Meeting de Jean-Luc Mélenchon en Seine Saint Denis le 9 février

lundi 20 février 2012.
 

1) Pour visionner l’intervention de Jean-Luc Mélenchon au Blanc-Mesnil, cliquer sur l’adresse URL portée en source de cet article (haut de page, couleur rouge).

2) Blanc-Mesnil : le peuple est la solution

Plus de 2 000 personnes réunies pour un meeting du Front de gauche. Plus de 20 000 en trois jours. Celui de la Seine-Saint-Denis, jeudi, a témoigné de l’exigence de dignité.

En moins d’une semaine, le Front de gauche aura créé l’événement. Plus de 20 000 citoyens auront participé à l’un de ces meetings en seulement trois jours. Mardi, 10 000 citoyens à Villeurbanne, dans la banlieue de Lyon. Mercredi, 9 000 à Montpellier. Et, une nouvelle fois, salle comble jeudi soir, avec plus de 2 000 personnes au Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis.

Un nouveau succès, « pas si courant », entendra-
t-on dans la salle. Un symbole de l’histoire du Front de gauche car c’était déjà ici, dans le gymnase Auguste-Delaune, qu’en 2009, à l’occasion des élections européennes, se réunissaient, par centaines, militants et citoyens. « Nous avons percé le mur du silence et du mépris qui nous entourait », apprécie Jean-Luc Mélenchon dans un département où nombreux sont ceux à qui le Front de gauche propose d’être le porte-voix. Car « 2 000, ce sont aussi les revenus moyens par ménage imposés à La Courneuve, 40% en dessous de la moyenne nationale. L’austérité, ici, on la vit depuis des années », estime Juliette Prados, responsable départementale du Parti de gauche (PG). De la précarité, le territoire en connaît plus qu’à son tour, mais il est aussi une terre où vivent « la couleur, la joie et la fraternité », rappellera le maire (PCF) du Blanc-Mesnil, Didier Mignot, en souhaitant la bienvenue à tous les citoyens qui ne supportent plus « les galères, la misère, les discriminations, voire les humiliations ».

Dans ce département, on est bien décidé à porter haut le combat sur « les questions qui font la vie quotidienne  : les transports, l’emploi, la santé, la formation, la jeunesse à qui l’on refuse un avenir », explique, quelques minutes avant le début du meeting, Hervé Bramy, le secrétaire départemental du PCF. Et c’est bien ce combat pour la dignité qui sera le cœur des interventions de 
Marie-George Buffet et Jean-Luc Mélenchon qui dénonceront les derniers coups portés par Nicolas Sarkozy  : le référendum sur l’immigration qui « n’est pas loin des propos de Guéant sur les civilisations », et celui sur l’indemnisation du chômage dont « l’idée est de faire ce qu’on a fait en Allemagne, le job à 1 euro ». Dignité pour les jeunes aussi. C’est Mylène Cala, responsable des jeunes communistes du département, qui, la première, portera le fer  : « 1 500 jeunes du 93 se retrouvent à chaque rentrée sans bahut. Dans certains quartiers, c’est près de 40% d’entre eux qui sont au chômage. » Et de dénoncer les solutions du gouvernement  : « Plutôt que de fabriquer une usine à précaires, si Sarkozy se soucie tant des apprentis, qu’il entende nos revendications. »

Les mesures d’urgence à imposer 

Le candidat y reviendra aussi au cours de sa prise de parole de près d’une heure trente, estimant déraisonnable de tout miser sur l’apprentissage. Car « quand on envoie un jeune en apprentissage, il sort sans qualification et 25% des jeunes rompent leur contrat au bout de trois mois ». C’est aussi cette précarité qu’il dénoncera après avoir vu, comme tous les citoyens présents, le clip réalisé avec l’association Femmes dans la cité, qui se bat pour l’égalité  : « 85% des travailleurs pauvres sont des femmes. 80% des temps partiels sont occupés par des femmes, les salaires les plus bas sont les femmes. » C’est à ce peuple, à cette « classe productive » que s’adresse le Front de gauche  : « Vous n’êtes pas un problème, comme semblent le penser les convives du Fouquet’s, vous êtes la solution », résume Marie-George Buffet avant d’égrainer, sous les applaudissements, les mesures d’urgence à imposer grâce à un bon score à la présidentielle comme aux législatives. « Dès le mois de juillet, on se met au travail avec l’augmentation du Smic. On lance la constituante, la nouvelle République. En octobre, on engage la grande réforme de la fiscalité. Et puis, au mois de novembre  : on vote la taxation des revenus financiers, la loi contre les licenciements boursiers. Deux lois, celle pour l’égalité homme-femme et celle que j’ai élaborée avec les jeunes pour leurs droits seront à l’ordre du jour en décembre. » Pour que cet espoir se réalise, tous en ont appelé à redoubler la mobilisation pour faire naître « de ce froid glacial de février, la promesse d’un printemps chaud ».

Julia Hamlaoui, L’Humanité

3) Echos de quelques participants

Nawel, assistante de direction à Stains

« C’est la première fois que je viens à un meeting. A la base, je ne m’intéresse pas à la politique même si, bien sûr, je me reconnais bien plus dans les valeurs que porte la gauche. J’ai écouté Jean-Luc Mélenchon sur France 2. Je ne pensais pas aller jusqu’au bout du débat et, en fait, il m’a convaincu avec son franc parlé et sa sincérité. Car les gens se sentent étranglés, même les classes moyennes sont en difficulté avec le coût de la vie qui augmente. Il y a quelques années, on arrivait à finir le mois, maintenant c’est tout juste. Forcément on pense à ceux qui ont moins et on se demande comment ils font. Pour le logement, c’est pareil : c’est de pire en pire. Les personnes sans logement, les mal-logés… Je les rencontre tous les jours dans mon travail. C’est dur de ne pas pouvoir les aider. Alors ce soir, je viens écouter ce que le candidat propose. Ce qui me plaît, c’est qu’il ne promet pas monts et merveilles. Tout ce qu’il prévoit de faire est possible. »

Thierry, syndicaliste CGT EDF-GDF Suez

« C’est important de s’engager dans la campagne. Dans mon entreprise, on a commencé le rassemblement pour le Front de Gauche. À ma grande surprise, ce soir, on sera plusieurs dizaines de salariés et de syndicalistes d’EDF et de GDF Suez du département. Dans mon secteur, le service public de l’énergie, c’est d’abord le positionnement clair du candidat du Front de Gauche sur les services publics et leur renationalisation qui crée l’enthousiasme. Dans des périodes de froid comme on en vit cette semaine, GDF, EDF, Poweo, Direct énergie continuent à couper l’accès à l’énergie. Comme ils ne peuvent pas le faire directement, ils résilient les contrats. Des milliers de gens se retrouvent sans énergie et avec de grande difficulté pour payer leur facteur. C’est pour cela, je pense, que beaucoup de « Robins des bois », ceux qui remettent l’électricité à ceux qui ont été coupés, sont proches du Front de Gauche et sont très attirés par le discours et le programme du candidat. D’autant qu’EDF comme Suez font, aujourd’hui, des profits énormes. On annonce près de 3 milliards pour EDF, plus de 5 milliards pour GDF et en même temps c’est 23% de facture de gaz supplémentaire pour les usagers. Les privatisations amènent les groupes privés à orienter leurs décisions de gestion selon les intérêts des actionnaires plutôt que selon les besoins des usagers. La réappropriation des entreprises de ce secteur par la nation avec un contrôle des salariés et des usagers est nécessaire. »

Marcel, étudiant en L3 d’économie à la Sorbonne

« J’ai vu deux ou trois des interventions de Jean-Luc Mélenchon à la télévision et il m’a fait impression.J’ai eu envie de venir voir. Je me posais des questions par rapport à son programme et je me suis dit qu’en venant j’en saurais un peu plus. Je suis assez sensible au principe de luttes des classes parce que je suis étudiant à la Sorbonne et cette lutte je la vois au jour le jour. Concrètement, moi j’ai une sacoche qui ne ferme pas, j’ai un ordinateur qui est abîmé et je mange au Grec à midi. Mon quotidien est un peu moins joyeux et ensoleillé que pour d’autres. En plus de mes études, je suis intérimaire. Quand j’ai un contrat d’une heure, je touche 8,63 euros net et il me faut une heure pour y aller : ce n’est pas possible de vivre comme ça. Je n’ai pas de bourse ; sans mes parents, j’aurais arrêté mes études depuis un moment. Et pourtant je suis assez bon. C’est une tendance générale qu’il faut inverser : je vis déjà moins bien que mes parents et j’ai peur que mes enfants vivent moins bien que moi, tout simplement. »

Monica, éducatrice spécialisée à l’aide sociale à l’enfance

« Ce qui me perturbe beaucoup c’est de savoir qu’on est la cinquième puissance mondiale, un pays extrêmement riche, et que les personnes âgées dépendantes, les personnes handicapées ne sont pas prises en charge. Par le biais de mon travail, je sais qu’on envoie beaucoup d’enfants handicapés en Belgique alors qu’on a la possibilité ici en France d’avoir des institutions qui les accompagnent. Je suis touchée par ces choses qui sont de l’ordre de l’incompréhensible. On n’évolue pas ; pourtant il y a beaucoup de richesses dans notre pays, de l’argent mais aussi des richesses intellectuelles, de la solidarité. J’ai l’espoir à travers le front de gauche qu’on arrive à recréer cette solidarité, que tous ces gens qui ne comptent pas se fassent entendre. »

Les témoignages ci-dessus ont été rassemblés par le correspondant du quotidien L’Humanité


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