Traité européen, les Français veulent voter

lundi 17 septembre 2012.
 

Près de trois Français sur quatre se prononcent pour l’organisation d’un référendum sur le traité budgétaire. Le Front de gauche engage une grande mobilisation. Face à la montée des critiques, le premier ministre appelle sa majorité à la «  solidarité  ».

Dans l’âpre bataille pour la réorientation de la construction européenne, voilà une enquête d’opinion qui pourrait être à marquer d’une pierre blanche. Consultés pour la première fois explicitement sur le sujet, dans un sondage CSA pour l’Humanité, une très forte majorité de Français se disent favorables à l’organisation d’un référendum sur le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), qui imposerait à la France, comme à chaque État de l’UE, la règle d’or de l’équilibre budgétaire, la condamnant ainsi au régime de l’austérité. Plus qu’un soutien, la proposition fait l’objet d’un quasi-plébiscite, avec 72 % de oui. Sans surprise, elle fait un carton (80 %) parmi les sympathisants du Front de gauche, seule formation, pour l’heure, à réclamer la tenue d’un tel scrutin. Mais elle recueille une nette majorité dans toutes les sensibilités politiques. Deux sympathisants du PS sur trois, 75 % des proches d’Europe Écologie-les Verts (EELV) la soutiennent. À droite, ils sont trois sur quatre à se prononcer dans le même sens.

Ces résultats devraient donner matière à réflexion dans les partis et au gouvernement. La question du traité budgétaire sera au cœur des débats politiques de la rentrée. Le TSCG sera soumis à l’Assemblée nationale début octobre. S’abritant derrière l’avis récent du Conseil constitutionnel jugeant qu’il ne remet pas en cause la souveraineté nationale, le gouvernement a écarté l’idée d’un référendum. Mais au sein de sa majorité, des voix se sont élevées, ces derniers jours, pour mettre en cause le traité. C’est le cas de parlementaires, comme la sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann ou le sénateur EELV Jean-Vincent Placé, qui ont ouvertement exprimé leur refus de voter la ratification du traité.

Mercredi dernier, c’est l’ex-candidate d’EELV à la présidentielle, Eva Joly, qui se prononçait pour un référendum. «  On ne peut pas escamoter le débat public sur un tel enjeu. Le traité qu’on nous propose de voter est le traité Merkozy. Le petit ajout sur la croissance que François Hollande prétend avoir obtenu n’est pas à la mesure des enjeux  », expliquait-elle.

Une sorte de chantage à peine déguisé

À l’université d’été du PS, le premier ministre a reconnu que l’affaire «  soulève des interrogations et des débats  » au PS. Avant d’inviter ses camarades à serrer les rangs derrière le chef de l’État. «  Ce traité, (…) ce n’est pas l’alpha et l’oméga de notre politique, ce n’est pas la fin. C’est une étape, il faut qu’il y en ait d’autres  », fait valoir Jean-Marc Ayrault, appelant à «  consolider la majorité parlementaire, la majorité autour du président de la République  ». Selon lui, il faudrait soutenir le chef de l’État, «  pas uniquement par esprit de discipline, mais parce que, lorsque François Hollande représente la France dans les sommets européens  », il faut qu’il «  arrive avec, derrière lui, une majorité de citoyennes et de citoyens  ». «  Tout affaiblissement de cela mettrait la France dans une situation difficile  », ajoute le chef du gouvernement, dans une sorte de chantage à peine déguisé. Hier, dans un entretien au Journal du dimanche, confirmant une crispation sur le sujet, Jean-Marc Ayrault distribuait les avertissements. Envers les députés PS tentés de voter contre le TSCG  : «  Lorsqu’une décision sur une question aussi importante est prise, elle doit être respectée. Il faut des limites.  » Envers les écologistes, en demandant à Cécile Duflot «  d’expliquer ce que signifie la participation gouvernementale et de faire comprendre ce que signifierait l’ouverture d’une crise européenne aujourd’hui  ».

Yves Housson, L’Humanité


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