La politique du gouvernement Ayrault va aggraver le problème de la dette publique

vendredi 3 août 2012.
 

Jean-Marc Ayrault a mis la « dette publique écrasante » au cœur de son discours de politique générale. Mais la politique qu’il engage – réduction à marche forcée du déficit public et ratification du Pacte budgétaire – , loin de résoudre le problème de la dette, mène la France et l’Europe dans l’impasse de la dépression.

C’est Jean-Marc Ayrault qui l’a dit : « le poids de la dette est devenu écrasant. L’État verse ainsi près de 50 milliards d’euros par an à ses créanciers. Cette somme représente la première dépense, juste devant le budget de l’Éducation nationale ; elle est supérieure aux budgets de la recherche, de la justice et de la sécurité réunis. C’est inacceptable ! La dette, c’est moins d’écoles, moins de crèches, moins d’hôpitaux, moins de transports publics… » (discours de politique générale, 02/07/2012).

Le collectif pour l’audit citoyen de la dette publique s’est créé pour soumettre ces questions au débat public. Mais Jean-Marc Ayrault n’y répond pas. D’où vient cette dette ? Quelles alternatives à l’austérité, destructrice des solidarités ? Au contraire, le Premier ministre prend ce « poids écrasant » comme une donnée indiscutable. Pour y remédier, il reprend l’objectif affiché par François Hollande, une réduction à marche forcée du déficit public, visant 3% du PIB dès 2013 et le déficit « zéro » en 2017.

Cette stratégie est suicidaire pour le gouvernement, pour la France et pour l’Europe. En généralisant l’austérité, l’Union européenne creuse sa propre tombe, et le gouvernement français montre l’exemple. Oubliés les échecs de Zapatero et de Papandréou, négligées les leçons des années 1930 et l’échec tragique des politiques déflation-nistes alors menées. L’austérité va aggraver la récession déjà installée, et empêcher la réduction des déficits. Elle enclenche un cercle vicieux de destruction sociale et démocratique. Elle bloque tout espoir de transition écolo-gique, pourtant évoquée à plusieurs reprises dans le discours de Jean-Marc Ayrault.

Le gouvernement estime que le sommet des 28-29 juin 2012 marque la « renégociation » du Pacte budgétaire promise par François Hollande pendant la campagne électorale, justifiant ainsi la prochaine ratification du Traité par le Parlement. Ce nouveau traité « Merkozy » institue la soi-disant « règle d’or » de l’équilibre budgétaire et prévoit des sanctions automatiques pour les pays désobéissants. Une étape sera ainsi franchie, non pas celle de « l’intégration solidaire » comme le prétend le Premier ministre, mais celle de l’austérité perpétuelle.

Or personne en Europe, hormis le gouvernement français, ne prétend que le traité a été réellement renégocié. Le soi-disant « Pacte pour la croissance » de 130 milliards adopté le 29 juin ne fait que mettre de nouveaux habits à des fonds déjà existants ou fortement hypothétiques. Ces mesures ne pèseront rigoureusement rien face à la mécanique dépressive sanctifiée par le Pacte budgétaire. Conformément aux engagements de François Hollande devant les électeurs, les députés de la majorité présidentielle ne doivent pas ratifier ce Pacte budgétaire inchangé.

Le collectif pour un audit citoyen de la dette publique réitère sa demande qu’un véritable audit contradictoire et pluraliste soit mené, mettant en débat les origines de la dette publique et les solutions alternatives à l’austérité.

par le Collectif pour un audit citoyen de la dette publique et Attac France


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