Mélenchon : « Les trotskistes du NPA sont les bienvenus ! »

samedi 31 mars 2012.
 

Nouveau coup dur pour Philippe Poutou, qui stagne depuis des mois à 0,5 % des intentions de vote dans les sondages. A peine le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) a-t-il réussi à réunir ses 500 parrainages qu’il doit faire face à une fronde en interne. A un mois du premier tour de la présidentielle, trois figures du NPA – Pierre-François Grond, Myriam Martin et Hélène Adam – ont appelé à voter, jeudi 22 mars, pour Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche, dans une tribune à Libération.

« C’est avec beaucoup d’amertume, mais aussi de colère, que nous voyons notre parti renoncer à l’engagement pris lors de sa fondation : rassembler tous les anticapitalistes dans un parti de masse. Le NPA, avec son candidat, prend le chemin de la marginalité, qui lui interdira de peser réellement dans une situation politique aux enjeux majeurs », écrivent les trois auteurs, qui concluent leur propos par : « Si nous sommes nombreux à exprimer notre force par notre vote le 22 avril pour la candidature de Jean-Luc Mélenchon, la situation en sera nécessairement positivement bouleversée. »

Si la campagne de Philippe Poutou avait déjà été critiquée par la Gauche anticapitaliste, le courant auquel appartiennent les auteurs, c’est un pas supplémentaire que viennent de franchir ces trois cadres du parti en appelant publiquement à voter pour un autre candidat. C’est d’autant plus dur à avaler pour le NPA que Pierre-François Grond est l’ancien bras droit d’Olivier Besancenot et que jusqu’à dimanche, Myriam Matin était l’une des deux porte-parole du parti. « C’est quelque chose que je mûris depuis janvier », explique M. Grond, qui souligne « la dynamique de rassemblement autour de Jean-Luc Mélenchon ». « Il est en train de réussir ce qu’on voulait faire au départ au NPA », ajoute M. Grond qui, comme les deux autres signataires, a décidé pour l’instant de ne pas quitter le NPA.

« PRISE DE POSITION INDIVIDUELLE »

Du côté de la direction du parti, on relativise. « C’est une prise de position individuelle, pas celle de la Gauche anticapitaliste », souligne Christine Poupin, désormais seule porte-parole du NPA. Dimanche, à l’issue d’une réunion nationale de la Gauche anticapitaliste, aucun appel au vote n’avait été adopté en raison « des positions différentes en son sein » sur ce sujet. « C’était prévisible, juge également Alain Krivine, un historique de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Le rapport au Front de gauche est un vieux débat chez nous. » Cette question, et notamment celle de l’indépendance du Front de gauche vis-à-vis du Parti socialiste, est en effet une ligne de fracture au sein du parti depuis de longs mois.

Mais pour Olivier Besancenot, cela ne change rien à la candidature de Philippe Poutou. « Il doit d’autant plus rester dans la course qu’il aura maintenant le même temps de parole que Nicolas Sarkozy. Rien que cela... », a déclaré l’ancien candidat à la présidentielle, venu soutenir des métallurgistes du groupe ArcelorMittal à Florange (Moselle).

Dans l’histoire, il y en a un qui se frotte les mains : Jean-Luc Mélenchon. En hausse dans les sondages – un sondage BVA le donne même en troisième homme (14 %) devant Marine Le Pen – et après avoir rempli dimanche la place de la Bastille, le candidat du Front de gauche s’est félicité, jeudi à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), de ces ralliements. « Ça montre que la diversité du Front de gauche va en s’élargissant », a-t-il indiqué avant de lancer : « Les trotskistes du NPA sont les bienvenus ! »

Raphaëlle Besse Desmoulières


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