que je porte avec moi. »

« Par exemple, je suis très attaché à la question du lien civique et social , il y a des politiques ciblées à faire non pas pour des catégories de personnes parce qu’elles ont plus notre affection que d’autres, mais parce que des politiques publiques par le passé ont fait que des personnes par millions ont été exclues et marginalisées. »

« Il faut donner des missions aux politiques publiques. Il faut une politique publique d’éducation qui soit égalitaire et pour qu’elle soit égalitaire, il faut qu’elle soit ciblée à certains endroits. Il faut qu’on rattrape à certains endroits, il faut qu’on égalise par l’inégalité c’est-à-dire en faisant un effort plus important. »

« J’ai surtout lutté contre la partie 3 de la Constitution. Je ne suis pas au PRG par hasard, mais je suis très attachée à une Europe fédérale. Je pense qu’il faut une architecture pour permettre l’élaboration d’une politique publique européenne qui soit audacieuse sur le plan des services publics, par exemple, audacieuse sur le plan de la diversité des territoires, audacieuse sur l’harmonisation fiscale et sociale. C’est pour cela que j’ai fait campagne pour le non car j’étais sur un oui critique depuis très longtemps. Compte tenu des conditions de non révision, puisqu’il n’y a pas de procédure de révision, cela revient à faire un véritable hold-up sur les générations futures.

Je pense qu’il faut cesser d’esquiver l’opinion publique. Autant il faut savoir dire que l’opinion peut avoir tort mais il ne faut pas fuir l’opinion publique. On a vu la rupture entre la voie parlementaire qui aurait ratifié le traité à 80% et l’opinion qui l’a rejeté à 50%. Cela reste sage de revenir devant les peuples européens en leur proposant solennellement et symboliquement de ratifier ensemble la construction européenne par l’adoption d’une vraie constitution. La voie référendaire est sage. Ça reste sage de revenir devant les peuples européens et de leur proposer de ratifier ensemble la construction européenne. »

« Il n’y a pas une question dans la société française, mais une question du rapport à la différence. Il y a une question du rapport aux noirs, au pluriel. Ceux qu’on appelle noirs sont Français. Mais ils peuvent être étrangers, en situation régulière ou pas. On a une très grande diversité. Ceux qui sont Français et qui viennent d’Outre-mer n’ont peut-être pas les mêmes problèmes ou le même statut que ceux qui viennent d’Afrique. Il faut dire comment on fait société ensemble, comment on fait identité commune dans une diversité de cultures et de trajectoires. Mais arrêtons de parler de comptage ethnique. Il n’y a pas d’ethnie noire en France, mais un vrai problème avec la différence. Mais il faut compter la non-représentation de la diversité, le refoulement systématique sur la base de la couleur, du nom, pour un emploi ou un logement. »


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