Le sinistre programme de Sarkozy

dimanche 18 mars 2012.
 

Du passage de Nicolas Sarkozy dans l’émission « Des paroles et des actes » mercredi, on ne semble avoir retenu trois jours après que ses regrets d’avoir fêté sa victoire au Fouquet’s et passé ses vacances sur le yacht de Bolloré. Pourtant, au milieu de ce numéro de repentance très convenu, Sarkozy a fait plusieurs déclarations et propositions qui méritent d’être prises très au sérieux. Elles dessinent un programme du candidat Sarkozy assez sinistre. Il a notamment annoncé le plus grand plan social de ce début d’année en programmant une nouvelle hémorragie de 40 000 emplois publics. Mais dans les collectivités locales. Sans que cela n’ait visiblement ému grand monde, notamment chez les socialistes, pourtant concernés au premier chef. Personne ne sait d’ailleurs comment Nicolas Sarkozy compte s’y prendre pour qu’un gouvernement supprime ainsi des postes dans les collectivités locales qui gèrent leur propre personnel. Il a d’ailleurs aussi indiqué qu’il allait plus largement « poursuivre la réduction des effectifs de la fonction publique ». Les 150 000 postes supprimés depuis cinq ans ne sont donc qu’un début.

Sarkozy a aussi prévu de poursuivre sa thérapie de choc libérale en intensifiant sa chasse aux "assistés". Il n’a évidemment pas parlé des fraudeurs du fisc que le gouvernement exonère régulièrement de poursuites pénales, surtout s’ils ont beaucoup fraudé. C’est un des constats inouïs du dernier rapport de la Cour des comptes : plus vous volez le fisc moins vous avez de chance d’être poursuivi pénalement ! D’ailleurs Sarkozy a bien rappelé qu’« il n’y a pas eu de cadeaux aux riches ». Ceux qu’il a désignés comme assistés sont les bénéficiaires du RSA dit "socle ". C’est-à-dire ceux qui ne travaillent pas. Pour une personne seule, c’est 475 euros par mois. Deux fois moins que le seuil de pauvreté. Pour eux, Sarkozy propose de généraliser un travail forcé dit d’intérêt général de 7h hebdomadaire. Jusque-là, le "travail d’intérêt général" désignait une sanction pénale. Personne ne sait d’ailleurs dans quels secteurs devra s’exercer ce travail forcé, et avec quel encadrement. Les gestionnaires du RSA, c’est-à-dire les départements vont ainsi devoir gérer le travail forcé d’un million et demi de personnes. Et le projet UMP précise que des pénalités de 100 euros par mois seront appliquées à ceux qui refuseront le travail forcé. Avec les suppressions de postes prévues par Sarkozy dans les collectivités locales, cela promet ! A moins que le président candidat n’ait justement prévu de faire exercer certaines fonctions des collectivités par les bénéficiaires du RSA.

Ce soir-là, les immigrés étaient aussi dans le collimateur de Sarkozy. L’extrême-droitisation de son discours est désormais très avancée. Il a d’abord affirmé : « Si on ne maîtrise pas l’immigration, est-ce qu’on ne va pas à la faillite ? » Comme Mme Le Pen, il ignore l’étude que l’université de Lille a réalisée pour son gouvernement en 2009 et qui conclut que les étrangers rapportent 12 milliards par an aux comptes publics. Ils touchent en effet pour 48 milliards de prestations chaque année mais reversent 60 milliards en impôts et cotisations. Sarkozy a poursuivi ainsi : « Nous avons trop d’étrangers sur notre territoire et nous devons en accueillir moins ». Exactement ce que raconte Marine Le Pen. Et pourtant il y a moins d’étrangers aujourd’hui en France (5,8 % de la population) qu’il n’y en avait en 1975 (6,5 %) et en 1990 (6,3 %) ! Mais Sarkozy pense pourtant que « nous devons diviser par deux le nombre d’étrangers que nous accueillons ». Marine Le Pen va encore plus loin et propose de ramener ce nombre à 10 000 entrées par an. Mais ni l’un ni l’autre ne dit comment il compte s’y prendre. 65 000 entrées concernent chaque année des ressortissants européens. Marine Le Pen compte-t-elle interdire aux européens d’entrer en France ? Et ce n’est pas tout. Chaque année, autour de 50 000 entrées concernent des étrangers membres de la famille d’un Français, que ce dernier fait venir. Là aussi comment Sarkozy et Le Pen comptent-ils s’y prendre ? Vont-ils interdire à des milliers de Français de vivre en famille ? Enfin, 50 000 autres entrées concernent des étudiants. Comment y renoncer ? Faut-il rappeler le nombre d’étudiants étrangers qui deviennent des prix Nobel, des médailles Fields ou des médailles d’or du CNRS ? Ont-ils entendu parler du dernier prix Nobel de médecine, Jules Hoffmann, qui était un étudiant étranger avant de devenir français ?

Mais il y a plus odieux encore. C’est la volonté annoncée de Sarkozy de limiter l’accès des étrangers au minimum vieillesse et au RSA. Il a fixé les conditions suivantes : 10 ans de résidence régulière en France et au moins 5 ans de travail. Le caractère universel des droits serait ainsi sabordé. On exigerait des étrangers beaucoup plus que des français pour accéder à des droits sociaux fondamentaux. Les étrangers payent pourtant les mêmes impôts et cotisations que les français. Cette "discrimination", car c’est bien cela que Sarkozy veut institutionnaliser, est une brèche vers la préférence nationale défendue par le FN. Dès le lendemain Louis Alliot, numéro 2 du FN, s’est d’ailleurs empressé sur « France Inter » de remarquer que Nicolas Sarkozy proposait de légaliser la préférence nationale. Car en effet, celle-ci est aujourd’hui contraire à la loi et même à la constitution qui garantit l’égalité en droits quelle que soit l’origine des personnes.


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