La dérive droitière du candidat sortant laissera-t-elle des traces ?

jeudi 17 mai 2012.
 

Selon les commentateurs, le 22 avril 2012 serait une sorte de réplique du 21 avril 2002 avec un FN représentant un nouveau danger. En fait, l’historique depuis 1988 des voix de Le Pen père et fille aux différentes élections présidentielles montre un FN installé à haut niveau dans la vie politique depuis de très nombreuses années. 1988 : 
4 376 742  ; 1995 : 4 571 138  ; 2002 : 5 471 739 (Le Pen et Mégret)  ; 2007 : 3 834 530  ; 2012 : 
6 421 426. Si en effet le score de 2012 est le plus haut jamais atteint, il correspond en fait à une progression régulière, interrompue en 2007 par un Sarkozy qui avait aspiré par son programme des voix à Le Pen.

Nombreux ont été celles et ceux qui ont alerté sur l’installation du FN dans la vie politique. Je prends deux exemples  : le 26 janvier 2012, les syndicats CGT, FSU, CFDT et Unsa du 93 lançaient un appel aux « salariés du département à ne pas se tromper de colère et à participer massivement aux rendez-vous démocratiques qui s’annoncent pour marginaliser le FN et porter leurs exigences en matière de liberté, d’égalité, de démocratie, de progrès social ». Le 30 janvier 2012, le Front de gauche alertait  : ces derniers mois ont été marqués par une multiplication des interviews et prises de position du Front national. Une banalisation qui avait de quoi laisser perplexe  : on annonçait que le FN était devenu un parti comme un autre, ne se référant plus aux thèses xénophobes et populistes. Pourtant, au-delà des paroles alléchantes  : défense des salariés, lutte contre une « classe politique corrompue », sortie de la subordination aux instances internationales… les véritables objectifs restaient les mêmes. Le but de l’extrême droite était clairement le même qu’à sa création  : diviser les travailleurs et le peuple pour mieux servir les riches.

Sarkozy a pris totalement possession du programme du FN, n’hésitant pas à paraphraser Le Pen et Pétain. Rappelons qu’il est entouré de son conseiller spécial, Patrick Buisson, ancien directeur de la rédaction de Minute, et l’un de ses porte-parole, Guillaume Peltier, est fondateur de l’association Jeunesse action chrétienté et ancien du FN et du MNR... Sarkozy et sa bande sont responsables d’avoir institutionnalisé le FN comme un parti « compatible avec la République », pour reprendre les propres termes du candidat sortant, c’est-à-dire d’en faire un parti compatible avec un gouvernement...

Sarkozy peut bien s’en aller, il a bien fait son travail. S’il est battu, les élections législatives peuvent s’avérer être la réelle réplique du 21 avril 2002  : avec une UMP en morceaux et un FN n’ayant plus aucun obstacle pour récupérer des députés, rejoint par une partie de l’UMP. La droite réactionnaire serait alors majoritaire dans sa famille politique et en capacité de gouverner pour aller plus loin encore dans les reculs sociaux que nous avons connus ces dernières années.

C’est pourquoi, le 6 mai 2012, nous devons rejeter massivement Sarkozy et lui donner le score le plus bas possible, nous devons être unis au second tour pour faire barrage à la haine de classe de toutes les droites. Ensuite, la gauche ne doit pas se contenter d’aménagements et gérer la crise. La gauche doit être offensive et répondre aux revendications sociales. Et donc, lors des élections législatives, nous devons renforcer le Front de gauche en lui donnant un groupe parlementaire important.

Par Matthieu Brabant, professeur en Lycée professionnel
 à La Courneuve, militant CGT-Educ’action.


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