"La campagne de Mélenchon crée une véritable dynamique"

dimanche 1er avril 2012.
 

Entretien avec Myriam Martin, ex-porte-parole du NPA et Pierre-François Grond, ex-bras droit d’Olivier Besancenot. Ils expliquent à "l’Humanité" pourquoi ils appellent à voter Jean-Luc Mélenchon. « La dynamique est du côté du Front de gauche »

Pourquoi, à un mois de l’élection, avez-vous décidé de soutenir Jean-Luc Mélenchon ?

Pierre-François Grond. Nous avons, Hélène Adam, Myriam Martin et moi-même, fait ce choix après avoir épuisé toutes les possibilités à l’intérieur du NPA pour tenter de rectifier ses choix d’isolement et de marginalité. La campagne de Mélenchon crée une véritable dynamique, pas simplement dans les intentions de vote, mais aussi en termes de mobilisation, comme dans les meetings ou à la Bastille le 18 mars. C’est très important pour maintenant et pour la suite.

Myriam Martin. Il y a deux campagnes. Celle du Front de gauche suscite une dynamique, celle du NPA, pas du tout. C’est moins lié aux candidats qu’à l’orientation politique. Notre prise de position n’est pas celle du courant unitaire du NPA, qui n’a pas donné de consigne de vote. Mais certains d’entre nous ont pensé qu’il était important de marquer le coup. Nous voulons construire un bloc anticrise capable de rassembler des courants politiques, des organisations, mais aussi des individus qui pensent que ce n’est pas à la majorité de la population de payer la crise. C’est un point commun avec la campagne de Jean-Luc Mélenchon.

Êtes-vous surpris par l’ampleur de la dynamique du Front de gauche ?

Pierre-François Grond. Á la gauche du PS, des millions d’hommes et de femmes ont participé à différents combats depuis dix ans : contre le traité constitutionnel européen en 2005, pour défendre les retraites en 2010 ou pour un nouveau partage des richesses. Il existe une gauche de résistance. Je l’ai entendu souvent à la Bastille repris par les manifestants. Ceux-là cherchent une autre voie, un espace de rassemblement, une alternative à gauche. Il y avait à la Bastille des communistes, des écologistes, des socialistes déçus par François Hollande, des gens se réclamant plutôt de l’extrême gauche. Une telle mobilisation, pendant la campagne présidentielle, est très positive.

Myriam Martin. Á la Bastille, le peuple de gauche était là : des jeunes, des moins jeunes, des syndicalistes, tous à la recherche d’une alternative à gauche. C’est aussi notre message. Et ce n’est pas en se repliant sur soi qu’on peut y parvenir. Bien sûr, nous avons des divergences connues avec Jean-Luc Mélenchon, certaines sont à éclaircir. Pour l’instant, personne au Front de gauche ne semble prêt à participer à un gouvernement socialiste qui mènerait des politiques d’austérité. Dont acte.

Pour vous, le NPA a choisi le chemin de la marginalité...

Myriam Martin. J’ai participé à la fondation du NPA, j’y ai cru. Ma déception est à la hauteur de mon investissement. Nous voulions rassembler, pas prendre le chemin de la marginalité. Le NPA se pose aujourd’hui seul contre tous. Ma décision est difficile, mais mûrement réfléchie, même si je ressens une vraie déchirure.

Pierre-François Grond. Je pense qu’il y a eu un marché de dupes au moment de la fondation du NPA. Certains étaient pour un rassemblement large, d’autres pour un petit sas de recrutement de militants révolutionnaires. Ces deux projets sont entrés en confrontation. On a fait une erreur en refusant l’unité avec le Front de gauche. Résultat, trois ans après, le NPA est plus petit et plus sectaire que ne l’était la LCR. Je pense qu’il est urgent de rebondir. Voilà mon état d’esprit.

Entretien réalisé par Mina Kaci avec Julia Hamlaoui


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