Il est plus que temps, dans le Parti socialiste, qu’on parle de salaires, salariés, travail, en priorité.

mardi 4 septembre 2012.
 

Non seulement il y a une place pour cela, mais une grande place, c’est un devoir essentiel. François Hollande et le parti socialiste, nous sommes élus grâce aux salariés. Ils sont 93 % de la population active, ils produisent toutes les richesses de ce pays et n’en reçoivent pas la part qu’ils méritent. Ils votent à 70 % pour nous : c’est à leurs aspirations qu’il faut répondre en premier. Il faut répartir les richesses maintenant : ils attendent depuis trop longtemps. La finance organise la crise depuis trop longtemps. Et justement, ça tombe bien, la clef pour sortir de la crise produite par la finance, c’est de répartir les richesses.

Rien ne nous empêche, ni la mondialisation, ni l’Union européenne (même telle qu’elle est), ni même le funeste TSCG à venir, de répartir les richesses dans nos frontières, d’augmenter les salaires dans nos frontières, d’opérer une révolution fiscale dans nos frontières, de restaurer l’emploi et le droit du travail dans nos frontières. Rien. Les 35 h c’est à nous, et c’est bien : il faut rapprocher la durée réelle du travail de la durée légale pour faire reculer le chômage de masse dans nos frontières. Le chômage de masse à 5 millions, ce n’est pas la mondialisation qui nous l’a imposé, c’est le patronat français. La précarité ne vient pas « d’ailleurs » mais du laisser-faire complaisant et d’absence de loi en faveur du droit du travail. Pareil pour les inégalités salariales. Ici, chez nous, les marges de manœuvre existent. Largement !

Nous sommes contre le TSCG de Merkozy. La « règle d’or » est un « piège à cons » comme le dit Jacques Delors. C’est un gadget stupide, incohérent, impuissant, mais spoliateur, fabricant d’austérité et de récession, sorti du cerveau des néolibéraux intégristes, les huit ministres de Merkel officiant à Berlin. L’idée d’un équilibre budgétaire à 0,5 % de déficit est presque clownesque quand on sait que la barre du déficit fixée à 3 % pour Maastricht n’a quasiment pas été tenue depuis 1992. Salazar au Portugal a appliqué la règle d’or de 1934 à 1974 et a fait de son pays le plus pauvre d’Europe. La « règle d’or » existe en Allemagne depuis 1949 et ils l’ont violée 12 fois. De même que la « dette » est largement indigne, il suffirait d’en faire un « audit public » pour le prouver, et créer les conditions de sa renégociation, de son annulation partielle. En France le sarkozysme a creusé la dette de façon phénoménale en baissant les recettes et en alimentant les banques sans limites. Ce n’est pas le fait qu’on dépense « trop » en fait, cela vient de ce qu’on ne fait pas rentrer assez d’impôt sur les rentiers et les sociétés ! Les dettes, cela se révise et il en a toujours été ainsi dans toute l’histoire : en 1953, l’Allemagne elle même qui n’avait pas payé ses dettes, notamment à la Grèce, a obtenu à Londres que celle-ci soit divisée par 2. Le pragmatisme budgétaire peut et doit régner, c’est politique et pas seulement comptable. Et puis que sont des 0,5 % de déficits autorisés ? Des frais de fonctionnement ? Ne peut-on en déduire l’investissement et la protection sociale ?

Nous soutenons à fond François Hollande qui réclame que « la BCE prête directement aux états ». C’est le mot d’ordre clef en Europe, pour les Grecs, comme pour les Italiens, les Espagnols, nous et… les Allemands. Des millions de citoyens européens comprennent qu’il est anormal, insupportable, intolérable que la BCE prête 1000 milliards aux banques (le double du FESF, du MES, 10 fois la somme prévue pour la « croissance » européenne le 29 juin 2012) à 1 % et que ces banques les (re) prêtent à 3, ou 6, ou 7, ou 8 % et plus aux états. De qui se moque t on ? Comment peut-on tolérer cette usure ? QUE LA BCE PRETE DIRECTEMENT AUX ETATS !

Et s’il y en a qui, à tout prix, nous imposent « la règle d’or », il y a une solution : en 2011, le CAC 40 a obtenu 86 milliards de bénéfices, et ils ont distribué 37 milliards de dividendes : tant qu’il n’y aura plus de 0,5 % de déficit, que ces dividendes soient rendus à la nation plutôt que d’être dilapidés dans les « subprimes » ou les îles Caïman ! Les 500 premières familles pèsent 192 milliards, soit plus de la moitié du budget national, qu’elles soient largement contributrices jusqu’à ce que la « règle d’or » triomphe : pas de revenu supérieur a 20 fois le Smic. Nul ne doit gagner plus que le président de la république, fonction la plus élevée de ce pays. Il doit y avoir 20 tranches « fines » d’impôt sur le revenu, direct et progressif. Si « règle d’or », il doit y avoir, ce ne doit pas être les salariés qui la paient : que le Figaro et l’UMP qui la défendent, y réfléchissent bien, cela se fera contre eux, pas contre nous. Des salaires en plus, des dividendes en moins, cela peut être le contenu donné à la règle d’or : ça va faire réfléchir !

Car « nous », nous sommes les salariés, les socialistes, la majorité démocratique et nous n’avons pas l’intention de nous laisser faire, TSCG ou pas. Oui, le Figaro n’aime pas la démocratie..

Comment accepter de se faire berner et cautionner l’absurde, honteuse, invraisemblable idée qu’il faudrait détruire les droits du travail dans tous les pays européens pour rembourser la dette ? Pour sortir de la crise, de la récession, il ne faut pas moins de droit du travail, il en faut plus ! Ce sont les salariés, bien formés, bien payés, bien traités, qui produisent le plus ! Ce sont les pays les plus pauvres qui ont la durée du travail la plus longue ! Ce sont les pays aux salaires les plus élevés qui ont le moins de chômage !

Pourquoi nous sommes contre le TSCG ? Pas par dogmatisme opposé au dogmatisme de Merkel, mais pour défendre les salariés, et si le TSCG nous est imposé, nous continuerons, car c’est ça le « nuage de mots-clefs » : salaires, salariés, travail. De l’emploi, il y en pour tous, ici, dans l’hexagone, si on répartit mieux les bénéfices, si on redonne aux salaires les 10 points qui ont été pris par les profits. C’est pourquoi notre contribution repose sur 4 parties essentielles : les salaires, le rejet de la dette usuraire, les marges de manœuvre face à la finance, la fiscalité.

Nous n’avons pas abusé du mot « Hollande » ou PS, parce que nous débattons entre socialistes. Ni culte de la personnalité, ni culte du parti mais souci de débat collectif, démocratique ! Ceci dit, nous soutenons à fond François Hollande et tout le gouvernement de Jean-Marc Ayrault pour qu’ils réussissent, car s’ils échouent il faut être clairs, c’est toute la gauche qui échouera !

Il n’y a pas d’autre alternative pour le coup : car si la gauche au gouvernement ne gagne pas, toute la gauche perdra. Jean-Luc Mélenchon ne devrait pas se mettre en embuscade pour dénoncer mais s’impliquer pour peser ! L’embuscade, genre « le vous le dis » puis « je vous l’avais dit », ça ne marche jamais. Qui croit bon d’attendre son heure, attend sa tombe.

Il y en a assez de certains qui, à gauche, tous les jours attendent, annoncent, dénoncent la « trahison » qui vient, qui va venir, ou qui est déjà venue ! À qui ça sert ? À créer le trouble, la démoralisation au lieu de mobiliser ? Prenons l’exemple des Roms, ce qui a été fait n’a certes pas été judicieux, ni en concordance avec les promesses du candidat Hollande qui excluait tout répression de ce type sans alternative en termes de relogement et d’insertion : avant d’agir Manuel Vals aurait pu rencontrer les associations concernées et engager le travail qui a été effectué par le gouvernement.. après. Le gouvernement Ayrault prône la concertation, le dialogue social, avec les associations et les syndicats, rien à voir avec Sarkozy !

Le « sommet social » est engagé : lc’est un grand enjeu. Les adhérents des syndicats ont tous leur mot à dire en direction de leurs représentants qui rencontrent le gouvernement, sur le Smic, le code du travail, le contrôle des licenciements, l’opposition aux plans financiers de fermeture d’usines viables, sur le droit et la durée du travail, la précarité, la santé au travail…

Il faut peser et réussir tous ensemble et pour cela convaincre, mobiliser sur les salaires et le droit du travail, sur le partage immédiat des richesses. Il faut mettre en œuvre le programme sur une ligne située au cœur de la gauche, avec un gouvernement de toute la gauche : PS-EELV-FdG. Ça n’a pas pu se faire en juin, cela peut se faire à tout moment. D’ailleurs toute la gauche a voté le collectif budgétaire de juillet 2012 qui allait dans le bon sens, un bon début qui reprend 7,5 milliards aux riches et actionnaires.

S’il y a un retour en arrière en 2014, ce sera pour la droite et l’extrême droite hélas, pas pour une autre gauche restée en dehors. Unité, unité, action. On peut gagner. On doit gagner. Pour cela débattons à ce congres, qu’il y ait une forte gauche socialiste capable d’influer le parti en entier.

Est-ce que les trois contributions Hamon Lienemann et Filoche peuvent s’entendre ? Nous le souhaitons. Mais ce n’est pas joué : car le bilan d’UMA est hélas translucide, le courant n’a pas fonctionné les 2/3 du temps, les accords passés en son sein n’ont pas été respectés, la démocratie y a été remplacé par une forme de direction que tous critiquent par ailleurs dans le parti et qui ne saurait être admise dans une gauche socialiste « qui se doit de faire de la politique autrement ». Ceci dit, ces obstacles organisationnels pourraient être loyalement dépassés - s’il y en a la volonté.

Il ne reste donc à réaliser un accord politique pour rédiger dans de bonnes conditions collectives, tous ensemble une motion efficace, concrète, mobilisatrice : dans les mois et années qui viennent, de très grands événements vont survenir. Finance, dette, euro, luttes sociales. Soit on s’appuie sur les salariés pour faire face, soit on cède aux énormes pressions dominantes. Salaires, salariés, travail, voilà encore les mots-clefs.

Gérard Filoche 23/8/12


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