La Banque Centrale Européenne impose l’hyperlibéralisme et l’austérité

mardi 14 août 2012.
 

La Banque Centrale Européenne poursuit son chantage : nous vous aidons à condition que vous aggraviez encore les plans d’austérité hyperlibéraux. Ainsi, le gouvernement grec vient de planifier un tour de vis austéritaire de plus pour une valeur de 11,5milliards d’euros supplémentaires. Il y aurait évidemment une solution simple : que les Etats empruntent directement à la BCE alors que celle-ci prête à 1% aux banques ce que les Etats empruntent à des taux fous à la BCE (plus de 7% à présent pour l’Espagne, taux à 10 ans).

Mais le président de la BCE n’est pas là pour l’intérêt public...

La BCE dicte ses conditions aux peuples

Jeudi, son président, Mario Draghi, a annoncé que l’institution monétaire faisait dépendre son intervention pour sauver l’Espagne et l’Italie de la poursuite de leurs programmes d’austérité.

Jeudi, à Francfort, siège de la Banque centrale européenne (BCE), dans une déclaration liminaire, son président, l’Italien Mario Draghi, a annoncé que l’institution monétaire était prête à intervenir sur le marché de la dette, face aux taux d’emprunt « inacceptables » que doivent consentir certains pays de la zone euro. Mais la BCE entend se dépêcher lentement et surtout dicter ses conditions.

Mario Draghi a souligné que la BCE n’ouvrira le « feu », n’achètera des titres de dette publique des pays attaqués par les marchés financiers (l’Espagne et l’Italie), que si leurs gouvernements poursuivent leurs « efforts de consolidation budgétaire, de réformes structurelles » dont on peut deviner le profil austéritaire.

Pour lui, en outre, les dirigeants de la zone euro doivent se montrer prêts à faire intervenir sur le marché obligataire les fonds de secours européens Fesf (Fonds européen de stabilité financière) et MES (Mécanisme européen de stabilité), en charge de l’aide aux pays en difficulté. « La politique monétaire ne peut pas tout, et surtout pas compenser le manque d’action des politiques », a ajouté M. Draghi, qui a affirmé l’engagement unanime des 23 membres du conseil des gouverneurs à « tout faire » pour protéger la zone euro. L’un d’entre eux s’est toutefois prononcé contre la possibilité de réactiver le programme de rachat d’obligations publiques sur le marché secondaire, sans que l’on sache lequel. On n’ignore pas cependant que la banque centrale allemande, représentée au conseil de la BCE, s’est ouvertement opposée à cette éventualité.

Quant à l’idée d’octroyer une licence bancaire au Mécanisme de stabilité européen, Mario Draghi estime que c’est aux gouvernements de prendre ce type de décision. Le gouvernement allemand avait déjà indiqué qu’« une licence bancaire pour le MES » ne faisait « absolument pas partie » de ses projets. Par ailleurs, la BCE a laissé jeudi sans surprise ses taux directeurs inchangés. Les effets de ces diverses annonces se sont fait aussitôt ressentir. Les places boursières européennes et Wall Street ont immédiatement reculé. Après s’être d’abord détendus, les taux italiens à dix ans sont grimpés au-dessus des 6%.

L’ Espagne en pleine récession et affaiblie

Les taux d’intérêt espagnols à dix ans ont continué à augmenter, passant au-dessus de 7%. Un niveau insoutenable pour une économie espagnole en pleine récession et terriblement affaiblie par une fuite des capitaux. Le volume des capitaux retirés d’Espagne par les investisseurs pour être placés à l’étranger depuis le début de l’année et jusqu’à fin mai a continué en effet sa forte progression. Il a dépassé les 160 milliards d’euros, un record. Preuve que l’austérité ne règle rien, ces mouvements interviennent alors même que Mariano Rajoy a annoncé il y a peu de nouvelles coupes dans les dépenses pour réduire le déficit. On ne peut donc exclure que l’Espagne soit contrainte elle aussi de réclamer un plan de sauvetage global, en plus de l’enveloppe de 100 milliards d’euros déjà accordée pour tenter de sauver son secteur bancaire en grande difficulté.

Mercredi, François Hollande, à l’occasion d’une conférence de presse à Paris avec le chef du gouvernement italien Mario Monti avait déclaré  : « Nous avons rappelé une nouvelle fois notre volonté de tout faire pour que, d’abord, les décisions du Conseil européen de la fin du mois de juin soient appliquées, que la zone euro soit défendue, préservée, consolidée et que nous puissions travailler à son intégrité. » Le projet n’est-il pas contradictoire  ? Le sommet de juin en effet a marqué l’acceptation par le chef de l’État du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l’Union économique et ­monétaire, qui vise à ligoter la liberté des peuples de choisir leur politique économique et sociale et c’est cela particulièrement qui menace l’intégrité de la zone euro.

Pierre Ivorra, L’Humanité


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