"Ce dimanche 18 mars fut le plus beau jour, le plus intense, en ce qui concerne mon rapport avec le politique"

lundi 26 mars 2012.
 

Démonstration de force, insurrection civique, révolution citoyenne, cri du peuple… Les mots sont nombreux pour décrire cette reprise de la Bastille du 18 mars. Racontez-nous, vous aussi, comme vous l’avez vécu.

"Que dire… Sans doute que ce dimanche 18 mars fut le plus beau jour, le plus intense, en ce qui concerne mon rapport avec le politique. La dernière fois, c’était en 2005, quand le « Non » l’avait emporté face au Traité Constitutionnel Européen. C’est dire !

J’ai toujours été éloigné de la « Mélonchomania », sceptique après la désespérance de ce à quoi ont abouti les collectifs unitaires pour le Non et cette désillusion que fut la période 2005-2007 aboutissant à une présidentielle où grosso modo trois candidats campaient sur les mêmes positions (Besancenot – Bové – Buffet) et où d’ailleurs j’ai voté blanc au premier tour. Bien sûr, j’ai été sceptique au départ sur la ligne stratégique du PCF, puis un peu sur la naissance du Parti de Gauche, un peu moins par la suite, puis de moins en moins… Je considère que ce qui s’est passé le 18 mars, ce qui se passe dans cette campagne présidentielle du Front de Gauche dépasse Mélenchon qu’elle que soit ses intentions et notamment celles machiavélique que lui prête des membres du PS aigris, des experts à gages apeurés et repris au pinacle par nombre de citoyen (les arguments on les connaît : Mélenchon l’homme du système, rabatteur de voix de la sociale-démocratie, homme qui provoquera une désillusion aussi grande que Tonton avec le virage de 1983…).

Bref, le 18 mars le démontre : Mélenchon et le Front de Gauche ont réussi - ce que minorent une presse et des éditorialistes dominants qui ont agi en coulisse pour convertir au libéralisme le PS dans les années 1980 et débouché sur la seconde gauche comme le rappelle Pierre Rimbert dans Libération de Sartre à Rotschild (2005) – à rassembler ce peuple de gauche fidèle au référentiel du socialisme des années 1930, fidèle aux combats et à l’histoire de la gauche, de la Révolution Française et des Montagnards aux printemps de 1936, en passant par la Commune de Paris.

Alors oui, aujourd’hui à la Bastille, j’ai senti cela. Je n’ai pas vu Mélenchon mais je l’ai entendu au milieu de cette foule innombrable (50 000 ou 120 000, qu’importe !). Bien sûr, en professeur d’Histoire, son discours m’a passionné. Bien sûr, il était trop lyrique, trop grandiloquent, sans doute moins à l’aise que dans les « petites » salles devant 10 000 personnes. Mais, c’est là que je retrouve quelque chose qui me plaît dans la démarche du Front de Gauche relayé par Mélenchon : celle de la pédagogie populaire, celle de replacer le chaos du monde dans l’intelligibilité que seule l’Histoire donne. Et cela, les gens qui étaient rassemblés dans les rues, bien loin de la Bastille l’ont senti, même ceux bien éloigné du sympathisant Front de Gauche que les médias se plaisent à caricaturer. Alors oui, aujourd’hui à la Bastille, Mélenchon a réussi un coup une « démonstration de force » comme se plaisent à l’indiquer les dépêches reprisent à la télévision et à la « une » des journaux de demain.

Car, et c’est bien normal que les citoyens de droite font mine de ne pas le croire, le politique c’est une question de rapport de force. François Ruffin, directeur du bimensuel Fakir avait ressorti des oubliettes cette phrase de Warren Buffet, « Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guère et nous sommes en train de la gagner (dans The New York Times, 2006). Mais, le plus gênant est sans doute cette partie de la gauche qui ne le comprend pas encore…

Alors oui, aujourd’hui à la Bastille, Mélenchon a bien fait de lancer cette thématique de la Vie République, un enjeu politique et social, impératif pour concevoir un autre rapport de force, pour redonner au peuple la parole et trouver enfin un système démocratique de l’intérêt général, entre la pratique antique à Athènes et nos simulacres de régime parlementaire actuels qui ne se soucie jamais de ce que pense le citoyen. La révocabilité des élus, la question référendaire, le statut de l’élu, voilà des arguments pour la construire et pour armer l’Assemblée Constituante !

Que dire… Sans doute que les jours prochains seront déterminant et que dans cette élection présidentielle comme dans les luttes qui vont suivre, rien n’est écrit… Le peuple français réserve toujours des surprises !"

RIRI (Témoignage dans L’Humanité)


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