Comment engager le bras de fer avec les forces de l’argent ?

lundi 24 septembre 2012.
 

Quatre mois après la défaite de Sarkozy et alors que les prochaines semaines, tant au niveau européen qu’au niveau national, seront marquées par des rendez-vous majeurs, la question du changement va être au cœur du débat politique et de la bataille idéologique. Il faut s’y préparer. De quelle manière ? A partir du réel, d’une nouvelle situation politique, en discutant et en agissant avec toutes celles et tous ceux qui ont voulu passer à autre chose, en portant une ambition au nom de la gauche tout entière. En prenant toutes les questions qui viennent avec une double exigence : proposer des solutions et mobiliser pour arracher des conquêtes sociales.

En conclusion des travaux de l’université d’été du PCF, Pierre Laurent a évoqué « un énorme bras de fer » entre les forces du changement et les forces de l’argent mobilisées, engagé dès le lendemain de la défaite de la droite. En effet, il ne faudrait pas gommer une réalité en cette rentrée politique et sociale : la droite et le Medef, particulièrement combatif, n’ont pas décidé de la jouer « tranquillou ». L’agenda politique et social de la période à venir va donner à voir très concrètement les enjeux de société sur lesquels ce rapport de forces va se durcir. Nous n’allons pas nous mettre sur le bord du chemin en attendant les prochaines échéances électorales, en pensant que les choses sont pliées. Notre responsabilité est tout au contraire de proposer de belles batailles politiques, nourries de propositions, d’actions et de rassemblements les plus larges et unitaires possible, pour des améliorations concrètes des conditions de vie.

Rapide tour d’horizon des questions sur lesquelles, face à un gouvernement qui ne s’attaque pas aux racines de la crise, tout en reconnaissant une situation « d’une gravité exceptionnelle », il nous faudra intervenir et agir dans les prochaines semaines.

La bataille sur le traité budgétaire européen va se mener dans un contexte où nous pouvons marquer des points qui compteront par la suite pour tout simplement rendre illégitime la ratification du traité. Sans sous-estimer le niveau du travail politique qu’il faut produire en peu de temps pour faire connaître au plus grand nombre de citoyens le contenu du traité Merkozy, prenons bien la mesure des évolutions des derniers jours. D’abord, comme l’a révélé le sondage publié dans notre édition du 27 août, cette bataille va se mener avec une opinion publique très largement acquise à l’exigence démocratique d’une consultation par la voie référendaire. L’Union européenne, de nouveau au bord du gouffre, avec huit pays en récession et un plan d’austérité de 435 milliards d’euros sur les cinq prochaines années, est aujourd’hui le terrain d’affrontement le plus sévère entre les peuples et les marchés financiers. Si François Hollande change de stratégie de communication, après avoir eu bien des difficultés à vendre la fable d’une « renégociation » et en proposant aujourd’hui de ratifier puis de se battre pour des avancées lors du prochain sommet européen de la mi-octobre, c’est que le contenu politique du traité budgétaire n’est pas défendable face aux urgences sociales. Le coup d’après est déjà inscrit à l’agenda européen, dès le mois de décembre, avec une chancelière allemande qui voudra accélérer sur le chemin d’une union budgétaire, économique et politique. Bref, l’actualité européenne sera brûlante, évolutive, dans une situation qui reste très ouverte, tant l’aspiration des peuples européens à ne plus être saignés se renforce jour après jour et, avec elle, l’urgence de ruptures avec les orientations actuelles.

Sur le plan national, les rendez-vous inscrits à l’agenda seront autant de moments où nous pourrons présenter nos propositions pour des conquêtes sociales. Après l’emploi des jeunes et le logement, lors de la session extraordinaire du Parlement, nous entrerons dans le dur dès le début octobre, avec la discussion autour du projet de loi de finances 2013. Les enjeux sont énormes pour ce premier budget du quinquennat.

Dans l’attente d’une nouvelle révision à la baisse des prévisions de croissance, le gouvernement doit trouver 33 milliards d’économies 38 ? 40 ? demain davantage (en réduction de dépenses et en nouveaux impôts, avec une menace sur la CSG) ? , pour atteindre les 3 % de déficit. Le cadrage proposé par Michel Sapin à la suite de la conférence sociale de juillet sera un indicateur de la manière dont le débat va se mener sur la sécurisation de l’emploi et la « compétitivité sociale et économique », pour reprendre la formulation de François Hollande avec, en toile de fond, le seuil symbolique des 3 millions de chômeurs (catégorie A), qui vient d’être franchi, et de nouveaux plans de licenciement à l’automne.

Dans son intervention à Châlons-en-Champagne, le président de la République a appelé au « courage » quant à l’avenir de la protection sociale. On connaît la chanson Le prochain débat sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale s’annonce musclé. D’autres sujets (création de la banque publique d’investissement, conférence environnementale, révision du schéma national des infrastructures de transport, financement des collectivités territoriales, avenir de l’enseignement supérieur, débat autour du projet de loi de refondation de l’école) permettront de poser une question simple : l’humain d’abord, c’est maintenant ?

Sur toutes ces questions, et d’autres encore, avec l’apport de nos parlementaires, avec l’ambition de mener des campagnes de propositions et d’actions, la prochaine période sera un terrain d’engagements concrets pour caractériser l’affrontement entre les forces de l’argent et les forces qui veulent dans les années à venir des avancées sur le terrain des conquêtes sociales. La démarche du Front de gauche pour une irruption citoyenne donnant force à des solutions est plus que jamais d’actualité. L’énergie positive et combative qui se dégagera de la prochaine Fête de l’Humanité sera aussi une démonstration et une invitation grandeur nature à faire de toutes ces batailles, de grandes et belles mobilisations populaires.


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