220e anniversaire de la République Nous n’étions pas là pour nous souvenir, mais pour nous inspirer !

vendredi 28 septembre 2012.
 

Quelle belle cérémonie ! Quelle réussite ! Ce soir, nous étions donc plusieurs centaines à nous retrouver, malgré la pluie, devant le Panthéon, pour fêter le 220eanniversaire de la République. Nous avons eu raison d’être là et nous n’avons pas perdu notre temps. Il est curieux qu’il faut que ce soit une société savante, fondée en 1907 et reconnue d’utilité publique en 1935, comme la Société d’études robespierristes(SER), qui organise un tel hommage pour que l’on puisse saluer dans la capitale de la France, ce qui constitue, tout de même, l’acte fondateur de la République. Merci à la SER et à ses membres. Dans notre pays pourtant passionné d’histoire, où les anniversaires historiques et les dates s’empilent les unes sur les autres, dans des calendriers improbables, parfois avec désordre et incohérence, il est sidérant de constater qu’aucune cérémonie officielle n’est organisée par saluer cette journée du 21 septembre 1792 où la monarchie a été abolie. Et dire que le sénat et l’Assemblée nationale sont pourtant présidés par des socialistes ! C’est à pleurer.

Voilà pourquoi, le PG comme Parti politique, avec une grande part de son Secrétariat national (Martine Billard, Danielle Simonnet, Pascale Le Néouanninc, Eric Coquerel..) a profité de cette occasion unique, offerte par la SER, pour inviter ses militants et ses sympathisants à se rassembler en fin d’après-midi. Avec les autres organisations, pour symboliser cet hommage, nous avons déposé trois gerbes de fleurs (une pour le PG, pour nos élus parisiens et une dernière pour nos élus régionaux) dans la grande nef du bâtiment de Soufflot, aux pieds d’un énorme groupe sculpté de Germain Sicardreprésentant la Convention nationale. Cet ensemble de statues, surplombées par une extraordinaire Marianne en arme, est d’ailleurs exceptionnel ! Qui le sait ? Qui a pris le temps de l’observer attentivement ? Bien peu de gens sans doute, et je ne les blâme pas. Jusqu’à aujourd’hui, j’étais moi même ignorant de son existence. Pourtant, Maximilien Robespierre, et derrière lui Jean-Paul Marat, figure au premier plan de cet ensemble de personnages de pierre. C’est un beau clin d’oeil de l’histoire. Lors de leurs morts, il y a deux siècles, pour des raisons politiques, des coquins leur ont interdit le Panthéon, et ont même balancé leurs cadavres, pour l’un aux égouts et pour l’autre dans une fosse commune, et aucune ne dispose d’une scépulture. Mais, pourtant d’une certaine manière ils sont là grace au sculpteur Sicard, non loin de Jean Jaurès et d’autres grandes figures républicaines ! C’est là un beau témoignage de l’époque du centenaire de la République en 1889, date où cette statue fut commandée. En 1989, une telle chose fut impossible. François Furet avait sévi, avec l’aide active de journaux comme le Nouvel Observateur, et Robespierre et Marat étaient devenus aux yeux de beaucoup de nos concitoyens des contre-exemples, des brutes épaisses, qu’il fallait effacer de nos mémoires. Aucun pouvoir politique n’aurait eu le courage de commander une telle statue. Il y eu même à l’époque un premier ministre socialiste, M. Michel Rocard, pour déclarer le 11 janvier 1988 que l’intérêt de 1789 était "d’avoir convaincu beaucoup de gens que la Révolution, c’est dangereux et que, si on peut en faire l’économie, ce n’est pas plus mal."

Mais, ce sinistre projet révisionniste de notre histoire nationale, car cela en fut un délibéré et concerté, pour effacer la réelle signification de la Révolution française a échoué. C’est pourquoi nous la fêtons encore et que nous étions là aujourd’hui avec dignité et enthousiasme. Comme disait Victor Hugo, à la fin de sa vie (il mourra le 22 mai 1885) quelques années avant 1889, en préparation des cérémonies du premier centenaire de la Révolution :"Ayons une si fière façon de nous en souvenir qu’il en sorte la liberté du monde. Célébrer les grands anniversaires c’est préparer les grands événements."

Pour comprendre un premier aspect de la portée historique de ce que fut ce 21 septembre 1792, je laisse la parole à mon ami Michel Biard, le Président de la SER qui fut hier le premier orateur : « la Convention nationale, cette troisième Assemblée législative de la Révolution, s’est réunie pour la première fois le 20 et qu’elle a décrété l’abolition de la monarchie le 21, à l’initiative de deux de ses membres, Collot d’Herbois, homme de théâtre ayant dès 1789 mis sa plume au service de la Révolution, et Grégoire, évêque constitutionnel du Loir-et-Cher. Le texte alors voté à l’unanimité par acclamations était rédigé de façon on ne peut plus laconique : « La Convention nationale décrète que la royauté est abolie en France ». Le lendemain, à l’ouverture de la séance, un autre représentant du peuple, Billaud-Varenne, proposait de « […] dater les actes [… de] l’an premier de la République française » et ce à compter de la veille. La Convention accepta sa proposition, mais le texte finalement voté ce jour là remplaça la date du 21 par l’adverbe « dorénavant ». La République est donc née de fait le 21, de droit le 22, mais, en tout état de cause, elle n’a pas alors fait l’objet d’une proclamation formelle. Quoi qu’il en soit, comme chacun le sait, elle ne figure ni le 21 ni le 22 septembre dans le calendrier actuel de nos fêtes laïques, paradoxe étonnant pour une République encore si largement fondée sur les acquis de la Révolution, tant dans ses structures territoriales et administratives que pour ses usages politiques et nombre d’autres héritages, notamment culturels. N’en déplaise à ceux qui persistent avec obstination à nier ou à rejeter ces héritages, notre République répond toujours de ce qui fut hier encore désigné sous le nom de Grande Révolution. »

Après lui, la députée socialiste Catherine Lemortona dit quelques mots, prétendument au nom du président socialiste de l’Assemblée nationale, qui sans doute se moquait totalement de cet hommage, avec des mots qui ont fait sourire l’assistance. Elle a affirmé, non sans panache, qu’elle était« robespierriste ». Pourquoi pas ? Tant mieux. Elle était sincère. Elle fut réellement très active pour aider l’Etat a racheter les manuscrits de Robespierre, l’an passé. Mais, sait-elle que c’est dans son propre parti, parmi les élus socialistes de Paris, que l’on rencontre la plus vive opposition pour rendre hommage à Robespierre ? Qu’importe. Après elle, nous avons déposé nos gerbes de fleurs puis de retour à la tribune, c’est d’abord Pierre Laurent qui repris la parole avec chaleur, mais hélas sous une pluie battante, au nom du PCF.

Enfin, après Pierre, ce fut le tour de Jean-Luc Mélenchon , pour un discours d’une force politique et historique hors du commun. Je sais l’importance et la méticulosité qu’il a accordé à la préparation de ce moment auquel, très modestement, Laurent Maffeis et moi, avons participé. Lors des deux après-midi que nous avons partagé pour échanger quelques idées, et trouver quelques citations riches de sens, ou un plan dynamique j’ai mesuré la profonde connaissance de la Révolution française chez Jean-Luc. Blanqui, Louis Blanc, Jaurès, Michelet, Mathiez… il a pratiquement tous les auteurs républicains majeurs sur le sujet et est capable, de mémoire, de relire ou reconstituer des passages entiers. C’est dire combien, pour Jean-Luc Mélenchon, parler de la Grande Révolution, devant le Panthéon, n’est pas chose qu’il a pris à la légère. On ne peut totalement comprendre la matière qui fait cet homme en ignorant cette dimension. Je vous laisse profiter de ce discours, en remerciant, la télé de gauche qui a fabriqué ce petit montage.

Vendredi 21 septembre, le Parti de Gauche a rendu hommage à la République (discours de J-L Mélenchon)


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