L’avenir du PG

mercredi 9 janvier 2013.
 

Le PG est l’innovation politique majeure à gauche en France depuis trente ans. Et pourtant le PG est né par défaut car ceux qui ont initié le PG étaient partisans d’un parti unique à la gauche du PS sur le modèle de Die Linke. Mais comme nos partenaires de gauche voulaient tout à la fois conserver leurs identités politiques (à commencer par le PCF) et faire alliance, la solution passait par la construction du Front de gauche : celui-ci a été initié dans les élections européennes de 2009 puis vu l’engouement qu’il a produit il a su traverser les échéances locales toujours délicates (des élections régionales en 2010 et cantonales en 2011) avant de prendre l’envol qu’on connaît dans la mère des batailles de l’élection présidentielle.

Cette construction originale à la gauche du PS nous a amené à concevoir un Parti différent :

- d’abord par son nom qui le laisse ouvert à toutes origines à gauche et il est vrai que nous nous y retrouvons des origines diverses : anciens socialistes, anciens communistes, anciens trotskystes, anciens issus du républicanisme chevénementiste, ou anciens membres de partis écologistes, voire anciens anarchistes ou anarcho-syndicalistes, et très souvent sans appartenances politiques préalables syndicalistes ou militants associatifs ou laïcs ou tiers mondistes qui voient la nécessité d’un engagement politique ;

- ensuite ces origines différentes ne sont pas dans le PG des identités auxquelles nous nous accrochons et bien au contraire en nous définissant comme un parti creuset nous cherchons à reprendre ce qu’il y a de meilleur dans toutes ces traditions pour définir un horizon émancipateur et révolutionnaire pour le temps présent ;

- enfin parce que justement nous sommes partisans d’un parti unique à la gauche du PS pour nous le PG est transitoire, ce n’est pas une fin ce n’est qu’un moyen et qu’une étape.

Cette méthode a marché : lors du premier congrès en février 2009 nous étions 3500 (et 80 dans le 34) puis lors du 2ème congrès au printemps 2011 nous étions 6000 (dont 140 dans le 34) et fin décembre 2012 en adhérents à jour de leurs cotisations nous sommes plus de 12 000 en France et plus de 350 dans l’Hérault et plus de 700 dans la région Languedoc Roussillon. Cette progression est extraordinaire et significative.

Cela nous oblige à deux choses à mon avis : une concerne le fond de notre programme et l’autre concerne la forme parti elle-même.

Le programme : le PG a été à l’initiative de deux éléments programmatiques essentiels qu’il lui faut approfondir.

- D’une part le concept de révolution citoyenne qui contient la forme que peut prendre l’émancipation contemporaine qui doit mêler à la fois mobilisations sociales et participation électorale en s’inspirant des modèles sud américains ; la révolution citoyenne réunifie l’exigence démocratique sur le plan politique et l’émancipation sur le plan social ; Elle inspire tous nos actes. Or dans ce domaine nous restons trop souvent au slogan et il faut apprendre à tous les échelons (nationaux comme locaux) à lui trouver des traductions précises qui mettent en œuvre cette radicalité concrète qui la caractérise.

Le deuxième concept essentiel est celui de « planification écologique » qui nous permet aujourd’hui de redéfinir un projet socialiste pour le 21ème siècle : l’écosocialisme. On aura l’occasion d’y revenir puisqu’après le succès des assises nationales de l’écosocialisme le 1er décembre nous préparons des assises régionales à Clermont l’Hérault le 26 janvier 2012.

La deuxième obligation concerne la forme parti : car cette forme parti est à la fois indispensable et en même temps à dépasser. Indispensable car sans cette organisation en parti nous n’aurions rien pu faire car nous aurions été dépendants des puissants. Le parti est une condition de l’indépendance et donc de notre liberté. Mais en même temps il nous faut savoir dépasser cette forme. Sans le savoir nous véhiculons encore des formes d’organisation du passé qui sclérosent la vie politique. Cet apprentissage d’un nouveau système partisan émancipateur ne se fera pas en un jour mais il faut toujours l’avoir à l’esprit.

J’aurai l’occasion d’y rentrer en détail dans la préparation de notre congrès ; mais juste une remarque : quand nous avons un débat interne faisons le en imaginant qu’il est public et que tout le monde peut nous voir et nous entendre. Nos paroles doivent être claires et compréhensibles de tous. Cette façon ouverte de nous construire est vitale et conditionne le fond programmatique comme la stratégie. Avec un parti de plus de 12 000 le PG est à l’épreuve de la maturité où il doit à la fois conserver son élan révolutionnaire et s’assurer de son efficacité dans l’action. Et cela il doit le faire en gardant au cœur du Front de gauche sa perspective de l’unité de l’autre gauche capable d’offrir une alternative gouvernementale à la soumission socio libérale.

Deux mots sur Dolez Il est effectivement triste de le voir partir. Mais cela ne m’étonne guère. On ne l’a guère entendu depuis les débuts du PG et nous avions eu l’occasion de l’accueillir à Montpellier en février mars 2011 et j’avais ressenti chez lui déjà une crainte que le PS nous fasse payer notre indépendance en se reportant mal sur nous au second tour. Bref sa réélection semblait passer avant notre indépendance politique. Ce qu’il affirme dans sa tribune à Libération est le contraire de ce que défend le PG et notamment ce que j’ai développé ci-dessus. Il est donc normal qu’il s’en aille. Simplement il aurait mieux valu qu’il le dise avant que le PG lui donne l’investiture ! et qu’il se fasse réélire en toute clarté sur ses bases. Cela est d’autant plus dommage qu’au moment même où il quitte le PG des élus socialistes régionaux du Nord quittent le PS et rejoignent le PG pour former un groupe au conseil régional avec des élus écologistes en rupture avec EELV.


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