La fête de L’Humanité est finie. Pour ce que j’en ai vu et vécu c’est une réussite

mardi 25 septembre 2012.
 

- 2) "On va vers une fusion de la droite et de l’extrême droite"
- 3) Et maintenant, c’est la fête ! (Jean-Luc Mélenchon)
- 4) La Fête de l’Humanité, grand rendez-vous des forces de gauche et du front de Gauche
- 5) Quelques moments forts politiques dans la fête
- 6) Fête de L’Humanité : "Terre de résistance et d’espérance"

La fête est finie. Pour ce que j’en ai vu et vécu c’est une réussite. Mais je sais bien que ce mot ne va pas de soi pour une telle entreprise. Des millions d’euros sont mobilisés et, jusqu’à la dernière minute, c’est un enjeu pour le journal l’Humanité de savoir si les comptes seront bouclés en équilibre. Je ne sais pas si ce sera le cas. Je n’ai pas d’information a ce sujet. J’ai pris l’habitude, dorénavant, d’observer l’approche du jour de la fête sur le visage du patron de l’évènement : Patrick Le Hyarric. La tension qui monte en lui lui sculpte le visage. C’est un homme réservé d’habitude, au point de paraître lunaire quoiqu’il soit assez facile d’arriver à le faire sourire. Mais avant la fête, je mesure le poids des angoisses qu’il porte à la tension de ses traits. Mercredi dernier, assis ensemble pour un petit café au bar des députés européens, je bavardais avec lui. Sitôt que vint le thème de la fête, il retrouva en une seconde les traits si caractéristiques de cette angoisse particulière.

J’évoque cet aspect de ce personnage parce que cela me permet de revenir sur la dimension humaine de tout ce que nous entreprenons. Déformés par la mentalité si spéciale des années 90, une mentalité consumériste qui a aussi contaminé l’univers des militants, beaucoup ont perdu parfois, et même souvent, la perception du rôle crucial des personnes qui se sont mises à la tâche et du poids de la responsabilité dont elles se sentent investies. Et il en va de même pour nous plus modestement quand il leur arrive d’installer notre grand stand à la fête.

Plusieurs centaines de camarades sont mobilisées. Sur certains postes de travail, il y a un roulement. Sur d’autres non, ce n’est pas le cas. Ainsi quand telle camarade, institutrice de son état, décide de proposer ses services pour faire des crêpes pendant quelques heures et qu’elle se voit entraînée, en quelque sorte, à rester clouée sur cette production pendant trois jours au rythme des demandes enchaînées d’estomacs insatiables mais si pressés ! Et puis, roulement ou pas, il y a les taches lourdes, très lourdes, qui mobilisent pour quelques heures, dans un coup de feu si violent, toute l’équipe de la cuisine et du service parmi laquelle je reconnais toutes sortes de camarades jeunes et plus âgés que je côtoie le reste de l’année dans leur fonction municipale, professionnelle ou militante.

Responsable depuis deux ans du déroulement de l’ensemble de la vie de ce stand, Pascale le Néouannic y tient un rôle de chef d’orchestre. Elle doit non seulement s’assurer que chaque poste de travail est tenu et respecte son roulement, mais aussi que chacun des débats politiques organisés s’enchaîne dans les meilleures conditions possibles et aux heures prévues. J’ai pu observer qu’il existait dorénavant une équipe qui l’entoure. J’ai noté le renouvellement générationel. J’ai bien vu comment les cadences se sont intensifiées et accélérées. Sous la poigne de fer de Maryvonne, le poste de distribution de matériel militant fonctionne comme une horloge, sans pause ni trêve. A côté, le stand de notre librairie débite à longueur de journée et l’exercice des dédicaces permet d’humaniser la diffusion.

Tout ce que produit notre collection « politique à gauche » aux éditions Bruno le Prince se diffuse à une vitesse incroyable. C’est dire combien est immense la soif d’apprendre qui nous entoure. Les années grises sont finies, bel et bien. Toutes générations confondues, jeunes, étudiants et anciens retraités s’ébrouent l’esprit ! Leur appétit est celui de connaisseurs. Des titres que l’on jurerait ailleurs" improbables" partent comme des petits pains. Ainsi ce « Robespierre, reviens ! » dont les 300 exemplaires disponibles sur le stand se sont tous vendus en deux jours. J’aime par-dessus tout la confusion des rôles et la modestie militante. Ainsi quand je découvre que le serveur du bar est un étudiant en philosophie à bac+6 et que la jeune femme qui l’aide est une sociologue.

Ainsi chaque fois que je croise une femme ou un homme de notre équipe, que l’on reconnaît à son foulard rouge ou à son bac, distribuant des tracts, jouant des sketches dans la rue, préparant les chaises pour le débat avec Jacques Généreux, avec Martine Billard et Aurélie Trouvé, avec Marc Dolez, Gabriel Amard, je sais que toutes ces « petites mains » constituent à la fois une élite humaine et des personnages hors du commun, puisqu’ils sont la. J’ai fini par admettre qu’il valait mieux, pour le confort de tous, qu’une équipe particulière soit organisé pour s’occuper de moi. Tout pose problème avec moi. Comment pouvoir m’isoler pour me détendre, où me placer pour préparer mes interventions, rite auquel je ne veux jamais manquer, par respect pour ceux qui vont devoir m’écouter parfois beaucoup trop longtemps.

Comment assurer que mes déplacements ne perturbent pas tout l’environnement, comment se garantir contre mon étourderie ou cette habitude perturbante que j’ai de m’arrêter sans cesse pour discuter avec tous ceux qui veulent m’interpeller, comment m’arracher à ces séances de photographies ou ces dialogues impromptus où je mets parfois beaucoup trop de passion avec des interlocuteurs qui ne sont pas moins déterminés que moi. Je rougis d’avoir à vous dire que tout ceci mobilise au moins une dizaine de camarades, entre l’escouade de service d’ordre, la surveillance des lieux où je me trouve, la collecte puis le tri des lettres, numéros de téléphone, carte de visite et cadeaux si gentils et souvent si émouvant que l’on me fait sans cesse, au fur et à mesure de mes allées et venues. J’arrête là la collection des images qui me viennent à l’esprit au moment de dicter ses lignes. Car dorénavant je dicte. Les programmes de reconnaissance vocale ont fait assez de progrès pour que cela soit possible. Et quand bien même j’ai perdu ma voix dans les discours que j’ai prononcés, la machine n’en a cure et suit mes mots, tranquillement.

Dans cette fête j’ai rechargé mes batteries. J’ai pu goûter le décalage qui existe entre ce qu’en disent quelques médias venimeux et ce qu’en perçoit le grand nombre qui se trouvait là. Les persiflages de quelques apparatchiks qui voulaient se donner de l’importance en jouant un rôle de courtisans de Pierre Laurent, pour s’en faire les champions contre moi, ont certes beaucoup nui au travail que nous avions à accomplir lui et moi comme tous les autres. Deux jours d’images négatives sont le prix à payer pour leur insondable stupidité et leur goût des jeux de cours, sur le modèle fourni d’habitude le parti socialiste. Cela nous a, bien sûr, contraints à des séances un peu ridicules, et surtout jouées, d’embrassades et de compliments souvent très gênant pour moi qui ai horreur de tout ce qui s’apparente de près ou de loin à ce genre d’exercice. Ces petits jeux ont permis à des commentateurs qui n’attendaient que cela, décidés, d’enfoncer un coin dans la préparation de la manifestation du 30 septembre.

Je crois que nous allons surmonter tout cela. Car sur les bases de notre mouvement, d’après tout ce que j’ai pu voir sur place, la manoeuvre est déjouée. Les regards sont acérés. Personne ne s’est laissé prendre au piège. À présent, la fête étant finie, toute notre énergie est concentrée sur la réussite de la manifestation. Malheur à qui se met en travers de ce chemin ! Il faut jouer collectif maintenant ! Il n’y a parmi nous, certes, aucun César mais non plus aucun parti guide ni, par délégation, aucune coterie cheftaine ! Les centaines de contacts que j’ai pu avoir sur la fête m’ont appris que par dizaines les unions locales et les unions départementales de maints syndicats, les sections et les cellules des organisations du Front de gauche, partout, consentent des efforts immenses pour organiser sérieusement et massivement la manifestation. C’est à cela que nous devons tous sans réserve ni arrière-pensée ce que nous allons faire le 30 septembre, qui sera un signal politique d’importance majeure, non seulement pour notre pays, mais pour l’Europe qui regarde. J’ai bien senti avec les unes et les autres, celui-ci, celle-là, au fur et à mesure de mes dialogues, que cette dimension était bien perçue de tous. J’ai confiance.

2) Débat à la fête de l’Humanité : "On va vers une fusion de la droite et de l’extrême droite"

Le débat sur le danger de la banalisation du Front National, à l’Agora de l’Humanité, a permis de dresser un constat riche et complet sur le rapprochement entre les valeurs de la droite et de l’extrême droite.

Et c’est un processus bien plus important que le symptôme « Guéant ». Alexis Corbière du Parti de Gauche et Gaël Brustier, chercheur en sciences politiques, pointent un exemple alarmant : les attaques contre les valeurs de la Révolution Française sont bien plus virulentes à l’UMP qu’au Front National. Chez Jean-François Copé particulièrement. « La droite et l’extrême droite se retrouvent sur une matrice fondamentalement anti-Lumières. Et particulièrement contre l’idée d’Egalité » explique Gaël Brustier.

Alain Hayot, élu PCF du Vaucluse, rappelle bien que « Le Front National est dans la tradition de la droite Française. Il ne prend pas des voix à gauche, c’est une bascule des voies de la droite à l’extrême droite, ça a toujours été ainsi. » L’analyse du vote FN ces trente dernières années le montre bien. Outre la sanction à droite du Sarkozisme, Gaël Brustier explique que « la bascule de la droite à l’extrême droite, qui se retrouve chez les Tea Party aux Etats-Unis comme dans de très nombreux endroits en Europe se fonde sur l’idée du déclin inéluctable de l’Occident. »

Le journaliste Jean-Baptiste Malet, auteur du documentaire main brune sur la ville a confirmé la fusion des droites en prenant l’exemple de Jacques Bompard, élu à la mairie d’Orange sous l’étiquette Front National. « Passé d’Occident au Front National, élu grâce aux divisions de la gauche, c’est devenu un baron de la droite traditionnelle. Mais ce n’est pas pour ça qu’il n’est pas dangereux, une de ses premières mesures en tant que maire fut de purger la bibliothèque municipale de certains livres… »

3) Et maintenant, c’est la fête ! (Jean-Luc Mélenchon)

La fête de « l’Humanité » est désormais un évènement identifiant pour le Parti de Gauche. Comme pour des milliers de militants du PCF, ceux du PG se préparent des semaines à l’avance, organisent leur montée, donnent des rendez-vous sur la Fête, prévoient leur emploi du temps et leurs itinéraires sur place.

Pour quelques-uns d’entre nous, la date de la Fête est un repère pour la publication de nos livres. Cette année on dédicacera de nouveau beaucoup. Les semaines qui précèdent sont donc celles d’intenses et ardents bouclages. Quelques-uns doivent aussi préparer des débats et des exposés. On y met la ferveur et le trac de jeunes gens, quel que soit son âge. Pour ma part, je bouclerai mon bagage sitôt que j’aurais fini ces lignes pour me préparer à vivre trois jours et deux nuits sur place.

A peine rentré de Strasbourg, je repars donc. J’ai deux interventions à faire. L’une avec Pierre Laurent au stand du Front de gauche à propos de la Sixième République, l’autre au stand du Parti de Gauche sur le thème de la Révolution Citoyenne. J’ai aussi un large programme de rencontres de toutes sortes de délégations qui ont voulu me rencontrer et aussi de visites à des stands des partis du Front de gauche et à ceux de l’Amérique du sud.

C’est de la fatigue en vue, après cette semaine si dense. Mais c’est aussi une énorme moisson d’émotions, d’apprentissages et de choses à voir qui va se faire. J’en ai besoin à cette étape de la rentrée où il faut plus que jamais prendre soigneusement le pouls de ceux que je dois représenter ensuite.

4) La Fête de l’Humanité, grand rendez-vous des forces de gauche et du front de Gauche

Myriam Martin, l’ex-porte-parole du NPA, le reconnaissait elle-même dans nos colonnes  : «  Je suis frappée que la Fête reste si populaire, dépassant les rangs de la gauche radicale.  » Le rendez-vous politique et festif de La Courneuve s’est voulu, depuis le début des années 2000, celui des forces de toute la gauche et du mouvement social. Une volonté assumée, portée par l’Humanité, qui s’affiche journal de la transformation sociale. S’est donc approfondie au fil du temps la rencontre conçue sous forme de débat, ou plutôt de forum.

L’échange grandeur nature semble cette année encore bien parti, d’autant qu’il interviendra quelques jours après le cap sur la rigueur budgétaire de François Hollande. Il ne reste pas moins que les défis pour la gauche, qui dispose désormais de tous les leviers du pouvoir, sont immenses, à la mesure de la profondeur de la crise du système capitaliste. Dans quasiment tous les stands, l’action du gouvernement sera commentée, décortiquée, analysée et mise en débat avec des propositions et des projets alternatifs. Un échange qui se fera, parfois, avec des ministres, ou des parlementaires des majorités de gauche à l’Assemblée nationale et au Sénat. Il mêlera en tout cas toujours responsables politiques, syndicalistes, salariés en lutte, intellectuels et acteurs engagés dans la société. C’est notamment le cas à l’agora, animée par la rédaction du journal, où, sans nul doute, la rencontre publique des forces de gauche, samedi à 18 heures, marquera la Fête. Toutes les sensibilités de la gauche représentées dans la nouvelle Assemblée seront sur le plateau  : socialiste, membres du Front de gauche, écologiste. Ce sera l’un des moments qui permettront de tirer les premiers enseignements des mesures prises par le gouvernement, telles celles concernant le logement social, les jeunes sans formation ou la fiscalité. Mais aussi de débattre du traité budgétaire européen et de ses conséquences sur la vie politique et sociale.

Au fil des ans s’est renforcée la présence des partis de gauche, avec des stands qui leur sont dédiés. Ainsi, en plus de celui du PCF, on a vu apparaître ceux du NPA, du Parti de gauche, de la Gauche unitaire. Et, pour la première fois l’année dernière, celui du Front de gauche. Ce week-end, il sera plus grand, comme pour montrer l’importance que prend ce rassemblement dans le paysage politique et donc au sein de la Fête. Il sera inauguré, vendredi, à 17 heures, par les représentants des huit organisations qui le composent, dont Pierre Laurent (PCF) et Jean-Luc Mélenchon, l’ex-candidat à la présidentielle, coprésident du Parti de gauche, comme pour bien afficher l’union scellée. Le stand du Front de gauche devrait compter parmi les principaux lieux de discussion, dont le dialogue entre Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon sur la VIe République, samedi à 11 h 30, sera l’un des temps forts.

5) Quelques moments forts politiques dans la fête

Samedi

10h. "La défense de l’emploi réclame la conquête de droits nouveaux, de vrais pour les salariés dans les entreprises. A partir de deux luttes déterminantes : les Sodimédical et les Fralib" Débat animé par Jean François Téaldi. Avec Angélique Debruyne et Olivier Leberquier, animateurs des luttes des Sodimedical et des Fralib ; Maitre Brun et Maitre Campagnolo, avocats des Sodimedical ; Maitre Guenim, avocat des Fralib ; Annie David sénatrice du Front de Gauche, Mohammed Oussedik secrétaire confédéral de la CGT.

A 11h, “RDV” avec les syndicalistes qui ont signé l’appel à voter Front de gauche aux élections de 2012.

11h30/12h30 En avant la 6e République ! Pierre Laurent et Jean Luc Mélenchon

14h, « La culture est-elle vraiment une priorité ? » Alain Hayot, Paul Chevillard, Claude Michel portes parole du Front de Gauche Culture.

16h30. “Crise financière, crise sanitaire, quelles alternatives ?” Avec la participation de Jean-Claude Chailley pour convergence citoyenne et le CN du FdG, Pierre-Yves Chanu mandaté CGT à l’ACCOS ; Jacqueline Fraysse, parlementaire, FASE ; Françoise Nay de la coordination des comités de défense des maternités et hôpitaux de proximité, une syndicaliste de Sud, Bruno Percebois, Gauche Anticapitaliste ; Frédéric Pierru économiste et Frédéric Rauch, PCF.

18h30. Soirée autour du Non au traité d’austérité. Pour un référendum. Tous unis pour une Europe des peuples.

18h30. Scénario autour du Traité. Animations de rue et ateliers d’éduc pop autour du traité.

19h/20h30. Débat sur le traité constitutionnel. Intitulé et intervenants encore à finaliser.

21h. Concert « les Colporteurs ». Rock rouge.

Dimanche

11h. " Entre cacophonie gouvernementale et traité de l’austérité, quel quinquennat pour l’écologie ? Au lendemain de la Conférence environnementale, premier état des lieux des débats avec les associations, ONG et syndicats" Débat animé par Jade LINDGAARD (Mediapart) Avec de Corinne Morel Darleux, secrétaire nationale à l’écologie du Parti de Gauche et conseillère régionale Front de Gauche ; Michel Dubromel, Vice Président de France Nature Environnement ; Damien Joliton, Gauche Anticapitaliste ; Serge ORRU, Directeur général du WWF France ; un-e représentant-e de Greenpeace ; le responsable de la commission écologie de Solidaires.

12h30. Apéro des animateurs des Assemblées Citoyennes et des Fronts thématiques. En présence de Clémentine Autain.

14h. En finir avec la chasse aux pauvres. Liberté, Egalité, Fraternité : On lâche rien sur les principes ! Avec Jean Pierre Dubois, LDH ;, Lola Schulmann, Romeurope ; Raymond Chauveau, « CGT droits des Migrants »…

Débats, échanges labellisées Front de Gauche.

- Samedi 15, 12h30/13h30, dans le stand. Rencontre Front de Gauche des Français de l’Etranger.( sous réserve du format de leur rencontre)

- Samedi 15, stand Corrèze, 17h/18h30, « Réformer la politique agricole :la gauche à l’épreuve ! » Avec Laurent Levard, PG ; Sarah Feuillete, EELV ;, Germinal Peiro, PS ;, Jacques Lerichomme, GU ; et Xavier Compain, PCF

6) Fête de L’Humanité : "Terre de résistance et d’espérance" par Patrick Apel-Muller

« On transforme sa main en la mettant dans une autre  », écrivait Paul Éluard, et c’est tout le sens de l’affiche qui popularise l’édition 2012. Le poète donnait aussi ce mot d’ordre, qui guide toujours le rendez-vous de La Courneuve  : «  Rassemble afin d’aimer.  » 
Qui dit mieux ?

Là, des salariés de l’agroalimentaire affrètent un car pour venir à la Fête de l’Humanité  ; ailleurs, un comité d’entreprise vote le principe d’une visite combative à la Fête de l’Humanité, tandis que le délégué syndical d’une usine frappée de licenciements insiste au stand de notre journal pour avoir l’assurance qu’il pourra bien prendre la parole, samedi, lors du forum qui enflammera l’agora en début d’après-midi. Les uns et les autres ont voté pour renvoyer Sarkozy et ils n’admettent pas que les plans désastreux qui les visent ne soient pas enrayés. Le redressement productif, c’est maintenant, disent-ils, et ils le signifient à ces actionnaires richissimes qui n’ont de patrie que dans leurs dividendes. Ils le disent aussi au gouvernement, auquel ils réclament plus de fermeté pour bloquer l’avalanche de mauvais coups, plus de courage face au Medef et à Laurence Parisot, plus de persistance dans sa volonté de changement.

L’opinion ne regrette pas le président des riches. Au contraire, une majorité (48 %) sent bien que l’austérité dans laquelle on nous engage décuplera les difficultés des couches populaires, affaiblira la croissance et toute la santé du pays. Sans doute les détails du traité budgétaire européen ne sont-ils pas connus de tous. Mais la volonté farouche des milieux d’affaires de le faire ratifier en catimini alerte sur sa nocivité. L’expérience est là  : partout ces politiques, imposées à toute force aux peuples, sèment la désolation. La Grèce en est exsangue, l’Espagne ravagée, l’Italie meurtrie…

La Fête de l’Humanité prend donc figure de terre de résistance et d’espérance, de caisse de résonance géante des débats qui parcourent la gauche, de laboratoire où des lois progressistes pourraient s’esquisser dans la confrontation des citoyens, des élus, des syndicats. Elle est aussi un cœur qui bat au rythme des carrés rouges des étudiants québécois, des banderoles des mineurs des Asturies, des keffiehs agités pour réclamer la libération des prisonniers palestiniens, des audaces dérangeantes des Femen d’Ukraine ou des Pussy Riot russes, des angoisses des femmes de Tunisie devant les diktats des barbus. L’espérance y est chevillée, avec la volonté de faire réussir la gauche et donner plus d’élan au Front de gauche, plus d’écho à ses idées.

Voilà une fête qui porte bien son nom, quand l’immense public de la grande scène chaloupe au rythme des musiques, avec ses petites faiblesses pour un corton-charlemagne, ses enlacements de fin de soirée, ses controverses passionnées, ses rencontres touchantes entre des lecteurs et des auteurs, ses retrouvailles après des années passées dans d’autres lieux pour d’autres combats.

Par Patrick Apel-Muller

7) Grand stand du Parti de Gauche à la Fête de L’Huma


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