Florange : la trahison du "socialisme" compassionnel

lundi 10 décembre 2012.
 

La « solution » dont les négociations entre le gouvernement français et ArcelorMittal ont accouché le 30 novembre dernier est probablement l’une des plus mauvaises qui soient. Elle revient à faire confiance à ce groupe pour investir 180 millions d’euros sur une période de 5 ans, alors qu’il n’a pas exactement bonne réputation sur ce point. Par ailleurs, Mittal s’engage à reclasser les salariés de la « partie chaude » du site de Florange et à développer la « partie froide », ainsi que ses installations de Dunkerque. De fait, le gouvernement français a très peu obtenu de Mittal qui va pouvoir continuer de se désengager de son activité de production d’acier afin de diminuer son endettement et continuer de se tourner soit vers l’amont (les mines) soit vers l’aval (l’utilisation des métaux).

Pour Mittal, les salariés de Florange restent des otages qu’il pourra sacrifier d’ici trois à quatre ans si sa logique, essentiellement financière, le conduit à une telle décision. En fait, le gouvernement n’a obtenu, au moindre coût pour lui, qu’une solution temporaire. Et de cela Jean-Marc Ayrault, premier ministre, crie victoire ! C’est l’expédient élevé à la hauteur d’une stratégie.

Il faut ici rappeler quelles sont les méthodes de M. Lakshimi Mittal. Lors de la privatisation de la sidérurgie sud-africaine, son groupe, qui avait racheté environ 80 % des capacités de production nationales, n’a pas investi. En revanche, il a augmenté les prix des produits laminés de 30 %, tuant ainsi l’industrie automobile locale [1] et compromettant, dans une large mesure, la stratégie de développement adoptée par le nouveau pouvoir de Pretoria [2]. Ceci a provoqué une prise de conscience du gouvernement et l’élaboration de règles de plus en plus strictes encadrant la production d’acier. Dans les faits, le gouvernement de la République d’Afrique du Sud a cherché à se dégager de l’emprise de Mittal [3].

Cet exemple montre bien que, pour Mittal, seule compte la logique financière de court terme. Le groupe, aujourd’hui très lourdement endetté (23, 2 milliards de dollars à la fin septembre dernier), n’a pas de stratégie dans la sidérurgie. En revanche il en a une pour le développement de ses profits, ou plus précisément des dividendes de ses actionnaires, dont la famille Mittal à hauteur de 40 %. On conçoit que ce précédent n’incite guère à l’optimisme quant à la pérennité du site de Florange.

Pourtant, il faut rappeler qu’une stratégie de développement des activités « chaudes » (les hauts-fourneaux) est parfaitement possible. On sait, depuis des dizaines d’années, que la production de fonte et d’acier dégage des gaz à hautes températures, qui n’étaient jusqu’à présent que source de pollution. Or, depuis environ dix ans, se sont développées des activités permettant la réutilisation de ces gaz, soit pour produire de l’énergie, soit pour développer des productions chimiques à haute valeur ajoutée...

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