Les Etats-Unis, cas modèle de rabougrissement de l’espace démocratique

dimanche 11 novembre 2012.
 

Le « sujet » de la présidentielle états-unienne fascine les médias dominants. Pourquoi ?

Le journal Le Monde, par ses excès, vend la mèche. Dans un supplément publié lundi dernier, il titre « Obama-Romney, deux programmes que tout oppose ». Or ce qui est frappant c’est justement l’inverse. C’est la convergence exceptionnelle des deux principales formations du pays sur un cœur de conceptions communes en matière de politique économique, sociale et étrangère. C’est la mise hors-jeu des courants partisans des ruptures. C’est le cantonnement des divergences, hystérisées, aux questions dites de société. On se souvient de la campagne de la droite états-unienne comparant Obama à Hitler pour avoir défendu un maigre système public de prestations maladie pour les plus pauvres. On n’est pas obligé de chausser ces lunettes déformantes pour regarder la vie politique du pays ! En le faisant, Le Monde invalide tout autre point de vue que celui des démocrates et des républicains. Si leurs thèses sont en tout point opposées, c’est parmi elles qu’il faut piocher pour se faire son opinion, mixte des deux ou point de vue d’un des camps. Mais rien qui remette en cause les consensus fondamentaux des deux piliers du bipartisme !

Ce processus est à l’œuvre dans notre propre pays. Regardez le suivi du rapport Gallois. Les désaccords entre le gouvernement et le Medef-UMP portent presque uniquement sur le calendrier d’application de ces mesures. Choc initial de compétitivité d’un côté, pacte étalé sur la législature de l’autre. C’est du côté du Front de Gauche qu’il y a une divergence de fond. En réduisant le paysage à une compétition PS – UMP, les entreprises de presse militent concrètement pour que le « coût du travail » soit à nouveau réduit. Malgré les apparences de la confrontation démocratique, le cœur des choix politiques est ainsi soustrait à l’arbitrage du peuple.

L’élection présidentielle états-unienne montre un autre procédé de réduction de l’horizon démocratique. C’est celui de la personnalisation de la politique, de l’insistance obsessionnelle sur les stratégies de communication voire dorénavant sur le jeu des acteurs. Les trois débats télévisés de la campagne ont été abondamment disséqués : spécialistes ès-mimiques, sélection de formules chocs de quelques secondes, sondages à l’issue du match pour départager les combattants. Mais de cette abondance d’informations on ne retiendra rien sur les divergences programmatiques entre les deux protagonistes. La politique spectacle, c’est aussi de la politique ! La presse dominante aime à présenter les Etats-Unis comme la plus grande démocratie du monde. Elle célèbre en fait un cas modèle de rabougrissement de l’espace démocratique. Ce n’est pas une surprise. A l’heure néolibérale du TSCG, l’idéologie dominante cherche désespérément à faire croire qu’une démocratie sans peuple serait possible.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message