La droite vous dit merci

mardi 23 octobre 2012.
 

L’Assemblée nationale et le Sénat viennent donc d’adopter le TSCG. Malgré la manière brutalement antidémocratique dont a été expédiée la discussion parlementaire, il s’agit d’un tournant dont il faut prendre la mesure.

D’abord ce vote engage la France dans le cercle vicieux de l’austérité. La récession et le chômage frappent sous nos yeux tous les pays européens soumis à ce régime. Obéir à la règle d’or c’est se soumettre à une vis sans fin de réduction de l’activité. Bartolone, le président de l’Assemblée nationale, vient lui-même de dire que l’objectif des 3% pour l’année prochaine est absurde. Mais alors n’est-il pas absurde de sa part de voter pour un traité qui impose une réduction du déficit bien plus sévère encore, à 0,5% ! Le gouvernement répète ne demander aucune modification de cette règle, mais on nous dit qu’il espère en secret qu’elle soit revue au niveau européen. La France doit-elle ainsi attendre que d’autres prennent l’initiative ? Faut-il qu’ils vivent dans la terreur de Merkel ou des banques pour se livrer à de telles contorsions ? Même Bartolone plaide que « les marchés seront autant attentifs à notre volonté de désendetter le pays qu’à le réformer » pour souligner qu’il est prêt à déposer sur l’autel des sacrifices la « modernisation des rapports sociaux ». Le résultat de cette brillante stratégie, c’est que nous avons à la fois des réformes structurelles libérales et une austérité sans précédent.

Ensuite, la continuité avec la ligne de Sarkozy selon laquelle la bonne santé de notre économie reposerait sur la « confiance des banques » puis l’allégeance au traité qu’il a écrit avec Merkel modifient le rapport de forces en faveur de la droite et du patronat. N’est-il pas rageant de voir le Medef à ce point sûr de lui quelques mois seulement après la défaite de son candidat ? Les gages donnés par le nouveau pouvoir sur la baisse des dépenses publiques, le coût du travail et la fiscalité du capital, les trois obsessions des libéraux, renforcent la détermination du patronat qui se sent en position de poursuivre son offensive contre les acquis sociaux et donnent raison idéologiquement à la droite qui relève la tête d’autant plus vite que le nouveau pouvoir la singe aussi sur le terrain sécuritaire.

Enfin, une ligne de faille s’est élargie au sein de la gauche. Le passage en force méprisant la demande de referendum formulée par le Front de Gauche et même la simple exigence d’un débat laissera des traces. La ligne démocrate épousée par le PS, hélas confirmée par un Congrès dans lequel sa motion de gauche a perdu à nouveau 5 points pour atteindre un niveau historiquement bas, divise profondément la gauche. Hollande n’est donc majoritaire sur le TSCG que parce que la droite lui apporte son soutien. Un soutien qui contribue fortement à la dégradation du rapport de forces.

Les dégâts sont déjà très lourds. Mais ce n’est pas fini. L’austérité ne dévoile sa dynamique mortifère que par petites rasades empoisonnées. Chaque plan d’austérité est le « dernier », avant qu’un autre ne vienne avec sa série de « mesures inédites » censées frapper les marchés à défaut de réduire pour de vrai les déficits. Derrière les chiffres réitérés de baisse des dépenses se trouvent des êtres humains qui se découvrent en chemin dans le viseur des « cost killers » austéritaires. Ce choc provoque souvent de la révolte. On assiste même à une européanisation des luttes anti-austéritaires. Un rendez-vous européen est fixé au 14 novembre. A cinq jours du vote du budget français.

Mardi 16 Octobre 2012 François Delapierre


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