« Parler de socialisme, c’est parler de démocratie. C’est le peuple qui décide »

samedi 10 novembre 2012.
 

Les missions sociales ont été 
la pierre angulaire des précédents mandats du président Hugo Chavez. Quelle place occupent-elles dans son «  plan pour la patrie 2013-2019  »  ?

Blanca Eekhout. Les premières missions nous ont sorti de la pauvreté et de l’exclusion, héritage de décennies de libéralisme. Désormais, nous lançons les grandes missions pour une reconnaissance intégrale des droits. Avec la mission Vivienda et la construction de 3 millions de logements, il n’est plus question d’accès à la lumière, à l’eau, aux services basiques, mais de respect d’un droit, d’une intégration dans une ville qui assume la citoyenneté, l’égalité, la justice et l’équité. La mission Savoir et travail englobe un projet de changement de modèle productif, où les potentialités individuelles, collectives et sociales sont au service de tous. La mission Amor mayor s’adresse au troisième âge mais également aux mères au foyer, aux travailleurs du secteur informel, aux petits paysans et pêcheurs afin de leur garantir une retraite digne. Leur pension sera équivalente au salaire minimum et augmentera de manière permanente. Cette mission est partie intégrante des missions de santé, du sport, des plans de tourisme. Autre mission, Fils du Venezuela. Elle vient en aide aux enfants en difficulté, mais également aux mères qui bénéficieront, en plus de l’accès à l’éducation, à la santé gratuite et aux plans d’alimentation, d’une aide financière directe. Enfin, la mission Agro Venezuela sera également importante car il s’agit de récupérer tous les pans de l’activité agricole, à commencer par la terre.

Le président Hugo Chavez a insisté sur le fait de sortir de la dépendance au «  modèle rentier pétrolier  ». Comment procéder  ?

Blanca Eekhout. L’unique façon de dépasser le cadre de la dépendance qui, je le rappelle, a été une stratégie fondamentale de l’empire pour contrôler nos pays, est l’intégration des peuples. D’où l’Alliance bolivarienne pour les Amériques (Alba), l’Union des nations sud-américaines (Unasur) et le Mercosur (marché du cône sud). Nos relations économiques sont basées sur le respect de la souveraineté industrielle et technologique, et le transfert mutuel de connaissances.

L’inflation comme la surévaluation du bolivar sont des problèmes persistants. Quelles mesures envisagez-vous  ?

Blanca Eekhout. Nous sommes parvenus à diminuer l’inflation. Elle était en moyenne de 50 %, il y a treize ans. Les grands pouvoirs économiques, à travers la spéculation, ont cherché à briser l’économie, comme lors de la grève pétrolière en 2002. Notre banque centrale ne dépend pas du FMI. Elle surveille les devises et elle a même récupéré son or, qui se trouvait à l’étranger. D’où le projet développé avec le Mercosur et les nations sud-américaines, ainsi qu’avec la création du sucre. Cette monnaie commune pour une intégration d’échange égalitaire vise à nous dégager de la domination du dollar, qui aujourd’hui encore asphyxie les économies. Nos relations internationales sont placées sous le signe de la solidarité, de la complémentarité. Le pétrole nous permet d’aider nos voisins qui, hier encore, étaient exploités car nous exportions cette ressource aux États-Unis, qui le leur revendaient à des prix exorbitants.

« Révolution bolivarienne  », «  socialisme du XXIe siècle  »… 
quelle est votre définition 
du processus en cours  ?

Blanca Eekhout. Ces termes portent notre identité  : afro-descendante, indigène, chrétienne et marxiste. Nous expérimentons, avec des faiblesses et des réussites. Simon Rodriguez, le maître à penser du libérateur Simon Bolivar, disait  : «  Soit nous avançons soit nous nous perdons.  » Si nous n’inventons pas, nous répéterons les erreurs du passé. Notre socialisme repose sur l’acceptation de la diversité. Il ne peut y avoir de socialisme sans une profonde démocratie, le dialogue et la confrontation d’idées. Nous avons avancé en ce sens, malgré les conflits  : l’opposition a réalisé un coup d’État, séquestré le président de la République, organisé un coup d’État économique. Elle a piétiné la Constitution. Mais nous n’avons jamais renoncé à la démocratie. Tout le monde a bénéficié des avancées. Parler de socialisme, c’est parler de démocratie. Et c’est le peuple qui décide.

Entretien réalisé par Cathy Ceïbe


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