Paul Ariès : "je voterai Mélenchon"

mercredi 14 mars 2012.
 

La candidature Mélenchon : une étape dans la construction d’une gauche antiproductiviste, un premier pas possible vers le socialisme gourmand. Je voterai Jean-Luc Mélenchon.

J’ai décidé de le soutenir publiquement car ce choix fait débat au sein des objecteurs de croissance. J’ai décidé de le soutenir publiquement car si nous avons des désaccords nous avons aussi des accords. Je respecte et comprends les choix différents d’autres Objecteurs de croissance des gauches.

Je voterai Jean-Luc Mélenchon car c’est une étape possible vers l’émergence d’une gauche antiproductiviste. Le compte n’est y certes pas encore : ni sur la sortie nécessaire du nucléaire, ni sur l’obtention d’un revenu garanti dont la forme pourrait être la gratuité des services publics, ni sur la nécessaire reconversion des industries nuisibles notamment militaires... car comme le souligne le programme du Front de gauche ce qui est essentiel à nos yeux fait débat. Signe que les Objecteurs de croissance des gauches n’ont pas perdu leur temps. Signe aussi que le combat n’est pas encore gagné et qu’il nous reste à convaincre.

Nos thèses en faveur du partage d’un autre gâteau (PIB) car le gâteau actuel est totalement indigeste seraient indéniablement mieux entendables par Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou ou Eva Joly que par Nicolas Sarkozy, François Bayrou ou François Hollande. EE-LV a fait le mauvais choix de s’allier avec le PS dont le maître mot de la campagne est la croissance économique... génératrice d’inégalités sociales et d’effondrement écologique. Le NPA a raison de marquer son refus du nucléaire et de toute alliance avec ce PS là...mais son isolement est une erreur stratégique lourde dont il paie aujourd’hui les frais.

Je voterai Jean-Luc Mélenchon car si la fracture entre une gauche productiviste et antiproductiviste traverse chacun des mouvements issus des différentes familles des gauches et de l’écologie antilibérale, les thèses en faveur de la planification écologique, de la relocalisation, de la transition énergétique, du ralentissement, d’un revenu maximal autorisé, de la réduction du temps de travail et même de la remise en cause du culte de la croissance (productivisme et consumérisme) sont présentes dans sa campagne.

Le programme du Front de gauche n’est pas celui des Objecteurs de croissance. Notre soutien n’aurait autrement pas de sens puisqu’il irait alors de soi.

Je voterai Jean-Luc Mélenchon car de la même façon que je pense que sous la gauche nous pourrions désobéir dans de meilleures conditions pour multiplier des expérimentations, je sais que nous devrions combattre pour avancer vers un socialisme de la décroissance, vers ce que je nomme un socialisme gourmand, un socialisme du Bien-vivre, en sachant que le Bien-Vivre n’est pas le bien-être au sens de la société de consommation occidentale.

Je voterai donc Jean-Luc Mélenchon car sa candidature peut aider au retour à un socialisme de la lutte des classes notamment dans le champ de la consommation pour ne plus nous laisser imposer les modes de vie capitalistes, à un socialisme qui n’oppose pas l’écologie et l’intérêt des classes populaires, à un socialisme de la passion capable de combattre le F-Haine, à un socialisme moral capable d’être à la hauteur de la folie du capitalisme vert et de son projet d’adapter la planète et l’humanité au besoin du « toujours plus », au besoin du capitalisme et du productivisme.

Je voterai Jean-Luc Mélenchon sans rien renier de ma conception d’une nécessaire Objection de croissance, parce que je suis convaincu que sa candidature peut être un moment pour avancer vers la justice climatique et sociale, vers une option préférentielle pour les pauvres... Je voterai Jean-Luc Mélenchon en clamant que la relance n’est pas la solution, mais pas davantage l’austérité. Je voterai Jean-Luc Mélenchon en disant non à la « Rilance » : ni rigueur ni relance.

Je voterai Jean-Luc Mélenchon car beaucoup des thèses que j’ai développées dans Le Socialisme Gourmand sont partagées par ceux qui se retrouvent dans son combat.

Paul Ariès, Rédacteur en Chef du journal le Sarkophage et Directeur de la rédaction de la revue les Z’indignées


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