Mettons le FN loin derrière

dimanche 1er avril 2012.
 

La marche immense du 18 mars a produit un basculement. Plusieurs sondages sont venus le conforter. Nous ne pouvons régler notre pas sur des objets aussi peu fiables et si manipulatoires. Mais ils fabriquent un paysage mental au milieu duquel beaucoup se repèrent. Celui-ci est devenu en quelques jours seulement méconnaissable depuis que la rivière du mouvement populaire est sortie de son lit. Hier il était dominé par le Front national. Ce parti est la véritable clé de voûte de la vie politique du pays. C’est au nom de sa capacité à faire baisser le vote FN que Sarkozy a pu justifier son discours sécuritaire et anti-immigrés auprès des secteurs de la droite qui ne le goûtent guère. C’est au nom de l’épouvantail Le Pen que le PS échappait au débat de fond et qu’Hollande a réduit au minimum son ambition de changement. Si le FN n’est plus la troisième force, cela change tout.

Le bouleversement ne serait pas qu’électoral. Le rapport de forces politique et social serait profondément modifié si l’on se débarrassait de ce poison qui sévit depuis 1983. Trente ans pendant lesquels la mise en cause obsessionnelle de l’immigration est venue masquer l’explosion des inégalités sociales. Trente ans d’affaiblissement de la conscience de classe par la division raciste des travailleurs. Trente ans pendant lesquels le petit propriétaire, surendetté, de pavillon s’est laissé persuader que son ennemi était le locataire de la cité d’en face. Trente ans pendant lesquels des millions de salariés, souvent parmi les plus exploités, parmi ceux qui avaient le plus intérêt à lutter, ont rentré la tête dans les épaules de peur d’être invalidés par la couleur de leur peau.

Bien sûr cela changerait aussi le cours de la politique suivie par la gauche. Même si François Hollande devait devancer Jean-Luc Mélenchon et représenter la gauche au deuxième tour. Car ce serait alors dans une configuration totalement nouvelle de deux forces à gauche, sans vote utile pour le nier, avec un Front de Gauche en dynamique, proposant une alternative programmatique et stratégique à la politique social-démocrate expérimentée partout en Europe et dont Hollande faisait un horizon indépassable. Nous sortirions ainsi du piège grec où 10 plans d’austérité se sont succédés faute d’une alternative de gauche crédible au PASOK. Le grain de sable du Front de Gauche bloquerait l’Europe austéritaire.

L’enjeu est donc immense. Mais il peut se jouer à quelques voix. Il faut donc le conforter puis le confirmer dans les urnes. Pas une voix ne doit manquer au Front de Gauche si nous voulons réussir à battre à la fois la droite et l’extrême-droite pour changer vraiment le pays.


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