Honduras : Et si on privatisait l’Etat ?

samedi 24 novembre 2012.
 

Encore un coup des intégristes radicaux. La Cour suprême du Honduras vient de mettre fin aux agissements d’un groupe d’ultra-Droite, avec Paul Romer, prof’ économie à Stanford, et Porfirio Lobo, le président hondurien. Des gus dangereux et déterminés.

Le Honduras, miné par la corruption et la violence, est en faillite économique depuis des années. C’est un Etat totalement englué et gouverné en fait par les services US. D’où l’idée de ces petits génies, qui avaient trouvé une inspiration lointaine avec Hong Kong et Singapour, de purs produits du système colonial.

Il s’agit de créer des parcelles du territoire et de les privatiser. Ces territoires font l’objet de concessions de cent ans auprès de groupes privés internationaux qui pourront les gérer librement. Ils créeront leur propre système juridique, adopteront librement leur système judiciaire, et voteront les lois économiques et sociales. Ils pourront même passer des accords internationaux dans le domaine économique. On y installera le business international et les riches honduriens, pendant que le reste de la société continuera de s’enfoncer dans la misère, les trafics et la violence.

Le projet a pris forme, sous le nom de Ciudad Modelo, la Cité Modèle, et il s’est trouvé un quasi consensus politique pour voter en mai 2011 la loi sur les régions spéciales de développement (RED). Il faut dire qu’il existe des précédents avec les maquilas, créés ans les années 1990, un genre de « zone franche XXL ».

L’ami Porfirio Lobo était enthousiaste : « Dans le futur, on se souviendra de ce jour où le Honduras a commencé à se développer. Nous croyons que ce sera l’une des plus importantes transformations dans le monde. Le Honduras va faire disparaître la pauvreté ». Et de délirer sur ces zones territoriales régulées par leurs propres règles pour « attirer l’investissement, générer des emplois et gérer leurs systèmes de santé et d’éducation spécifiques, tout en promouvant le développement technologique de pointe ».

Il ajoutait « la souveraineté du Honduras sur son territoire n’est pas remise en cause. Il y aura seulement des règles spéciales qui permettront un investissement sans risque et la confiance avec une sécurité juridique, pas de délinquance et où les gens pourront vivre dans la dignité avec un accès à l’éducation et à la santé ». Mais le projet était tellement pourave qu’il avait ajouté : « Les gens qui vivront-là seront volontaires, on ne va pas les forcer à s’y installer ».

Lundi, la Cour suprême hondurienne a mis fin au délire. La souveraineté de l’Etat appartient au peuple et c’est un fait historique inaliénable. Le Parlement n’a aucun droit pour créer des parties des territoires qui échappent à la souveraineté juridique de l’Etat, et la loi est anticonstitutionnelle.

Gilles Devers


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