Après les Pigeons, nouvelle offensive du Medef contre le budget 2013

mardi 16 octobre 2012.
 

Après le succès de la campagne des Pigeons, le Medef et les autres groupes de pression patronales remettent cela avec une nouvelle campagne médiatique d’envergure pour obtenir du gouvernement la diminution des taxes et impôts qui devraient peser sur les entreprises en 2013.

Plus besoin du faux-nez des Pigeons, ce pseudo groupe d’entrepreneurs du web fédérés sur les réseaux sociaux qui est parvenu à faire fléchir le gouvernement sur une hausse de la fiscalité sur les plus-values empochées par les créateurs d’entreprise en fin de semaine dernière. Le Medef et ses affidés, avancent désormais à visage découverts pour élargir les revendications du groupe de volatiles qu’il avait téléguidé.

3) Après les Pigeons, nouvelle offensive du Medef contre le budget 2013

Après le succès de la campagne des Pigeons, le Medef et les autres groupes de pression patronales remettent cela avec une nouvelle campagne médiatique d’envergure pour obtenir du gouvernement la diminution des taxes et impôts qui devraient peser sur les entreprises en 2013.

Plus besoin du faux-nez des Pigeons, ce pseudo groupe d’entrepreneurs du web fédérés sur les réseaux sociaux qui est parvenu à faire fléchir le gouvernement sur une hausse de la fiscalité sur les plus-values empochées par les créateurs d’entreprise en fin de semaine dernière. Le Medef et ses affidés, avancent désormais à visage découverts pour élargir les revendications du groupe de volatiles qu’il avait téléguidé.

Dans un communiqué signé mardi soir par :

- Laurence Parisot, pour le Medef,

- Pierre Pringuet, président de l’Association française des entreprises privées qui regroupe le gotha du Cac 40,

- Louis Godron, président de l’Association française des investisseurs pour la croissance, qui compte 270 fonds de placement, d’investissement ou de capital-risque,

- les présidents de Croissance Plus (groupe de pression mêlant Medef et UMP), Ethic (groupe de pression charger de "soumettre aux pouvoirs de décision" les contributions des grands patrons sur la fiscalité et les règlementations), par l’EDC( entrepreneurs et dirigeants chrétiens), ainsi qu’un tas d’autres "observatoires" ou associations fédérant les "entrepreneurs" ou "investisseurs de différents secteurs économiques.

Une niche fiscale pour le capital

Tout ce petit monde annonce entrer en guerre contre le nouveau dispositif de taxation des plus-values pour les entrepreneurs bien sûr, ce que demandaient les Pigeons, mais aussi désormais pour les investisseurs ! De quoi créer une nouvelle niche fiscale pour le capital.

A les lire, la survie de l’économie française dépend du bon garnissage de leurs portefeuilles : "Les aménagements envisagés en matière de seuils et de durée de détention ne remettent pas en cause fondamentalement les principes de l’article 6 du PLF [...] Le dispositif proposé affecterait lourdement la stratégie de croissance des entreprises. Ces dispositions, prises sans concertation, auraient des conséquences très néfastes en matière de développement économique."

Campagne de terrain aussi

Cette nouvelle offensive se double d’une campagne en profondeur menée par le Medef qui récolte depuis mardi toujours et patiemment les signatures de ses adhérents au bas d’une pétition au nom évocateur : "Seule l’entreprise crée des emplois et des richesses dans notre pays ! Entrepreneurs, mobilisons-nous". Une pétition reprise par toutes les branches locales du patronat, de la Lozère au Loiret en passant par le Nord.

Derrière cette révolte des petits patrons, c’est une attaque en règle contre les 10 milliards d’impôts et taxes sur les entreprises inscrits dans le projet de loi de finances 2013 du gouvernement. Le Medef explique ainsi que la réduction des déficits "ne saurait passer par une augmentation des prélèvements obligatoires qui altèrerait encore la compétitivité de notre économie. (…) La seule voie possible est celle des réformes et de la réduction des dépenses publiques". En substance : les Français peuvent payer, les services publics aussi, pour diminuer les déficits. Pas les entreprises.

Après avoir placé le gouvernement sur la défensive grâce aux Pigeons, l’organisation patronale veut pousser son avantage contre le projet de budget 2013. Laurence Parisot l’a bien dit mardi : "Le gouvernement a entendu et vu qu’il y avait un vrai problème. Depuis, il cherche à élaborer des aménagements, des amendements qui sont kafkaïens, qui ne peuvent que compliquer la situation, qui ne peuvent qu’aboutir à des comportements d’évitement. (Revenir à) quelque chose de très simple. C’est fondamental pour l’économie".

2) Qui sont les pigeons ?

Jadis, nous apprenions que la vocation suprême « de la » politique consistait à décréter, avec le peuple et contre les intérêts dominants, quelle idée était utile à l’humanité, lesquelles étaient futiles ou malfaisantes. Voilà désormais que certaines des décisions « politiques » se prennent sous 
la pression de quelque lobby à la vulgarité bien-pensante, sans même prendre le temps d’étudier si l’avidité ne serait pas, par hasard, la source et la ressource de leur envie 
de prédation ou de négation de l’intérêt général.

Ainsi donc, il aura suffi qu’une poignée d’entrepreneurs, alias « les pigeons », vienne dénoncer les projets fiscaux du gouvernement pour que celui-ci annonce une invraisemblable volte-face. Et pas n’importe laquelle. En assurant que le gouvernement « reverrait sa copie » sur la taxation des revenus de cessions d’actifs, Jérôme Cahuzac, Pierre Moscovici et Fleur Pellerin ont montré des signes de faiblesses, pour ne pas dire de lâcheté, tout en adressant un message de soumission à l’égard du patronat… En moins de quatre jours, le gouvernement Ayrault a cédé à un groupuscule maniant à merveille l’art de la manipulation médiacratique. Que dénoncent en effet, la main sur le cœur et le verbiage haut, ces bons messieurs « entrepreneurs », jamais les derniers à donner 
des leçons de maintien en néocapitalisme appliqué et choc de compétitivité  ? Rien d’autre que la fin d’un privilège  ! Car, voyez-vous, les revenus que ces messieurs tirent de leurs capitaux devaient être imposés, dans le projet initial, comme ceux du travail. Le créateur d’une start-up revendant rapidement son entreprise avec profit verrait sa plus-value taxée à 43% plus 15% de cotisations sociales, au lieu de 30% jusqu’à présent. Une injustice enfin réparée  ? Non. Arrière toute. Droite et Medef jubilent. Et dire qu’il s’agissait là d’une des seules mesures du projet de loi de finances qui s’attaquait aux revenus du capital. Quand les socialistes renoncent à une idée socialiste…

Qui sont les « pigeons » devant lesquels l’équipe Ayrault a capitulé si vite  ? Un quarteron de petits ultralibéraux à l’angoisse fiscale développée, gérants 
de fonds financiers et autres spécialistes de LBO (rachats spéculatifs d’entreprises), maniant pour se rémunérer les cessions de gros paquets d’actions, tous bien décidés à se faire « un max de thunes » en profitant des bulles artificielles  ! Cet abandon en rase campagne a tout de la défaite idéologique. Il illustre les insuffisances d’une politique aliénée par la rigueur budgétaire et fiscale, dont les symboles les plus caricaturaux, et les plus graves, sont le traité budgétaire européen et la règle d’or, véritables inepties économiques doublées d’une mise en cause de la démocratie. Pendant combien de temps François Hollande refusera-t-il d’aborder de front la question 
de la relance économique par l’investissement – et du rôle du crédit comme levier pour y parvenir  ?

Mais au fait, combien de citoyens se seraient retrouvés dans la rue pour défendre les privilèges d’une bande de capitalistes « décomplexés », fussent-ils affublés du sobriquet de « pigeons », dont le seul but dans la vie est de capitaliser, quitte à fuir à Bruxelles ou à Londres  ? Pas grand monde en vérité. Pour mémoire, rappelons au chef de l’État que 80 000 manifestants ont réclamé, dimanche dernier dans les rues de Paris, l’arrêt des politiques austéritaires en Europe. Un choix politique est un choix  : le recul face aux « Pigeons » serait-il un marqueur de ce gouvernement  ?

Par Jean-Emmanuel Ducoin

1) Le gouvernement pigeonné par l’UMP et le Medef

Les quelques jours d’intense lobbying sur le web des "Pigeons", un groupe anonyme de patrons de l’Internet et de la communication relayé médiatiquement par l’UMP, le Medef et la CGPME, a fait plier le gouvernement. Ce dernier a annoncé ce jeudi matin faire marche arrière sur la fiscalité des créateurs d’entreprise.

Le gouvernement n’en finit pas d’envoyer des signaux amicaux au Medef. Après les 40 milliards d’euros d’exonérations sur cinq ans qu’il s’apprêterait à offrir aux entreprises en guise d’aide à la compétitivité, il annonce ce jeudi un rétropédalage sur la taxation des plus-values liées à la revente d’une entreprise. Plus globalement, l’idée de taxer les revenus du capital au même niveau que ceux du travail a bien du mal à passer.

Les faux-nez du Medef et de l’UMP

"S’il y a des mesures qui choquent ou sont de nature à dissuader l’investissement de ces jeunes entreprises innovantes, il faudra y revenir", a déclaré ce jeudi le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici sur France Inter. Ce dernier a pu annoncer la bonne nouvelle à Laurence Parisot, avec laquelle il avait rendez-vous dans la matinée. Il faut dire que la patronne des patrons n’a pas ménagé ses efforts pour mobiliser tous ces réseaux contre le projet de loi de finances 2013 qui, rappelons le, vise à taxer les revenus du capital au même niveau que ceux du travail.

Dans un premier temps, le Medef a réagi à travers ses canaux de lobbying traditionnel, dont son groupe de pression "faux-nez" Croissance plus, qui compte des entrepreneurs encartés à l’UMP comme Charles Beigbeider. Les ténors de droite se sont très vite associés à ce chœur des riches "spoliés" du projet de budget 2013, ardents défenseurs de l’esprit d’entreprendre pourvu qu’il y ait des exemptions fiscales.

Second front sur les réseaux sociaux

En plus de cette campagne de lobbying classic, un second front a été ouvert dès vendredi soir par quelques autoproclamés entrepreneurs du web qui ont mis en place une opération de communication novatrice via les réseaux sociaux, reprise massivement dans les médias traditionnels. Ces gens, qui aiment se présenter comme des lanceurs de start-up du web, en fait des patrons bien installés sur le secteur des nouvelles technologies (par exemple ici) alliés à des gens d’agence de communication (par exemple ici), ont créé dès vendredi soir un groupe facebook "Les Pigeons, mouvement de défense des entrepreneurs français", relayé par un site web et un compte Twitter.

"Nous croyons quant à nous en la puissance des médiaux sociaux que nous maîtrisons parfaitement et sommes persuadés que la mobilisation générale initiée ici va faire comprendre au gouvernement qu’il se trompe de combat en s’attaquant aux entrepreneurs", expliquent d’entrée ces personnes aussi courageuses qu’anonymes, avant de développer leurs revendications :

l’augmentation de la taxation des plus-values à la revente d’affaire. Ces "jeunes" entrepreneurs redoutent de devoir verser 60% de leur plus-value à l’Etat lorsqu’ils revendront leur affaire, dénonçant "le dogme anti-capitaliste, l’anti-économique, le "brisage de rêve", la démotivation quasi-sadique, le "je-ne-sais-quoi-qui-donne-la nausée"…" du gouvernement. Dans la réalité et aux dires mêmes de Bercy, ce taux de 60% ne toucherait jamais personne, d’autres niches ou exemptions fiscales pouvant diminuer fortement la douloureuse, l’augmentation "assassine (sic) des charges sociales (de 2,3% à 3%, ndlr) pour les auto-entrepreneurs désormais alignées sur les autres statuts d’entrepreneurs individuels". Cette seconde réclamation permet d’élargir le panel des mécontents et de noyer dans la masse les vrais commanditaires du mouvement

Des relais massifs

Dans les premiers temps, outre les appels lancés par les Pigeons, le témoignage d’Olivier Bernasson et son "appel à mon député" est rapidement mis en avant. Pratique, puisque ce fondateur de pecheur.com se présente comme électeur de François Hollande à la présidentielle.

La volière du groupe de pression grossit prestement en nombre de "suiveurs", grâce au "likes" et autres "retweets" d’un mixte de patrons-militants UMP (comme celui-ci ou celle-ci) et d’entrepreneurs du web alarmés par les arguments brandis, .

Jusque-là silencieuse sur le projet de loi de finances 2013 du gouvernement, la CGPME mobilise soudainement ses adhérents lundi, via un communiqué publié au nom aussi évocateur que soufflé de l’extérieur : "Les patrons ne sont pas des pigeons". Les ténors de l’UMP embraillent dans les médias, François Fillon reprenant par exemple à son compte le terme de "pigeon" mercredi sur France Inter. De son côté, Laurence Parisot se laisse aller à une outrance, parlant de "racisme" anti-entrepreneurs. Ne manquait plus qu’un sondage sorti au bon moment – 54% des Français jugent inéquitables les 37 milliards d’effort budgétaire, selon un sondage BVA ce jeudi – et le tour est joué.

Fleur Pellerin appelée à manger son chapeau

Pierre Moscovoci recule ce jeudi matin, estimant possible des "amendements" au projet de budget 2013. Fleur Pellerin est chargée d’avaler la couleuvre en public à sa place. La ministre déléguée aux PME et à l’Innovation, explique déjà ce jeudi que le gouvernement pourrait "moduler un peu" le taux à partir duquel les détenteurs de titres qui réinvestissent leur plus-value dans une autre entreprises bénéficient d’un abattement, ainsi qu’"accélérer dans le temps" l’abattement encourageant la détention longue de titres.

L’affaire étant dans le sac, les "Pigeons" rentrent dans leur nid comme par enchantement. Leur page facebook annonce ce jeudi matin l’annulation de leur appel à manifester dimanche prochain, craignant sans rire que "certaines organisations politiques ou syndicales tentent de profiter de l’annonce du rassemblement pour s’approprier le mouvement dimanche prochain ou essayer le perturber avec violence".

Leurs efforts prochains consisteront à faire croître la communauté des pigeons, en une sorte d’Anonymous de la pensée libérale, téléguidé par le Medef.

Stéphane Guérard


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