Prochain sommet social et Pacte budgétaire européen : tout se tient

mercredi 6 juin 2012.
 

Y a-t-il un rapport entre la préparation du prochain sommet social, qui commence au moment où nous bouclons A Gauche, et les premiers pas du gouvernement Ayrault sur la scène internationale ? Oui, sans aucun doute.

Face à la crise, les stratégies économiques, sociales et internationales se tiennent étroitement. Quand Laurent Fabius demande « sans arrogance » aux Grecs de supporter une baisse de leurs salaires de 22% pour ne pas mettre en péril les actifs de banques européennes gavées de titres de dette très lucratifs, on imagine mal que le gouvernement dont il est membre soit enclin à revaloriser fortement le point d’indice des fonctionnaires. Quand les premiers déplacements ministériels à l’étranger consistent à rassurer la chancelière Merkel qui est en train de conduire l’Europe au désastre austéritaire, on sait que l’heure n’est pas à rendre aux services publics les moyens de fonctionner normalement. Le nouveau gouvernement reste dans les clous de l’austérité. Il ne souhaite pas répondre à la crise en relançant l’activité par la hausse des salaires, et en réformant les traités européens en conséquence. Dès lors, bien que les Français aient défait Sarkozy, c’est toujours Merkel qui donne le la. Et passés les symboles bienvenus, l’ampleur du changement en France se réduit en conséquence.

Heureusement rien n’est jamais écrit et les constructions politiques en apparence les plus inamovibles finissent toujours par réaliser qu’elles reposent sur le consentement du peuple. Et qu’elles peuvent le perdre. En l’occurrence, l’adhésion à l’Europe austéritaire est plus faible que jamais. Partout en Europe le départ de Sarkozy est interprété comme l’attente d’un changement de cap. Les Pays-Bas, réputés solidement arrimés à l’orthodoxie budgétaire des conservateurs allemands, convoquent des législatives anticipées pour dénouer la crise gouvernementale provoquée par un plan de rigueur. L’offensive violente de la finance a déjà fait éclater le système politique grec. Elle continue sa course folle en menaçant désormais l’Espagne, un morceau bien plus gros que les ressources du Fonds européen de stabilisation financière. Si l’Espagne bascule, tout le système économico-politique de l’Union européenne serait donc emporté.

La bonne nouvelle dans ce tumulte c’est que la gauche peut prendre la main simultanément en Grèce et en France. Le hasard des calendriers fait que les prochaines élections législatives seront concomitantes dans nos deux pays. Une configuration exceptionnelle peut dès lors se mettre en place. D’un côté la victoire en Grèce de Siriza imposerait une renégociation du referendum. De l’autre une majorité parlementaire en France dans laquelle le Front de gauche serait suffisamment fort serait en mesure de décrocher la position française de l’orthodoxie néolibérale du gouvernement allemand. Alors une nouvelle alliance européenne pourrait se mettre en place. Non pas l’Europe des mauvais élèves contre la vertueuse Allemagne comme on voudrait nous le faire croire. Mais l’alliance de ceux qui en Europe veulent respecter la souveraineté des peuples et proposeraient une issue à l’impasse dans laquelle s’enferme l’Union. C’est possible. Cela dépend de nos votes. Voilà au moins une chose rassurante. Même si les néolibéraux le tiennent pour quantité négligeable, au final c’est toujours le peuple qui décide.


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