Le Front de Gauche plaide pour une ville démocratique et participative

vendredi 24 août 2012.
 

Jean-Luc Mélenchon ne cesse dans ses discours d’inscrire les problématiques de mise au ban de certains quartiers dans un enjeu qu’il estime bien plus large : une politique du droit commun dans l’ensemble des quartiers de France.

Le déplacement du candidat au cœur de la Grande-Borne (lire La Grande Borne accueille Mélenchon), cité populaire de la ville de Grigny, la conférence de presse à l’Usine sur la ville et le logement qui a suivie en sont la suite logique. Pour Clémentine Autain, le socle commun se retrouve dans l’appel pour une mutation urbaine radicale. « Cet appel a été soutenu par 80 élus, praticiens de la construction et de la ville, par des enseignants-chercheurs et militants du droit au logement et à la ville, souligne-t-elle en préambule. Il nous est nécessaire de rappeler que notre organisation s’efforce de dépasser une conception fractionnée de la question urbaine au profit d’une conception globale ».

Plusieurs « idées forces » ont été lancées par la porte-parole de Jean-Luc Mélenchon : « rompre avec la logique de concurrence entre territoires ; rompre avec une logique spéculative pour que le logement devienne accessible à tous. Cela implique une rupture avec les politiques d’austérité actuelles. Si l’égalité passe par l’enjeu des salaires, il passe aussi par l’accès à la ville ». La ville en tant que telle semble intéresser bien peu de candidats.

« La ville ne doit plus être un privilège »

Et Pierre Mansat, conseiller de Paris et adjoint PCF au maire de Paris chargé de Paris Métropole, ne se prive pas de le remarquer : « Sarkozy n’en parle pas et Hollande ne parle que de rénovation urbaine. Or, 77 % des français vivent en ville. On ne peut pas ignorer les questions de discriminations et d’inégalités. C’est une faute politique majeure que d’ignorer ce sujet. La ville ne doit plus être un privilège pour certains. Pour lutter contre la ségrégation, il faut restaurer une justice spatiale ». Mais le droit à la ville n’est pas une incantation, précise l’élu. Ce droit se décline en propositions concrètes, comme la construction du service public national et décentralisé du logement, de l’habitat et de la ville. A ce titre, le Front de Gauche envisage la suppression du ministère de la ville, qui ne fait que « saupoudrer les quartiers pauvres d’aides ponctuelles » critique Clémentine Autain, sans régler les problématiques sociales de fond liées à l’éducation, l’emploi, la santé publique, les transports, la culture et le sport.

De son côté, Stéphane Peu adjoint (PCF) à Saint-Denis insiste sur l’aspect volontariste d’une politique publique du logement : « On ne peut pas laisser faire le marché. Depuis cinq ans, c’est une France de propriétaires que Sarkozy a voulu créer. Alors, oui, beaucoup sont devenus multipropriétaires mais tellement peu au regard d’une majorité de familles modestes qui n’y ont pas accès. Le logement coûte trop cher. Pour acheter un studio à Paris, il faut compter en moyenne quinze années de SMIC. Il faut réaffecter le 1% logement, augmenter les plafonds du livret A. Ce sont des mesures simples mais qui marqueraient le retour de l’investissement public ».

Pour une mutation urbaine radicale

Paul Chemetov, architecte de renom, et soutien du Front de Gauche, a signé l’appel pour une mutation urbaine radicale. Il s’en explique en insistant sur l’approche globale de la question du logement par le Front de Gauche : « Cette approche, détaille-t-il, forme la condition politique de la question sociale du 21ème siècle. Même si le nombre de logements augmente reste la centrifugeuse qui projette encore plus loin les moins bien lotis. L’investissement dans ce domaine ne peut être inflationniste car on ne peut pas délocaliser la production de la ville. L’investissement massif dans ces territoires-là est déterminant pour l’avenir des citoyens et pour la possibilité d’exercer leurs droits ».

Le droit à la ville, c’est aussi la place des habitants dans les projets urbains. La rénovation urbaine lancée en 2003 par Borloo est un exemple de non concertation. Clémentine Autain revient sur la nécessité impérieuse de « faire avec les habitants », sans quoi quel que soit le projet se heurtera aux mêmes réticences : « Il est tout de même symbolique qu’un des critères pour accéder aux mannes de l’ANRU soit celui de la démolition. Vous imaginez le message envoyé aux populations ? » , s’emporte-t-elle. Sur ce point, Maurice Charrier, ancien maire de Vaux-en-Velin, ville de l’agglomération lyonnaise, concède un bilan « mitigé » de la rénovation urbaine. « Il faut renverser les choix de société et faire du foncier un patrimoine universel. La politique de la ville, si elle ne s’inscrit pas dans une politique de progrès social ne peut pas réussir. Réformer la fiscalité, sans doute cela sera nécessaire, renforcer la loi SRU aussi. Mais attention, les propositions naissent du territoire et cela va de pair avec un nouveau regard porté sur les quartiers populaires ».

Ixchel Delaporte, L’Humanité


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