Le Smic, l’école, le logement social. Le projet du Front de gauche défend les quartiers populaires explique le maire de La Courneuve, Gilles Poux, qui se bat contre les inégalités.
Que les « quartiers populaires » n’apparaissent pas comme un thème à part entière de la campagne électorale, cela n’a pas l’air de déranger à première vue Gilles Poux, maire de La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Car, sur le fond, « la situation des quartiers populaires nous renvoie à une crise profonde de notre société ».
Ici comme ailleurs, le chômage massif, le pouvoir d’achat, la précarité ou l’échec scolaire arrivent en tête des préoccupations. Simplement, ces problèmes sont « beaucoup plus aiguisés » dans cette ville où le Secours populaire a vu le nombre de bénéficiaires bondir de 40% ces dernières années, où le taux de chômage dépasse les 15% et où celui des jeunes dépasse allègrement les 30% dans certains quartiers.
« Le candidat du Front de gauche, quand il défend le Smic à 1 700 euros, des moyens pour l’école pour se battre contre les inégalités et l’échec scolaire, des logements sociaux, il parle d’abord des habitants des quartiers populaires. Quand Jean-Luc Melenchon appelle à mettre fin à une Ve République qui n’a jamais été en capacité de défendre l’intérêt des classes populaires, il défend les intérêts des quartiers sans forcément les stigmatiser », poursuit Gilles Poux.
À un mois du premier tour, cela n’exempte pas le Front de gauche de s’adresser à ces couches populaires. « Il est de notre responsabilité de leur dire que nous nous battons pour elles, et surtout avec elles, pour parvenir à rompre avec une logique de relégation sociale. »
La bataille pour l’égalité, menée par le Front de gauche, n’empêche pas non plus ce maire communiste de préparer, pour juin, une grande loi-cadre contre les discriminations territoriales. « Loin de permettre d’avoir plus de moyens pour remédier aux différences, les politiques publiques alimentent et creusent les inégalités en banlieue. »
Gilles Poux a récemment porté plainte auprès de la Halde contre ces discriminations. « Quand les conseillers de Pôle emploi doivent normalement suivre une centaine de chômeurs, ils doivent en gérer près de deux cents à La Courneuve. » Il suffit de voir la queue qui se forme chaque jour à la porte du bureau de poste pour comprendre que les Courneuviens n’ont pas les mêmes conditions d’accueil que les Parisiens. « La Poste ne met pas assez d’effectifs à disposition alors qu’elle est le seul établissement à accueillir facilement des bénéficiaires du RSA, surreprésentés dans la ville, ou pour accueillir un public qui a plus de difficultés avec la langue française. » Sans parler des 3 000 postes dans l’éducation nationale obtenus en renfort en Seine-Saint-Denis, en 1998. Aujourd’hui, tous supprimés. « Sur les trois postes d’enseignants détachés dans les écoles primaires pour apporter une aide supplémentaire, il n’y en a plus qu’un aujourd’hui. »
Toutes les bonnes intentions pour les quartiers populaires ne servent à rien, « si l’on ne s’oppose pas à la réduction des dépenses publiques ou si l’on veut fixer comme objectif le retour à l’équilibre des comptes publics d’ici à 2016 ». Avis à François Hollande.
Sarkozy n’a pas non plus à se draper en défenseur des quartiers, comme il l’a fait devant les militants UMP, sous prétexte de rénovation urbaine. À La Courneuve, où elle avait été impulsée dès 1986, les projets, qui se sont accélérés avec l’Anru, ont certes permis d’améliorer les conditions de vie de nombreux habitants. « Mais cet effort important doit s’accompagner d’un effort similaire à même d’améliorer la situation sociale, sinon cela ne servira à rien. »
Un poste de police fait symbole
L’antenne du commissariat, dans la cité des 4 000 de La Courneuve, pourrait servir d’allégorie de dix ans de politique de droite envers la banlieue. « Dans le cadre d’un projet de rénovation urbaine, elle a été complètement remise à neuf », raconte le maire, qui a financé les 380 000 euros de travaux. C’était en 2005, après la fameuse visite de Sarkozy, venu promettre un « nettoyage au Kärcher » et des renforts policiers après la mort du petit Sidi Ahmed. Mais le poste de police flambant neuf a fermé au bout de huit mois à peine. « Par manque de moyens, les policiers n’ont pas pu le maintenir ouvert, explique le maire. Il a même accueilli La Poste, qui était en travaux. » Et tant pis pour les habitants.
Pierre Duquesne
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