Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche répondent au Collectif « Stop au Gaz et Huile de Schiste »

vendredi 2 mars 2012.
 

Il y a un an le sud de l’Ardèche se levait contre l’exploration et l’exploitation des gaz et huile de schiste. C’est en effet plus de 15 000 personnes qui durant la journée du 26 février 2011à Villeneuve de Berg manifestaient pour dire STOP au Gaz de schiste. C’est cette mobilisation qui s’est étendue à d’autres régions et qui a contraint le gouvernement à annuler un certains nombre de permis d’exploration.

Ce 26 février 2012 les collectifs ardéchois et le collectif départemental ont voulu célébrer cet anniversaire et maintenir une vigilante mobilisation car il faut obtenir partout l’interdiction de l’exploration et de l’exploitation des Gaz de schiste. Il y a quelques semaines les collectifs avaient adressé un questionnaire aux candidats aux élections présidentielles et législatives.

Corinne Morel-Darleux, Conseillère Régionale, secrétaire nationale à l’écologie du Parti de Gauche représentait Jean- Luc Mélenchon à cette manifestation. Elle a remis officiellement, à cette occasion, aux responsables du collectif , la réponse du candidat du Front de Gauche au questionnaire. Cette réponse a été distribuée aux 1000 participants à ce rassemblement et a été particulièrement bien accueillie.

Madame, Monsieur

Je vous remercie de votre courrier. Vous m’interpelez en tant que candidat du Front de Gauche sur ma position concernant les gaz de schiste.

Nous nous opposons à toute recherche ou exploitation des gaz de schiste. En effet, la méthode de recherche présente les mêmes inconvénients que l’exploitation elle-même : propulsion énorme d’eau, recours à des produits chimiques, ce qui menace tout autant les nappes phréatiques.

Cette question est très sérieuse.

C’est pourquoi j’ai demandé au Front de Gauche de la planification écologique de répondre très précisément à votre questionnaire.

Ce sont elles que vous trouverez jointes à ce courrier.

Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations sincères.

Jean-Luc Mélenchon

Le collectif 07 désire savoir si :

Vous adhérez à la charte suivante : « Les collectifs français anti-gaz et huile de schiste s’opposent à l’exploration et à l’exploitation des hydrocarbures nécessitant l’utilisation de techniques recourant à toutes formes de stimulation portant atteinte à l’intégrité de la roche et/ou ayant des conséquences désastreuses pour l’environnement, l’économie des territoires et pays concernés et la santé de leur population. »

En tant que membres actifs et fondateurs des premiers collectifs anti-gaz et huile de schiste qui se sont constitués un peu partout en France, les organisations qui composent le Front de Gauche adhèrent pleinement à cette charte, qui est conforme à l’engagement de leurs élu-e-s investi-e-s dans les collectifs et dans la bataille institutionnelle (Communes, Régions, Parlement). Le programme du Front de Gauche pour les élections présidentielles et législatives de 2012, « l’humain d’abord », va dans ce sens en proposant la planification écologique comme moyen de redéfinir nos modes de production, de consommation et d’échange en fonction de l’intérêt général de l’humanité et de l’impact de l’activité économique sur l’écosystème.

Vous vous engagerez à :

- annuler (abrogation – retrait) tous les permis de recherche accordés en France ?

- interdire définitivement la recherche, l’exploration et l’exploitation de tous les hydrocarbures qui requièrent le recours à la stimulation même expérimentale, y compris sur les titres miniers.

Le Front de Gauche s’engage, s’il est appelé à gouverner en 2012, à proposer un texte visant l’interdiction de l’exploration et de l’exploitation des gaz non conventionnels, permettant de préparer la sortie progressive des énergies fossiles. Nous interdirons donc la fuite en avant que représentent l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures non conventionnels, même à titre expérimental pour des fins de recherche scientifique, qui ne sauraient être des raisons suffisantes au regard des dangers considérables liés à l’utilisation des techniques de fracturation ou de stimulation hydraulique pour l’écosystème et les ressources en eau. Vous trouverez en complément de réponse à ces deux premières questions un appel lancé par des militants et élu-e-s du Front de Gauche (qui sera bientôt rendu public), dont voici un extrait : « L’impérative nécessité de réduction des gaz à effet de serre (GES) est incompatible avec l’utilisation plus intensive d’énergies carbonées. Les émissions de CO2 qui résulteraient d’une relance de la consommation grâce au gaz de schiste conduiraient à une hausse probable de température bien supérieure à l’augmentation de 2°C, considérée par les climatologues comme la limite tolérable. Cette limite correspond à une émission de 840 milliards de tonnes de GES résultant de l’utilisation de l’ensemble des réserves conventionnelles. En y ajoutant les réserves non conventionnelles, nous prendrions le risque d’augmenter de 50 % ces émissions déjà colossales. Nous devons nous opposer définitivement à cette dernière monstruosité induite par le productivisme, quelle que soit l’idéologie qui tenterait de la justifier, et exiger l’abrogation pure et simple de l’ensemble des permis octroyés à ce jour, qu’il s’agisse de recherche exploratoire en vue ou non de l’exploitation de ces hydrocarbures, et quel que soit l’avancement des technologies en la matière, car le principe même de cette exploitation serait la négation de notre programme qui tend à recentrer l’activité humaine sur la recherche du bien-être ensemble et non sur l’accumulation névrotique de choses produites n’importe comment, à n’importe quel prix. »

- porter l’interdiction de toutes formes de stimulation de la roche au niveau européen.

Conformément à l’article 10 de la charte de l’environnement, le Front de Gauche s’engage à porter cette interdiction aux niveaux européen et international. Comme le scandent depuis le début du combat les organisations qui le composent : ni ici ni ailleurs !

- faire précéder la réforme du Code Minier d’un débat public et citoyen et à y intégrer les principes de la Charte de l’environnement ?

Le Front de Gauche propose l’organisation d’un débat public national immédiat sur la politique énergétique en France, débat dans lequel la réforme du Code Minier sera à l’ordre du jour. Les principes de la Charte de l’Environnement, élevée au rang de loi constitutionnelle en 2005, y seront donc intégrés.

- réguler les investissements et interventions des entreprises françaises d’extraction du gaz de schiste agissant à l’étranger ?

Toujours en vertu de l’article 10 de la Charte de l’Environnement, qui stipule que cette même Charte inspire l’action européenne et internationale de la France, nous nous engageons à décourager les entreprises françaises à prendre part à des activités d’extraction de gaz de schiste à l’étranger. Nous prévoirons des sanctions pour celles d’entre elles qui interviendraient et/ou investiraient dans ces activités, car il ne s’agit pas d’édicter des règles contraignantes sur le territoire national pour mieux les contourner chez les autres. Cette tâche sera facilitée par la création d’un pôle 100% public de l’énergie qui comprendra EDF, GDF-Suez, Areva et Total renationalisés.

- soumettre à un choix démocratique et citoyen un scénario de transition énergétique dés le début de votre mandat ; scénario mis en œuvre durant celui-ci et qui respectera les principes de sobriété, d’efficacité énergétique et de prévalence des énergies de flux (renouvelables) sur les énergies de stock (épuisables), déjà développés dans les différents scenarii élaborés en France et dans d’autres pays.

Comme précisé en réponse à la quatrième question de ce document, nous organiserons un débat public national immédiat sur la politique énergétique en France. Ce grand débat devra permettre la remise à plat des choix énergétiques et permettre de préparer la sortie progressive des énergies fossiles. Nous nous appuierons, pour mener le débat, sur les trois piliers que sont la sobriété, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, exposés dans les travaux de l’association négaWatt. Ce débat sera conclu par un référendum afin de donner enfin la parole au peuple sur ces grands choix de société.

- transférer les financements consacrés au développement des énergies fossiles au profit des énergies renouvelables.

Nous nous engageons à programmer les investissements publics, les emplois et les formations nécessaires non seulement au développement des énergies renouvelables, mais aussi et surtout à la sobriété et à l’efficacité énergétique. Il serait en effet illusoire de laisser croire à nos concitoyens que nous pourrions remplacer les énergies fossiles et fissiles par des renouvelables tout en consommant et gaspillant autant : il est indispensable de viser plus de sobriété dans nos comportements, individuels et collectifs, et plus d’efficacité nos usages de l’énergie. Entre autres mesures, nous mettrons en place un vaste plan national de rénovation thermique de l’ensemble des bâtiments publics et des logements, nous agirons pour la relocalisation de l’économie, nous développerons le transport ferroviaire et fluvial en favorisant le ferroutage et en inscrivant dans la loi le wagon isolé comme un service d’intérêt général…


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