L’ONU confrontée à l’État palestinien

vendredi 28 septembre 2012.
 

À l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies, le président 
de l’Autorité palestinienne s’adressera à la communauté internationale.

Il y a un an, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, prononçait un discours aux résonances historiques devant l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU). Des propos politiquement forts, qu’on n’avait pas entendus depuis bien longtemps dans la bouche de dirigeants palestiniens. Au moins depuis la mort de Yasser Arafat. En demandant l’adhésion de la Palestine à l’ONU, en tant que membre à part entière, Abbas reposait la question du droit d’un peuple et interpellait la communauté internationale. Les États-Unis se sont opposés à cette demande et ont menacé d’utiliser leur veto, alors que la France suivait le même chemin, tout en se donnant le rôle de conciliatrice. On sait pourtant que toute avancée diplomatique est un plus pour le combat des Palestiniens. Il suffit de se souvenir de l’attitude de Washington lorsque l’Unesco, plus courageuse que la maison mère, a, elle, reconnu la Palestine.

Reste que la question se pose à nouveau alors que s’ouvre aujourd’hui l’Assemblée générale des Nations unies. Mahmoud Abbas devrait prendre la parole jeudi.

État observateur

Les Palestiniens demanderont cette fois pour leur pays le statut d’«  État observateur non membre  » avant la fin de l’année. «  Après le vote des Nations unies (...), la Palestine deviendra un pays sous occupation. Israël ne pourra plus dire que c’est un territoire contesté  », veut croire Saëb Erekat, négociateur palestinien. «  Le terme de référence dans les négociations sera “retrait”, et pas ce qui est légal ou pas de l’avis des Israéliens.  » Selon lui, «  quand (nous) aurons le statut d’État observateur non membre, la vie ne sera plus la même. Oui, l’occupation continuera, les colonies de peuplement se poursuivront, les crimes des colons continueront peut-être, mais il y aura des conséquences  ».

Cet État observateur revendiquera pour territoires ceux occupés par Israël lors de la guerre des Six-Jours en 1967 et pour capitale Jérusalem-Est. Avec ce statut, la Palestine pourrait non seulement participer aux débats des Assemblées, mais être membre des différences agences de l’ONU, notamment de la Cour pénale internationale (CPI) dont le siège est à La Haye et qui, en avril, a rejeté une demande palestinienne d’examen des «  crimes  » commis dans les territoires palestiniens, parce que les Palestiniens n’étaient pas membres  !

Mesures dissuasives

Les Palestiniens doivent obtenir la majorité des 193 membres de l’Assemblée générale de l’ONU. Sans surprise, Israël fait tout pour les dissuader, menaçant ­notamment ne pas transférer à l’Autorité palestinienne des recettes fiscales cruciales pour ses finances. L’attitude de l’Union européenne est plus étonnante, faisant valoir que «  nous avons beaucoup investi dans l’Autorité palestinienne et nous ne voulons pas voir cet investissement mis en péril  », selon un diplomate européen. Quelque 120 pays dans le monde reconnaissent déjà l’Autorité palestinienne comme un État souverain. Les Palestiniens espèrent obtenir les votes de 150 à 170 nations à l’ONU. La France n’a pas fait savoir sa position pour l’instant. L’Autorité palestinienne a averti que l’impasse dans les discussions de paix avec Israël menaçait une ­solution à deux États.

L’Autorité palestinienne à l’offensive. L’Autorité palestinienne vient de publier un document en prévision d’une réunion des donateurs internationaux à New York, ce lundi. «  Sans un accord politique juste et durable (...),
les Israéliens et les Palestiniens vont inévitablement se retrouver dans un seul État gouverné par les principes de l’apartheid  », peut-on lire. «  Le statu quo n’est tenable ni politiquement ni économiquement.  » Et encore  : «  L’établissement d’un État de Palestine viable politiquement et économiquement est impossible sans la fin de l’occupation israélienne dans l’ensemble de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, y compris à Jérusalem-Est.  » Ce document appelle les pays donateurs à faire pression sur Israël pour qu’il démantèle les barrages militaires en Cisjordanie et permette le développement de tout le territoire palestinien, y compris de la zone dite C, sous contrôle total israélien. Il demande aussi que des protestations internationales soient adressées à Israël concernant 
les démolitions de maisons palestiniennes.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message