Les “dépités” du hollandisme rêvent d’une autre majorité

mercredi 2 janvier 2013.
Source : Le Monde
 

Il y a des mots qui ne trompent pas. Mercredi 12 décembre, la sénatrice de Paris Marie-Noëlle Lienemann, figure historique de l’aile gauche du PS, organise un “colloque unitaire” avec son club Gauche Avenir, dont l’objectif est clair : “Rassembler une majorité à gauche” pour “préparer une alternative”.

La double expression rappelle celle utilisée depuis peu par Jean-Luc Mélenchon, le leader du Front de gauche. Le quatrième homme de la présidentielle, qui a déjeuné la semaine dernière avec son ancienne camarade socialiste, ne cesse de plaider pour la formation d’une “majorité alternative” autour de l’aile gauche du PS et d’une partie d’Europe Ecologie – Les Verts (EELV).

PARTI DE GAUCHE, PC, PS…

Une coalition virtuelle que l’on retrouve à l’identique dans le programme du colloque. Si M. Mélenchon ne peut être présent – il rend visite aux ouvriers d’ArcelorMittal à Florange (Moselle) –, sa coprésidente du Parti de gauche (PG), Martine Billard, sera là, comme Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, et Emmanuel Maurel, leader de l’aile gauche du PS. Jean-Vincent Placé, président des sénateurs écologistes, a annulé à la dernière minute sa participation pour cause de voyage au Maroc avec Jean-Marc Ayrault.

Au menu des débats, “compétitivité, emploi et redressement industriel”, soit les piliers principaux de la politique économique de l’exécutif. De là à y voir l’ébauche d’un contre-gouvernement, la tentation est grande. “Sans être un contre-gouvernement, on veut créer un rassemblement permanent des forces de gauche reposant sur la stratégie du Front populaire”, explique Mme Lienemann.

La sénatrice et ses amis de l’aile gauche socialiste font le même pari : le tournant “social-libéral” engagé par François Hollande ne peut conduire qu’à une impasse et à un éclatement de l’actuelle majorité. “Notre politique globale n’est pas en phase avec les attentes du peuple et de nos électeurs de la présidentielle, estime M. Maurel. Si on les consultait sur la hausse, même limitée, de la TVA, sur les 20 milliards d’euros du crédit d’impôt compétitivité emploi sans contreparties ou sur l’accord avec Mittal à Florange, ils seraient contre.”

CONJURER LA MAIN TENDUE AUX CENTRISTES

Craignant et souhaitant conjurer une éventuelle main tendue de l’exécutif en direction des centristes en cours de mandat, l’aile gauche du PS veut prendre date. “On construit l’hypothèse d’une union de toute la gauche pour la deuxième partie du quinquennat, assume Mme Lienemann. Si, demain, la situation sociale se tend, François Hollande n’aura d’autre choix que de se tourner vers sa gauche.”

Un diagnostic partagé par le PG, qui accueille l’initiative de la sénatrice PS comme “un signal”. M. Mélenchon, qui se pose en “recours”, estime aussi que la dégradation de la crise économique ne peut que “renforcer le camp de ceux qui posent des alternatives”. “On pose des jalons, explique Eric Coquerel, secrétaire national du PG. La politique de ce gouvernement ne peut pas réussir, l’austérité appelant l’austérité, ça ne peut pas marcher.” En ligne de mire, les élections municipales et européennes de 2014.

QUELLE PLACE POUR LE PS ?

Mais la naissance de cette “majorité alternative” est loin d’être acquise, car les sujets de dissension ne manquent pas. A commencer par la place du PS dans une telle coalition. Pour l’aile gauche socialiste, pas question de ne pas en être le centre et de se ranger derrière M. Mélenchon, qui se dit “prêt à être premier ministre”. “Aucune majorité n’est possible à gauche sans le PS. Une hypothétique majorité alternative m’intéresse moins que de faire évoluer de l’intérieur le PS”, prévient M. Maurel, qui croit déjà sentir “bouger les lignes” dans son parti.

Au sein même du Front de gauche, si les communistes partagent le diagnostic de leur allié du PG, ils préfèrent infléchir la politique du gouvernement sans attendre. “Il faut partir du vote du printemps pour obtenir un changement au nom des engagements pris devant le peuple”, explique Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF...

Raphaëlle Besse Desmoulières et Bastien Bonnefous


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message