L’urgence écologique naît de l’exploitation sans limite des individus et des écosystèmes au nom du profit

samedi 17 mars 2012.
 

Plus de 60 000 personnes ont formé dimanche 11 mars une chaîne humaine entre Lyon et Avignon pour "sortir du nucléaire". A cette occasion, Corinne Morel Darleux, secrétaire nationale à l’écologie du PG est intervenue le même jour à Montélimar pour présenter les positions du Front de Gauche sur le nucléaire. Ci-dessous son intervention.

Intervention de Corinne Morel Darleux :

Je voudrais tout d’abord faire part de notre profonde solidarité avec le peuple japonais comme nous l’avons fait avec vous tous dès le lendemain du drame de Fukushima.

Je suis la locale de l’étape, j’habite à quelques kilomètres de Cruas et de Tricastin. Ici nous avons également les gaz de schiste, en plus du nucléaire. Alors on est bien placés pour savoir l’ingéniosité des industriels de l’extractivisme quand il s’agit de trouver de nouvelles sources de profit.

Et nous n’oublions pas le climat, ni la nécessité de planifier la sortie des énergies fossiles.

La question de nos politiques énergétiques ne concerne pas que le nucléaire. Si on veut sérieusement parler de transition énergétique, il faut prendre la question de manière globale. Et d’abord se poser la question de savoir comment en est on arrivés là. On ne peut pas se contenter de réparer les dégats les plus visibles, sinon on risque fort de se retrouver les mêmes, dans la même salle, avec les mêmes revendications dans 5, 10, 15 ans !

L’urgence écologique est le résultat d’une politique délibérée d’exploitation. L’exploitation sans limites des individus et des écosystèmes au nom du profit.

N’ayons pas peur des mots, ce système c’est le capitalisme. Et il n’a que faire de l’intérêt général. On l’a vu à fukushima avec l’opérateur privé Tepco qui a dissimulé des dysfonctionnements pour ne pas faire chuter son cours en Bourse.

C’est pouquoi pour nous au FDG, on ne peut pas être écolo sans remettre en cause le système. Pour nous, l’humain doit rependre le pas sur l’économique.

On ne peut pas laisser le privé jouer au casino sur le nucléaire. C’est la première priorité. Car quoiqu’on dise sur la sortie du nucléaire, les centrales aujourd’hui elles existent ! Et selon l’ASN elles ne sont pas au normes de sécurité post Fukushima.

Vous savez, le programme du FDG s’appelle l’humain d’abord, ce n’est pas pour rien. Ces centrales, il y a des hommes et femmes qui vivent autour, c’est mon cas. Et il y a des hommes et des femmes qui y travaillent, des ouvriers de la sous traitance qui sont traités comme des ouvriers de seconde zone. Ils prennent 81% des doses et n’ont même pas accès au CHSCT ni au restaurant d’entreprise !

Ne laissons pas la recherche de profit faire baisser les durées de maintenance, faire baisser la formation et la qualité des processus de travail. Améliorer les conditions de travail, c’est améliorer la sûreté des centrales. Le FDG veut revenir à EDF 100% public et abroger la loi NOME. Et si ça ne plait pas à l’Union européenne, qui voudrait nous imposer la privatisation de tous nos services publics, eh bien nous désobéirons. Ca ne nous fait pas peur. Nous avons déjà dit non en 2005, nous redirons non en 2012 ! Sarkozy l’a fait pour sauver les banques, et nous ne pourrions pas le faire nous pour l’intérêt général ? Votez donc pour voir...

Nous créerons un grand pole public de l’énergie avec EDF mais aussi GDF TOTAL et Areva. Voilà qui nous donnera les moyens de combattre la précatité énergétique, en donnant accès à tous aux premières tranches gratuites d’énergie. Car l’énergie n’est pas une marchandise mais un bien fondamental. Et voilà qui nous donnera les moyens d’engager la transition énergétique, en nous appuyant sur la sobriété et l’efficacité énergétique. Qui peut sérieusement croire qu’on peut gentiment demander aux multinationales d’aller vers la réduction de la consommation ? Ce serait réduire leurs profits, ils ne le feront jamais !

Car oui, il s’agit d’abord de réduire nos consommations. On ne remplacera pas le nucléaire pas des éoliennes, ce n’est pas vrai. Il faut inverser notre logique, faire un pas de côté. La première des questions n’est pas comment produire de l’énergie, nous refusons d’avoir à choisir entre le moins pire des maux, nucléaire ou gaz de schiste.

La question aujourd’hui est comment moins en consommer, sans pour autant revenir à la bougie ni au char à boeufs. Le scénario Negawatt ouvre des pistes précieuses en la matière. Le programme du FDG propose la rénovation thermique, le ferroutage et le retour au wagon isolé. La relocalisation de la production, avec une nouvelle politique industrielle qui interroge l’utilité sociale de la production et son impact environnemental. Et des visas sociaux et environnementaux aux frontières pour préserver à la fois l’environnement, les emplois ici, et le développement endogène des pays qu’on va aujourd’hui exploiter sans vergogne pour satisfaire le productivisme chez nous !

Mais aussi le développement d’une agriculture paysanne et la lutte contre la publicité et l’obsolescence programmée pour prévoir la sortie de l’ère pétrolière

et organiser la sortie du consumérisme.

Tout ceci nous fera faire d’importantes économies d’énergie tout en allant dans le sens du progrès humain. Et pour les besoins restants, nous devons faire appel aux énergies renouvelables. Ici en Rhone Alpes, le potentiel est énorme et doit nous permettre d’aboutir à une région à énergie positive en 2050, nous sommes en train d’y travailler.

Mais tout cela, on le sait, ne se fera pas du jour au lendemain. Il faut le prévoir dans le temps long, le temps de l’écologie. C’est notre planification écologique au FDG. Vous le savez, le débat sur la sortie du nucléaire traverse les organisations de ce grand rassemblement qu’est le FDG, tout comme il traverse l’ensemble de la société.

Le Parti de Gauche, mon parti, s’est prononcé pour une sortie progressive du nucléaire, au fur et à mesure de l’arrivée en fin de vie des centrales avec l’arrêt des programmes EPR, avec l’accompagnement des travailleurs du nucléaire, le développement des qualifications pour une filière industrielle du démantèlement, et la réorientation de la recherche publique vers la cruciale gestion des déchets et le développement de nouvelles sources d’énergie renouvelable, comme la géothermie.

D’autres, comme le PCF, sont pour un mix énergétique maintenant une part de nucléaire public. Ce débat nous engage toutes et tous pour des générations. Il est trop sérieux pour être réglé sur un coin de table entre états majors de partis politiques. Nous refusons d’échanger des réacteurs contre des circonscriptions, et de voir les lobbies repasser par derrière pour en modifier les termes ! Nous savons héals qu’il y a des promesses qui ne durent que ce que durent les roses...

Corinne Morel Darleux, Secrétaire nationale à l’écologie du PG


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