Que dit la loi de 1905 sur la laïcité ? Que « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte », un point c’est tout

lundi 6 février 2012.
 

La laïcité va mal. La droite la piétine sans cesse, et ils sont trop nombreux au Parti socialiste à la trahir quotidiennement tout en lui rendant des hommages verbaux. Exemples : Nicolas Sarkozy entend s’appuyer sur le rapport Machelon pour brouiller la distinction du culturel et du cultuel afin de rétablir le financement indirect du culte par le biais du financement direct de la culture. Il a fait voter la loi Carle qui aggrave la loi Debré en alourdissant les charges des communes au profit des écoles privées.

Mais que font les élus socialistes du Limousin quand ils ont voulu financer des ostensions religieuses ou les élus socialistes de Lyon quand ils ont financé des manifestations de la communauté San- Elgidio avec l’argent de contribuables qui sont athées ou agnostiques autant que croyants ? Et que fait la mairie de Paris quand elle s’appuie sur un amendement de 1942 (!) pour financer des travaux dans un temple protestant du VIe arrondissement alors qu’il n’est ni propriété publique ni monument historique ?

Et quand elle finance un « institut des cultures de l’islam » (mêlant donc religion et culture) pour préparer l’engagement de fonds publics dans un dispositif alambiqué de financement d’un lieu de culte ?

Nicolas Sarkozy profite de tous ces contournements de la loi de 1905. Et que dire de l’utilisation de l’argent des contribuables parisiens pour financer des crèches Loubavitch alors que les crèches publiques parisiennes peinent à accueillir tous les enfants ? Depuis quatre ans la droite sabre les crédits et les postes pour l’Ecole publique (des dizaines de milliers) tout en élargissant les avantages fiscaux pour les investissements dans les écoles privées.

Mais que fait le président socialiste du conseil régional d’Ile-de-France quand il fait voter pour les établissements scolaires privés des financements plus importants que ceux que prévoit la loi Debré ? Ainsi, dans la région parisienne, alors que les crédits pour les écoles et lycées publics stagnent ou régressent, ceux qui sont versés à l’école privée progressent ! On croit rêver, mais c’est un cauchemar.

Il faut en finir avec cette duplicité qui consiste à conjuguer des hommages de pure forme à la laïcité (inauguration de places de la laïcité, voire création de fêtes du même nom) alors qu’on bafoue en pratique la laïcité ! Clientélisme électoral ? Ignorance de la loi ? Conjugaison intéressée des deux ? Il est temps, grand temps, de promouvoir une défense concrète de la laïcité, dans les actes, comme s’y engage le Parti de gauche.

Est-il si difficile d’expliquer une chose simple comme celle que contient l’article 2 de la loi de 1905 : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte » ? Cette phrase signifie deux choses très claires. La religion n’engage que le croyant, et l’argent public, provenant des athées comme des croyants, ne doit être consacré qu’aux services publics communs à tous : hôpitaux publics, écoles publiques, maisons publiques de la culture, crèches publiques, etc.

Un catholique ou un musulman soigné gratuitement grâce au service public saisit très bien l’enjeu du non-financement des religions, puisqu’il permet de mieux financer les services publics d’intérêt général. Vases communicants. Les croyants seraient-ils incapables de comprendre cette nécessaire priorité de l’universel sur le particulier ? C’est du mépris que de vouloir les acheter au lieu d’expliquer ce que tous peuvent comprendre et admettre. Car enfin eux aussi sont gagnants si la République veille au bien commun à tous, au lieu de financer les besoins spirituels de certains.

Les libres penseurs athées ou les francs-maçons ne demandent pas, quant à eux, que des fonds publics servent à financer des maisons de l’humanisme athée ou des temples maçonniques. L’égalité républicaine, ce n’est pas la seule égalité des religions entre elles, mais l’égalité de droit et de traitement de toutes les convictions spirituelles, incluant l’humanisme athée ou agnostique et l’humanisme maçonnique. Il est clair qu’il fait refuser une logique de communautarisation de l’argent public, surtout aujourd’hui, où un ultralibéralisme décomplexé entreprend de privatiser tous les services publics ou de les asphyxier en leur refusant l’argent public.

La laïcité est à l’évidence solidaire de la justice sociale et de cette forme de redistribution que rendent possible les services publics. Son enjeu est donc essentiel. Comme Jean Jaurès préparant la suppression du budget des cultes pour mieux déployer l’action sociale de la République, il faut aujourd’hui souligner l’enjeu social autant que politique de l’intégration laïque.

La loi de 1905 doit donc être appliquée. Elle n’a besoin ni d’être durcie, ni d’être ramollie, ni encore d’être insidieusement contournée par des dispositifs réglementaires. Le Front de gauche dans son programme « l’Humain d’abord » propose d’abroger « toutes les modifications ultérieures de la loi de 1905 affectant ses principes ». Par exemple, l’amendement pétainiste de 1942 qui permet d’enfreindre son article 2 en autorisant un financement sans condition des lieux de culte doit disparaître. La gauche devra l’abroger en cas de victoire aux législatives. C’est une des propositions du projet de loi « Pour défendre la laïcité » qu’a rédigé le Parti de gauche. Et en attendant de remettre en question la loi Debré, qui organise le détournement des fonds publics vers les écoles privées, sont-ils prêts à limiter ces financements à ce que la loi requiert ? Le courage politique, et la bonne gestion des fonds publics, qui semble d’actualité, le nécessitent. Chiche ! On réaffirmera ainsi la laïcité pour le bien de tous.


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