Espagne : 40 000 manifestants demandent la démission de Rajoy

lundi 1er octobre 2012.
 

Ce mardi 25 septembre, plus de 40 000 personnes ont répondu à l’appel de la plate forme "debout" ("En Pie") et de leur action "Encercle la Congrès" ("Rodea el congreso")

L’histoire a commencé fin août : une plate-forme se monte autour d’un manifeste et d’une action "Occupe le Congrès le 25 Septembre". Le but : "encercler le Congrès" des députés et demander la démission de Rajoy, l’ouverture d’un processus constituant, un audit de la dette, l’arrêt des coupes budgétaires et des contre-réformes.... (voir le manifeste à la fin) Peu à peu l’événement posté sur facebook voit son nombre de participants augmenter et la plate-forme trouve le soutien de plusieurs dizaines de collectifs.

Le gouvernement a alors tenté de criminaliser le mouvement (qui n’a pourtant eu de cesse de clamer son pacifisme) :
- lors de la manifestation du 15 septembre dernier à Madrid, réunissant plus d’un million d’espagnols, 4 personnes ont été arrêtées lorsqu’elles déployaient une banderole "Occupe le Congrès"
- il y a une semaine la police identifiait 8 personnes comme "organisateurs" de la manifestation, ils devront comparaître le 4 octobre prochain pour "délit contre les Hautes organisations de la Nation en appelant à manifester devant la chambre"

- lors de la dernière assemblée organisationnelle du 25S, dimanche dernier, au Parc du Retiro à Madrid, la police a procédé au contrôle d’identité d’une quarantaine de personnes alors même que ce rassemblement avait été autorisé. La secrétaire générale du PP, Maria Dolores de Cospedal va jusqu’à comparer l’action "Rodea el congreso" à celle du coup d’Etat manqué du 23F (coup d’Etat fasciste de Tejero qui a contribué à légitimer la monarchie et le roi Juan Carlos)

Derrière ces intimidations, se cache une vérité : le gouvernement a peur et prépare sa réplique répressive.

Dès lundi soir ce sont près de 1350 policiers qui sont chargés de sécuriser le Congrès : 27 groupes de 50 CRS pour faire de la chambre des députés un véritable bunker.

La criminalisation du mouvement par le gouvernement n’a pourtant pas opéré. Hier, plus de 40 000 personnes ont encerclé le congrès des députés à Madrid aux cris de "Rajoy, démission !" "Dehors !"

On pouvait voir de nombreuses pancartes "Non aux coupes budgétaires !" et des drapeaux républicains, sur la banderole qui ouvrait l’un des cortèges, écrit en gros : "Qué se vayan todos !" Manif_espagne_0912

Quelques slogans : "Oui on peut !" "S’il n’y a pas de solution, il y aura révolution !" ou encore "Rajoy, lâche ! La rue est en feu !". Des slogans aussi contre les médias comme "Télévision ! Manipulation !" et "Journalistes ! Terroristes !". D’ailleurs aucune des grandes chaînes de télé n’a consacré du temps à cet événement, au contraire elles oeuvrent à la désinformation annonçant des attaques policières en réponse à de la violence des manifestants, mais les images le prouvent, cela est faux. Manif_madrid_0912

Les députés d’Izquierda Unida (IU) ont quitté l’assemblée pour rejoindre les manifestants en fin d’après-midi. Cayo Lara, le coordinateur général de IU avait d’ailleurs invité le gouvernement à ne pas voir cette manifestation comme "un problème d’ordre public" et de ne pas chercher à la stopper "par la répression" mais de plutôt analyser les causes qui poussent un peuple à "se déclarer insoumis face à des politiques qu’on lui imposent". La seule réponse du gouvernement a néanmoins été la répression. Alors que la manifestation était encore autorisée, les manifestants ont dû faire face à de violentes charges policières. A partir de 21h, la police a procédé à la dispersion de la manifestation à coup de matraques, de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes.

En écho, face à la police qui usait de la matraque, la foule criait : "On l’appelle démocratie et ce n’en est pas une !" slogan des indignés du 15 Mai 2011, ou encore en levant les mains "voilà nos armes !" Manif_madrid_2

Les heurts se sont poursuivis entre la police et les manifestants dans les rues adjacentes tard dans la nuit. On compte une trentaine de blessés (4 policiers, une quinzaine de blessés ont du être emmenés dans des centres hospitaliers, un blessé souffre d’une lésion à la moelle épinière) et une vingtaine d’arrestations.

Quelques 1000 personnes étaient encore réunies Plaza Neptumo à minuit.

L’assemblée de Puerta del Sol, la coordination du 25S, appellent à revenir demain pour une nouvelle manifestation à 19h.

Des rassemblements de soutien ont eu lieu simultanément dans d’autres villes d’Espagne notamment à Barcelone.

C’est la première fois que les espagnols se donnent rendez-vous directement à la chambre des députés, comme ce fut le cas en Grèce et au Portugal et non plus seulement dans la rue.

Une nouvelle étape dans les luttes : se retrouver là où se font les lois pour dire stop à l’austérité et réclamer la refondation du pacte citoyen !

Le Parti de Gauche soutient le mouvement et ses revendications. Il dénonce la répression brutale organisée par le gouvernement Rajoy.

La démocratie doit être rétablie. A bas l’austéritarisme, en Espagne et dans le reste de l’Europe !

Juliette Estivill et Céline Meneses


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