Justice des mineurs : Taubira appelle à cesser l’enfermement à tout crin

jeudi 9 août 2012.
 

La ministre de la Justice Christiane Taubira a exprimé son scepticisme quant à l’efficacité des centres éducatifs fermés, et plus généralement face à la politique sécuritaire et répressive menée par l’ancien gouvernement.

Il faut sortir du « fantasme » selon lequel les Centres Educatifs Fermés (CEF) constituent « la » solution en matière de délinquance juvénile, a déclaré Christiane Taubira dans un entretien accordé à Libération mardi 7 août. La Garde des Sceaux a par ailleurs indiqué avoir arrêté la transformation de 18 foyers en CEF et avoir lancé une inspection d’évaluation sur ces centres. Elle semble donc s’éloigner de la position du président socialiste qui, lors de sa campagne, avait promis de doubler le nombre de ces centres constituant une alternative à la prison, actuellement porté à 42. Rappelons que cette mesure figurait également, à peu de choses près, dans le programme du candidat Sarkozy (à la seule différence que dans le programme socialiste, les CEF n’étaient pas censés remplacer les autres structures d’accueil).

Contre la récidive, enfermer n’est pas la solution

Christiane Taubira a pointé les effets néfastes du système d’enfermement répressif mis en place par l’ancien gouvernement, en se montrant très critique envers les courtes peines de prison, en grande partie responsables selon elle de la surpopulation carcérale et du taux important de récidive des délinquants. « Il y a des années qu’on sait que la prison sur les courtes peines génère de la récidive, c’est presque mécanique. Il faut arrêter ! Ca désocialise, ça coûte cher et ça fait de nouvelles victimes », a-t-elle fait valoir. Mais contrairement à ses prédécesseurs, elle ne préconise pas, pour résoudre ce problème, d’augmenter toujours plus les constructions d’établissements. Elle appelle plus généralement à la recréation d’ « une politique pénale qui, sur la base de la lutte contre la récidive, fait de la pédagogie autour de la sanction », et insiste sur la nécessité de rétablir des effectifs d’encadrement suffisants, notamment dans les SPIP (services pénitenciers d’insertion et de probation), et chez les juges d’application des peines.

Réconciliation avec les syndicats du monde judiciaire

Elle rejoint donc les revendications des principaux acteurs du monde judiciaire et pénitentiaire, tels que le Syndicat de la Magistrature et le SNES-PJJ-FSU (Protection Judiciaire de la Jeunesse). Ces derniers ont en effet continuellement dénoncé, ces dernières années, l’inefficacité et les dangers liés aux lois répressives mises en place par la droite au coup par coup et sans concertation, notamment dans le domaine de la justice des mineurs. « Nous souhaitons la disparition pure et simple de ces structures [les CEF, -Ndlr], qui ne sont qu’une solution plus présentable que la prison pour assumer l’augmentation des condamnations liées à la création du tribunal correctionnel pour mineurs », avait confié Michel Faujour, membre du bureau national du SNPES-PJJ, au moment de l’annonce de campagne de Hollande. Si la position de la Garde des Sceaux suscitera sans nul doute quelques réactions dans le camp socialiste, elle aura du moins le mérite de rétablir les conditions d’un dialogue social apaisé.


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